Idées

Lettre d’un émigré. Sujets du Roi ou objets de la République ?

Vous êtes un sujet du Royaume de France. Vous protestez ? C’est que vous devez être un étranger. Vous récriminez encore ? Étrange réaction certainement, mais si vous n’êtes ni sujet de notre bon Roi, ni étranger, alors vous êtes un objet de la Gueuse – vous vous nommerez peut-être républicain, mais cela est une erreur, puisque un républicain, un vrai, cherche et sert la république, la vraie, c’est-à-dire sert et chérit la res publica, la chose publique et donc, en France, défend forcément la Maison de France, notre Roi, puisque cette seule famille peut se dédier véritablement et entièrement au bien public, puisque le Roi l’incarne autant qu’il le sert ; l’autre républicain, le faux et le révolutionnaire, détourne le mot pour faire bon genre, mais il ne veut plus rien dire et constitue une coquille vide au pouvoir diabolique de destruction massive des intelligences et des liens traditionnels.

Quelle bizarrerie, l’expression « sujet du Roi », pourtant si belle, fait fuir la masse contemporaine, bien disciplinée au diktat des démons affamés de destruction ; cela fait vieillot, paraît-il, obscurantiste même. Cela est un signe fort que l’expression doit receler de bonnes choses pour se trouver dans une situation de si total oubli et effacement des consciences.

Il suffit pourtant de se pencher quelque peu sur cette expression pour comprendre. On dit que la Révulsion « libéra les sujets du joug obscurantiste de l’Ancien Régime ». On ne dit en revanche ni ce qui constitue la qualité de sujet, ni ce par quoi on le remplace.

Être sujet, en général, correspond pourtant à une charge positive, foncièrement humaine, de celui qui peut être acteur de sa vie, de celui qui possède une volonté, de celui, enfin, s’il n’est pas autonome – personne ne l’est, c’est une illusion, puisque nous dépendons tous de la nourriture que nous mangeons pour simplement survivre, ce qui signifie en clair que nous recevons notre vie en permanence, et pas seulement à la conception, du divin, tout en illustrant que des lois nous sont imposées, dont la première est notre mortalité, et que donc nous sommes nécessairement hétéronomes – enfin, disais-je, de celui qui est souverain, c’est-à-dire qui peut accomplir et réaliser sa volonté. Pourquoi donc voudrait-on se libérer de sa qualité de sujet ? L’arnaque empeste à plein nez, et prions pour que plus personne ne se fasse berner, même s’il faut beaucoup de courage pour affronter toute cette engeance par laquelle nous sommes cernés.

Ensuite, l’idée même de vouloir « libérer » autrui est suspecte.  Par nature, nous sommes libres, en ce sens que nous sommes sertis du « libre-arbitre », c’est notre particularité humaine, autrement dit, nous avons la possibilité de vouloir le mal. Cela signifie aussi que nous avons le pouvoir de vouloir et d’accomplir le bien. Si « libérer » veut dire « rendre libre », alors nous avons vraiment une contradiction dans le mot même, puisque, de par la nature humaine, nous sommes libres, toujours, et peu importe les entraves et autres jougs matériels qui peuvent exister : nous pouvons toujours vouloir le mal ou le bien. La seule chose que l’on peut souhaiter est que les conditions concrètes permettent d’œuvrer au bien, et entravent la réalisation du mal, sachant que de toute façon l’élan vers le bien ou le mal ne peut être réglé ni régulé depuis l’extérieur, seule la conversion intérieure fait que l’on décide de se porter vers le bien. La liberté est donc une capacité intrinsèque à l’homme, qu’il faut distinguer des conditions et des inégalités du monde réel, certaines incommensurables et d’autres fondées par la société.

Quelqu’un qui veut « libérer » l’autre devrait susciter deux réactions suspicieuses. Soit il parle en réalité de joug, ou plutôt d’entraves, fondées par les hommes, et à ce moment-là il faut se demander quels sont les fondements de ces entraves : si elles sont là pour favoriser le bien, soit de la conversion intérieure, et donc ne pouvant pas se fonder sur la violence, alors il n’est en rien besoin de « se libérer ». Être sujet dans un environnement qui nous tire vers le bien, dans une société en conformité avec le dessein divin et la nature humaine devrait être la situation la plus appréciée et la plus appréciable, puisqu’enfin alors toutes les chances, comme de trop disent ces jours-ci, seraient de notre côté. Le Roi et le Royaume en particulier ont toujours été les meilleurs défenseurs du bien de Dieu, du peuple, des libertés et de la chose publique. Qui voudrait « se libérer » de notre plus grand protecteur, notre plus grand soutien et notre plus grand lien avec les autres et le divin ? Qui voudrait se libérer de l’état de sujet, le plus parfait pour cheminer sur le chemin divin dans sa particularité propre par l’exercice souverain de sa volonté en accord avec les lois divines ? Personne assurément, sauf les fous, sauf les démons…

Celui qui veut « libérer », s’il ne parle pas d’entraves, et revendique d’apporter la « liberté » ceux qu’il libère devient carrément effrayant. Il témoigne d’une bêtise machiavélique, ou d’une volonté diabolique,  qui devrait révulser toute personne normalement constituée : quelle est cette bizarrerie de s’auto-attribuer le pouvoir d’attribuer ce que tout le monde possède déjà comme capacité par nature ? Nous sommes libres, par naissance car nous sommes des hommes. Qui sont donc ces énergumènes qui veulent nous apporter ce que nous avons déjà par nature ? C’est louche, très louche… Imaginez un type qui viendrait vous « concevoir » pour vous donner votre existence : non merci, Monsieur, j’existe déjà, et par la volonté de Dieu. Oui, vraiment, ces énergumènes commettent le pêché démesure, tout simplement, en se prenant pour Dieu.

Les énergumènes ont pourtant réussi leur folie contre tout bon sens dans la Révulsion. Qu’en résulte-t-il ? Eh bien, ils ont réussi, il n’y a plus de sujets, nous sommes réduits à des objets. Depuis les bébés dans le ventre de leur mère, jusqu’à nos anciens, nous sommes tous objets des uns et des autres, dont nous pouvons disposer comme bon nous semble. Et la Gueuse veut nous manipuler comme des objets, désire en vain réguler toute notre existence dans tous ses détails, caresse le diabolique dessein de nous faire entrer dans des schémas et des cases comme si nous étions des sortes d’algorithmes logiques, des machines en somme, autant d’outils dans sa main, réagissant au carré. La situation aurait pu être meilleure ; heureusement que nous restons des hommes, et que donc nous sommes instinctivement révulsés à l’idée d’être réduits à de simples objets.

Travaillons à redevenir sujets ! Sujets de notre vie, sujets de nos familles, sujets de notre bon Roi et sujets de notre Seigneur !

Paul de Beaulias

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

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