Tribunes

Mise au point sur le droit royal (une fois encore)

«  Ils ne sont pas tous fous mais tous les fous en sont » aimait à répéter le prince Alphonse à propos des royalistes français. J’oserai ajouter, après les avoir observés au cours des dernières années, «  non seulement ils se réunissent dans des cabines téléphoniques, mais c’est pour s’y disputer. » Un peu comme des bambins dans une cour de récréation : «  c’est moi qui ai le vrai roi – non, c’est moi, nananère ! »

    Pathétique !

    Nous voilà donc, une fois de plus, contraints de rappeler les principes incontestables, mais hélas contestés, sans le respect desquels la Légitimité n’a pas plus de sens que le dernier avatar dans la vie de nos partis républicains.

   Oui, il existe un droit royal, colonne vertébrale de la monarchie française, auquel le monarque lui-même ne peut déroger et sans lequel le royalisme ne serait rien d’autre qu’une secte politique de plus. Qu’on l’appelle « lois fondamentales » ou « Constitution du Royaume » ou encore « loi salique », ce droit issu de notre Histoire désigne, en permanence, et sans aucune ambigüité, le chef de la Maison de France, seul héritier légitime de la couronne.

   De ce principe de base, il découle notamment qu’on ne peut opposer au prince aucun argument tiré de sa nationalité – concept inconnu en droit royal – non plus que d’une bâtardise non établie, en vertu de la règle millénaire hic est pater quae nuptiae denuntiant.

   Non plus qu’on ne peut «  prétendre »  à un trône : on en est l’héritier ou on n’est rien. Ce qui, bien sûr, n’enlève aucune de leurs qualités aux autres princes de la Maison de Bourbon, ne minimise la considération qui leur est due ni ne sous-estime le rôle qu’il pourrait utilement jouer et la place éminente qui leur revient … de droit.

   Il en résulte aussi que les renonciations antérieures à la couronne, prononcées dans le cadre de conventions internationales qui les rendent parfaitement valables – réalité juridique que de nombreux légitimistes ont longtemps eut du mal à admettre – n’ont pas pour effet de modifier la loi de succession au trône.

    L’ensemble de ces règles – car, oui, la monarchie repose sur un état de droit sans lequel elle ne serait qu’une anarchie couronnée – désigne le prince Louis, duc d’Anjou, comme premier héritier du trône de France et, après lui, ses fils, les ducs de Bourgogne et de Berry.

    J’ai, en 2011, exposé tout cela dans Louis XX, petit-fils du roi soleil, au terme d’une enquête minutieuse, avec l’aide des plus grands juristes internationaux, sans a priori amical, politique ou dynastique, et qui m’aurait fait conclure différemment si l’analyse du droit royal m’avait entraîné vers d’autres chemins ou ne m’avait permis d’éclairer complètement les choses.

   Il est donc un peu pénible, et lassant, de constater que, la lumière faite,  les approximations continuent de sévir et qu’au lieu de se solidariser autour du principe, d’aucuns, même armés des meilleures intentions, nuisent à la cause monarchique, plus nécessaire que jamais dans notre France aux abois.

Daniel de Montplaisir

Ndlr : l’ouvrage de Daniel de Montplaisir Louis XX, petit-fils du roi soleil est disponible aux éditions Jacob-Duvernet

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