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Trahisons

«Nous périssons peut-être plus de vérités que les bons n’ont pas le courage de dire, que des erreurs que les méchants ont su sans mesure multiplier… Ce n’est pas la religion que vous leur rendez aimable ce sont vos personnes et la peur de cesser d’être aimables finit par vous ôter tout courage d’être vrais. Ils vous louent, mais de quoi ? De vos silences et de vos reniements» (L. Veuillot).

On sait bien que l’homme blessé par le péché originel est faible, misérable et prompt aux petitesses. On sait que l’amour du prochain ne signifie pas attachement passionnel, ni amour humain, et qu’il doit se faire dans le Christ et sa Croix.

Pourtant, la première fois que l’on se fait vraiment trahir, cela peut ébranler. Nous parlons ici de la trahison venant de l’endroit que vous n’attendiez pas, de ceux-là, amis, que vous traitiez comme de la famille, à qui vous avez donné et donné sans compter…

Oui, cela arrive. Pour des bagatelles qui plus est, qui ne cachent que mal la haine de la foi : vous aviez eu le tort de désirer profondément leur conversion, car vous les affectionnez particulièrement, et vous ne vouliez que faire ce qui était possible de faire afin de semer des graines, dans l’espérance de leur conversion – et donc de se retrouver tous ensemble, si vous le méritiez évidemment, dans la vie éternelle. Ils étaient si proches… Vous avez donné votre pardon, ils ne l’ont pas pris. Pierre ou Judas. Ce fut Judas.

L’épreuve vient de Dieu et il faut lui rendre grâce ! Car oui, c’est une grâce que ce genre de croix : vous réalisez quelle devait être la souffrance atroce de Notre Seigneur de voir ses plus proches disciples, ceux avec qui il a partagé sa vie de tous les jours pendant trois ans, ceux qui ont profité de tant de grâces et de vérités, le trahir si vilement, si vilainement, par haine pour Judas, par lâcheté pour Pierre. L’opprobre des pharisiens devait certes être terrible, mais elle était prévisible ; mais là, ceux-là même qui connaissaient Jésus dans son intimité, ceux qui avaient été choisis par Dieu pour être ses assesseurs au jugement dernier, ceux-là mêmes l’ont trahi. Quelle douleur que ces reniements et cette livraison, cette tristesse face l’ingratitude, cette douleur face au refus de la main que l’on tend charitablement – on ne peut jamais sauver quelqu’un de force, il faut collaborer ; ah vérité si grande et si terrible ! Même Jésus-Christ ne l’a pas pu, car pour aimer, il faut une action libre et volontaire…

Oui, don donné par Dieu que la trahison : elle vous permet de mieux partager, si infime que cela puisse être, une minuscule part la Passion de Notre Seigneur, et d’imiter, si médiocrement certes dans notre situation de pauvre pécheur, mais avec toute votre volonté néanmoins, Notre Seigneur portant sa Croix, qui l’aime cette Croix, pour vous apprendre aussi à l’aimer.

Grâce aussi car elle vous apprend l’humilité et la faiblesse de vos forces et de vos dons, grâce que de vous apprendre à vivre de la vraie joie qui se trouve dans le vrai amour de Dieu, et jamais dans le respect humain, ni dans la gratitude humaine, ni dans la reconnaissance humaine. Grâce de se rendre compte à nouveau de la valeur inestimable des sacrements, dont l’ultime, celui de la sainte messe, sans lesquels nous ne sommes littéralement rien ; grâce d’avoir des compagnons qui ont la même foi, pécheur comme vous certes, mais qui pardonnent les offenses et tentent de toute leur force d’imiter le Seigneur, comme vous vous y efforcez vous-mêmes.

Grâce encore d’apprendre à adopter la vision surnaturelle nécessaire pour s’extraire des tentations du démon qui vous attire à l’affliction, la tristesse et le dépit. Grâce encore de savoir perdre la bataille pour mieux s’adonner à la guerre pour la Gloire de Dieu et la victoire de la Croix. Grâce encore par cette invitation renouvelée à vous confier entier au Seigneur, à ne pas compter sur vos pauvres forces humaines, à se rappeler la toute-puissance de la Providence et l’impuissance du démon, qui ne vient nuire qu’avec l’autorisation divine, pour un plus grand bien.

Donc restons dans la charité, prions pour ceux qui nous ont offensé, pour leur conversion, prions pour la nôtre, repentons-nous de nos fautes et ne trahissons pas nos fidélités ni nos serments.

Nous avons la grande grâce de servir le Roi Très Chrétien, dont le cœur catholique n’aspire qu’à la même chose que tous les membres du corps mystique du Christ : appartenir pour toujours et définitivement à ce corps, dans la vision béatifique au ciel.

Vive le Christ Roi des Francs ! Vive le Roi Très Chrétien, son Lieu Tenant sur Terre ! Vive sa Croix !

Paul-Raymond du Lac

 

Une réflexion sur “Trahisons

  • PELLIER Dominique

    Nous sommes tous comme les disciples qui se sont enfuis lors de l’arrestation de Jésus. Ce qui est encore plus troublant, c’est que nous sommes pardonnés par Dieu, grâce à la Croix, mais que Chrétiens, tels que nous nous disons, nous continuons à pécher. Quelle trahison ! Mais nous nous savons pardonnés, inlassablement par Dieu, à “condition” que nous nous confessions et nous repentions, avec Son aide.
    Oui, béni est notre Roi, puisse-t-Il régner sur nous, sur notre FRANCE !

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