Editoriaux

Sous la plage… un bon pavé !

Chers amis,

Le Lutèce d’Uderzo et Gosciny, embouteillé jusqu’à l’asphyxie avec ses conducteurs de chars s’insultant de rage et d’impatience, n’a jamais été aussi proche de notre Paris en cette rentrée 2016.

Les auteurs d’Astérix l’ont caricaturé et Madame le maire l’a accompli. Ah ! Madame Hidalgo ! Chère Anne ! Vous permettez que je vous appelle Anne ? Grâce à vous, tandis que les Parisiens déambulent dans un tunnel d’un kilomètre de long, éclairé aux néons orangés, orné de désormais inutiles panneaux d’interdiction de dépasser la vitesse de cinquante kilomètres à l’heure, en surface, les voitures bouchent toutes les artères du vieux Paris. Les voies sur berges sont piétonnes, mais les livreurs des magasins, les professionnels de passage sur la capitale, les familles parties faire leurs courses, eux ont toujours besoin de leur voiture. « Business is business », ma chère Anne, nous n’y pouvons rien. Alors, tout l’espace que vous avez retiré aux voitures n’ayant pas diminué le nombre de voitures, vous avez, par contre-coup, augmenté les embouteillages et les ralentissements dans les artères encore ouvertes aux véhicules motorisés, augmentant la condensation de pollution dans Paris et rendant la capitale un peu plus invivable.

Pendant ce temps la chaussée se dégrade faute d’y consacrer les moyens suffisants, et l’on ne compte plus les plaques de bitumes disjointes, les pavés descellés, les trous constituant autant de dangers pour les automobilistes et plus encore pour les motocyclistes. Mais sans doute la qualité de la voirie n’est-elle pas un enjeu important pour la Mairie de Paris.

A peine rentré, je me plais à chanter : « J’irai revoir ma Normandie » ! Et cette fois ce n’est pas en pensant à Rabbi Jacob débarquant à Orly. C’est véritablement pour fuir l’enfer que vous êtes en train de nous créer.

Pourtant, Parisien de naissance et de cœur, je souffre en voyant le lamentable gâchis que vous engendrez.

Ce qui me surprend le plus, cependant, c’est que la préfecture vous laisse faire. En ces temps de menace terroriste, en notre état d’urgence, un des atouts des secours pour sauver des vies ou neutraliser l’adversaire réside dans la fluidité des moyens de communication, afin d’évacuer les blessés au plus vite et de se déplacer sur les lieux des sinistres sans encombre. Bloquant les grandes avenues de Paris par votre incurie, vous rendez possible un attentat de grande ampleur dont les conséquences humaines seront d’autant plus importantes que les secours auront été ralentis et les rues encombrées à cause de vous.

Mais je vous parle un langage bien étrange, chère Anne. L’attentat ne vous guette pas. Ce n’est pas votre bureau de l’Hôtel de Ville qui risque de sauter. Depuis la Commune de 1871, il ne s’est plus trop vu de maire de Paris menacé jusque sur le siège…

Enfin, tout occupée de votre projet mégalomane, rêvant d’égaler Londres et New-York, les réalités humaines vous échappent, et vous bradez notre douceur de vivre sans nous donner à vrai dire plus de prospérité. En cela vous êtes à l’image de nos gouvernants qui, depuis des décennies, ont misé l’aménagement du territoire sur des métropoles toujours plus flambantes, plongeant les villes moyennes et les campagnes dans l’endormissement, au grand dam de la majorité des Français.

Notre élite est obnubilée par la compétition mondiale, elle en oublie le peuple. Ainsi perdra-t-elle et la compétition avec les autres États, et le bonheur des Français.

Mais chère Anne, je serai bon prince. Je vous promets d’emmener promener mon chien sur les voies sur berges. Après tout, un kilomètre de tunnel aux néons orangés, cela l’inspirera sans doute pour…

Sur ce je vous adresse mes vœux de bonheur pour cette année scolaire et retourne à ma voiture avant que la fourrière ne l’embarque. Ce matin j’ai sorti une automobile d’avant 1998, une petite cylindrée italienne tonitruante !

Charles

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