Editoriaux

La bonne nouvelle de novembre

Chers amis,

Une nouvelle, dans la grisaille, doit être retenue. Elle dissipe bien des nuages. Les journalistes, toujours prompts à ne voir que l’arbre qui tombe, sans nous informer de la forêt qui pousse, ont écrit et dit partout que la sonde Philae était tombée en panne après avoir atteint son objectif. Ainsi, ils ont fait passer pour une farce à un milliard d’euros ce qui est en fait un formidable succès pour la France et les grandes puissances européennes.

En effet, Philae n’est que l’atterrisseur de la sonde spatiale Rossetta, lancée en 2004, pour observer la comète Tchourioumov-Guérassimenko, à des centaines de millions de kilomètres de notre terre.

Ainsi, les événements que nous avons pu observer ces derniers jours ne sont que l’aboutissement d’un périple de dix ans, le point final d’un projet initié en 1993 en partenariat entre l’agence spatiale européenne et la NASA, puis finalement mené par les seuls Européens, avec succès. Une telle longueur de vue me fait penser à Colbert, ministre de Louis XIV, qui fit planter les arbres que l’on utilisa pour la construction des navires qui donnèrent la victoire à la Royale durant la guerre d’indépendance américaine. Gouverner c’est prévoir ! Elle me fait penser à Louis XVI envoyant M. de La Pérouse au bout du monde, découvrir des îles et des peuples qui ne furent colonisés que des décennies plus tard. Cette expédition spatiale est à placer dans la lignée des projets fabuleux dont furent capables nos dirigeants les plus clairvoyants.

Il s’agissait d’observer de près une comète, sa composition, sa trajectoire, son environnement, et ainsi d’améliorer notre connaissance des corps célestes, de l’espace qui nous entoure. Pour la quête des ressources, pour la maîtrise de l’espace dans l’avenir, cette expédition était essentielle, elle fut une prouesse.

La mission Rossetta fut la sixième sonde spatiale à pouvoir observer de près une comète, et la première à pouvoir se placer en orbite autour d’elle. Elle fut également la première à pouvoir poser une sonde plus petite sur le sol de ce corps céleste.

Techniquement, tout le pilotage fut réalisé à distance, depuis le centre de guidage de Dortmund, à une distance infinie, donc. Les données enregistrées durant ces dix ans de périple furent traitées, jusqu’à ces dernières heures par le Centre national d’études spatiales de Toulouse. Le lancement initial fut opéré par une fusée Ariane, depuis la Guyane française. N’est-ce pas un objet de satisfaction pour nous, Français, pour nous Européens, d’avoir mené à bien, malgré la défection américaine, ce petit pas de la conquête de l’espace ? Nous le savons, un jour, des hommes habiteront sur la Lune, ou sur Mars. C’est une question de décennies, peut-être de siècles. Ces progrès correspondent à une échelle de temps qui n’est pas celle de nos dirigeants élus. Elle est imperceptible pour ceux qui conservent le nez planté devant des courbes trimestrielles de croissance. Mais c’est une partie essentielle de notre avenir et de celui de nos enfants.

Alors oui, chers amis, je suis heureux de savoir que cette mission a été un succès, et que ce succès est dû à des Français, des Allemands, des Britanniques et des Néerlandais pour ne citer que les principaux acteurs. Je suis heureux de savoir qu’il se trouve encore des décideurs capables de regarder vers le Ciel. Tant que nous lèverons la tête vers les étoiles, nous aurons un avenir.  

Charles

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