Editoriaux

Ils ne contrôlent plus rien

Chers amis,

Les crises politiques sont un mal fréquent dans notre pays. Mais nous avons, depuis le début de ce quinquennat, et spécialement depuis quelques semaines, le sentiment que nos politiques ne contrôlent plus rien. Les scandales pleuvent, les dossiers confidentiels, les patrimoines, tout tombe sur la voie publique, et l’on découvre ainsi que le député en charge de la commission d’enquête sur Jérôme Cahuzac était lui-même corrompu, que soixante députés parmi lesquels plusieurs ont hurlé au scandale contre M. Thévenoud, sont en délicatesse avec les impôts, que plusieurs fils de ministres ont déjà passé des nuits en garde à vue pour des affaires crapuleuses, que des ministres eux-mêmes se sont attribué des diplômes qu’ils n’avaient pas. Et comme si cela ne suffisait pas, l’impression de scandale est encore augmentée par le silence courtois, pour ne pas dire de connivence, que la presse a conservé pendant des années sur ces agissements connus d’elle.

Mais visiblement, il y a désormais suffisamment de personnalités politiques et d’hommes de presse soucieux de vérité pour que ces dossiers secrets sortent sur la place publique. Nos politiques ne contrôlent plus leur image. Tant mieux si elle cachait des méfaits. A moins que la divulgation de ces scandales ne serve à abattre des adversaires, dans ce cas c’est un peu affreux contre affreux.

Si la débandade se limitait aux scandales politiques, tout irait pour le mieux. Mais elle est également  gouvernementale. C’est l’action politique dans notre pays, également, qui semble ne plus fonctionner. Ainsi, notre Président de la République et notre Premier ministre tirent à hue et à dia chacun dans un sens contraire. Le premier joue l’apaisement mou ponctué de postures bravaches d’autant plus risibles qu’elles sont immédiatement suivies de reculades, comme par exemple sur les professions réglementées, où il a soutenu d’abord becs et ongles son ministre de l’économie, Emmanuel Macron, au nom de la simplification de la vie professionnelle et de la levée des blocages de notre économie, mais pour mieux ensuite donner gain de cause aux huissiers et annoncer que tout serait rediscuté pour les autres professions. Le second se veut va-t-en guerre, contre l’assurance chômage, contre le parti socialiste, contre la fonction publique, mais c’est pour mieux se faire désavouer par son Président, comme si celui-ci n’était pas au courant des agissements de celui-là. Oui, véritablement, il semble qu’ils ne contrôlent plus rien, et ils nous offrent ce spectacle navrant d’un Etat qui se délite et, nous ayant gobés tout crus dans les décennies précédentes, nous entraîne dans sa chute.

Le temps est sans doute venu de promouvoir une nouvelle société politique. Il ne s’agit pas d’une société de la transparence, dont nous rabâchent les oreilles quelques bonnes consciences naïves, c’est impossible, le secret de l’Etat est souvent nécessaire pour mener à bien des opérations stratégiques, comme l’emploi de commandos pour libérer des otages, ou pour gérer des industries sensibles comme le nucléaire. Enfin, les personnalités publiques ont également besoin de leur espace privé, et je ne vois pas en quoi le patrimoine de nos députés regarde les Français. Quelle est cette suspicion ? Demande-t-on à son médecin de famille la liste de ses biens afin de savoir s’il aura ou non notre confiance dans l’avenir ? Non ! La société politique nouvelle que ces scandales rendent nécessaire, est une société de la confiance. C’est-à-dire ? Les citoyens ont porté au pouvoir des hommes, par l’élection. Lorsqu’il s’avère que ceux-ci ont trahi la confiance qui avait été placée en eux, par de graves manquements au gouvernement de la France, un mensonge évident sur la faisabilité ou la réalisation de leur programme, des négligences coupables dans leur gestion comme on le voit dans trop de ministères, ils doivent pouvoir être destitués par leurs pairs ou par une initiative populaire, sous forme de procédure judiciaire, de référendum ou de pétition. Ainsi, il ne s’agit pas d’exiger de nos politiques une impossible transparence, mais de pénaliser le mensonge et l’impéritie, de telle sorte qu’ils soient contraints par cette épée au-dessus de leurs crânes à gouverner avec droiture et pour le bien-commun, et non pas en vue de la seule réélection. François Hollande ne disait-il pas que le mensonge est le déshonneur de la politique ? Dans sa bouche, voilà un propos qui ne manque pas de piquant. Prenons-le au mot !

Charles 

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