Societé

Christiane Taubira vole au secours des prisons…

Christiane Taubira sur une chaine de télévision ce dimanche 30 juin : voilà qui promettait un bel affrontement d’idées entre cette Ministre de la justice, garde des sceaux, issue du Parti radical de gauche (PRG), considérée comme un électron libre, et plusieurs journalistes supposées pouvoir tenir la distance.

Ce ne fut pas le cas du tout. Même si ces quatre jeunes journalistes semblaient connaitre leur sujet, elles se sont vite laissé écraser par Christiane Taubira, dont on avait pu apprécier tous les talents de conviction lors de ses prestations virulentes à l’Assemblée nationale pour faire voter l’infâme loi à propos du mariage pour tous. Si François Hollande l’a choisie pour défendre cette cause, il savait qu’elle saurait convaincre la majorité et plus, avec ses discours, ses tenues très couture aux couleurs feu (qu’on ne me dise pas que la tenue vestimentaire n’influence pas !) et cette arrogance exaspérante, doublée de cette voix qui n’admet aucune contradiction. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle donne toujours l’impression d’en savoir plus que les autres et sait parfaitement rouler ses adversaires dans la farine. C’est un diable rouge de 61 ans au service du mal et qui quelque part se venge des blancs, une professionnelle de la politique, ayant commencé dans les années 80 comme militante guyanaise indépendantiste. A suivre, si d’autres réformes lui étaient confiées…

Cette soirée, une grande déception ! Les journalistes semblaient tétanisées par la personnalité de Taubira et rien de ce qui aurait dû faire un grand débat n’est ressorti de cette soirée. Heureusement, le dernier invité possédait – lui – suffisamment de coffre et d’expérience pour renvoyer la Ministre dans ses filets. Gérard Larcher, ancien Président du Sénat, ne s’est pas laissé conter fleurette par les affirmations de la Ministre et il a réussi à lui clouer le bec, parfois difficilement, mais son éducation ne semblait pas lui permettre d’en faire plus. Regrettons-le !

Un sujet méritait plus que tout autre d’être développé : la France condamnée pour la cinquième fois par la Cour européenne des droits de l’homme, ce qui veut bien dire que les bilans, les avertissements donnés les années passées n’ont servi à rien. Il est toujours question des mêmes critères d’insalubrité dans certaines prisons et maintenant de surpopulation et“Même si la surpopulation carcérale n’est pas constitutive à elle seule d’un traitement dégradant, c’est un critère à prendre en considération. C’est une avancée remarquable ». Le gouvernement a donc été invité une nouvelle fois à engager une politique pénale « faisant véritablement de l’emprisonnement un ultime recours, au bénéfice d’une probation renforcée et d’une réduction du champ d’intervention de la justice pénale.” 

Plusieurs prisons sont la honte de notre pays, toujours le pays des libertés, des droits de l’homme et du citoyen ? Certainement pas, si l’on pense à notre Nicolas. La mise sous écrou – pour deux mois fermes – à Fleury-Mérogis de Nicolas (qui fut parmi les premiers Veilleurs) a permis de lever plusieurs voiles sur le milieu carcéral.  Dans la France de François Hollande, les voyous de toutes tendances, adultes ou mineurs (de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes),  les dealers, les tueurs, les voleurs, les barbares, les preneurs d’otages, les escrocs, les menteurs, les venus « d’ailleurs », les repris de justice, les agresseurs de la rue ou des transports en commun, les violeurs, etc. ont plus de chance de passer au travers des mailles du filet de la justice qu’un jeune Français qui a osé manifester contre le mariage pour tous. A ce jour, je n’ai pas encore entendu parler d’un dépôt de plainte contre l’humoriste Stéphane Guillon,qui s’est permis de dire « L’opposant au mariage pour tous incarcéré à Fleury-Mérogis va peut-être changer d’avis demain après sa première douche… on reste sans voix en entendant cela, mais pas sans réaction.

Pour avoir une idée de l’état d’une vieille prison, je vous suggère un tour aux Baumettes de Marseille (Je l’ai visitée autrefois et j’en suis encore malade de dégoût et de honte) ou Bois-d’Arcy (Yvelines), ou Villepinte, ou Paris : des cellules ne dépassant pas toujours  9m2 pour plusieurs détenus, des cafards, des bestioles sans nom, des déchets jonchant le sol, des murs humides, des matelas à même le sol (un millier), de la crasse, de la vétusté, pas toujours de chaise pour s’asseoir, pas de chauffage, pas de réchauds à gaz, aucune intimité, aucune hygiène digne de ce nom et surtout le sentiment de n’être que des rebus de la société. Le pire se trouve au centre pénitentiaire de Ducos en Martinique qui détient le record de toutes les misères avec une surpopulation importante et en augmentation constante : 970 personnes sont incarcérées pour une capacité opérationnelle de 569 places.

Bien sûr, il existe dans nos prisons des détenus qui méritent d’être là et d’autres qui ne devraient pas y être. J’avais appris autrefois que la prison devait être un moyen de réinsertion, un lieu où il était possible d’apprendre à travailler pour vivre. J’ai dû rêver !

La violence étant l’une des grandes caractéristiques de notre société (au fait pourquoi ? manque d’éducation, manque d’encadrement familial ?), il va tout de même falloir s’attaquer à ce problème.  Selon un rapport publié récemment par le Conseil de l’Europe, la moitié des pays européens sont en situation de surpopulation carcérale. Ne parlons pas des autres, le constat devient dramatique. Personne ne s’étonnera d’apprendre que le taux de suicide ne cesse de progresser et personne ne s’étonnera non plus du taux de récidive (56%). Comment ne pas rechuter quand on a connu les pires conditions de détention, qu’on a fréquenté des personnes dangereuses, qu’on se retrouve dehors dans un tel état de saleté intérieure que la reconquête de sa dignité devient impossible ? 

Christiane Taubira, qui soit dit en passant, n’a aucune compétence en matière de droit, (elle possède un doctorat d’économie, d’agro-alimentaire, de sociologie et d’ethnologie Afro-américaine) a présenté un plan de renforcement de la sécurité des prisons. Avec son premier budget triennal 2013-2015, la Ministre de la Justice a promis de financer une opération d’extension de 160 places et de rénovation des services communs de l’établissement pour un montant global de 36 millions d’euros. Ces travaux seront livrés en 2015. Enfin, c’est ce qui est prévu. Mais ne serait-il pas plus simple, moins onéreux, de raser et reconstruire (comme ce fut le cas à Nancy en 2009), de poursuivre les placements de bracelets électroniques (plus de 10 000 personnes concernées à ce jour) et d’envisager d’autres moyens de non-incarcération pour les petits délits. Enfin, mais là, je sais que c’est de l’utopie : apprendre aux détenus un peu de civisme, un sens de l’honneur, des valeurs et de l’amour.

En conclusion : en application de l’article 44 de la loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009, l’administration pénitentiaire doit assurer à chaque personne détenue une protection effective de son intégrité physique en tous lieux collectifs et individuels. Parfait la théorie, et la pratique Madame Taubira ?  

Solange Heisdorf-Strimon

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.