Societé

Dominique Venner : Un Samouraï d’Occident

Dominique Venner vient de se donner la mort dans la cathédrale Notre Dame, devant l’autel, en cet après-midi du 21 Mai. Il a essayé de donner à « cette seconde ultime » autant d’importance qu’au reste de sa vie.

Dominique Venner était un résistant, fortement inspiré par Mishima, son ouvrage à paraître en Juin prochain « Un samouraï d’occident » prend une résonance funeste.

Dominique Venner est mort comme il avait toujours vécu : seul, à contre-courant, dans un acte qu’il voulait libre. 
Le suicide est indéniablement une chose horrible et, à titre personnel, je m’étonne qu’on puisse en arriver là.

Cet événement, particulièrement choquant et chargé de symbole, doit interpeller en profondeur notre société sur le malaise qui l’étreint.

L’histoire a voulu que Dominique devienne le symbole de ce malaise. Nos contemporains, chargés de leur idéal progressiste, ne comprennent pas à quel point l’attachement aux valeurs et aux traditions, au cadre de vie qui a fait la France, peut être profond. Nos contemporains seront bien incapables de comprendre le geste de Dominique Venner.

Et même nous ne pouvons souscrire à cet acte : le suicide dans la cathédrale ne peut que nous choquer, peut-être nous révolter. Toutefois nous devons nous préparer : en effet la mondialisation culturelle, le mépris souverain pour les traditions engendreront dans le futur bien des malheureux et de nombreux nostalgiques.
Le désespoir souverain, la sensation de rupture qui touche chacun de nous est le terreau fertile qui nourrit de tels actes.

De fait, il est vrai que plus le temps passe, plus l’État rompt avec nous.

Plus le temps passe, plus le malaise et la sensation d’être inadapté s’accentue.

Aujourd’hui nous pouvons pleurer Dominique, pleurer ce modèle de civilisation qui s’en va à la dérive. Nous pourrons -et je l’écris comme un appel solennel- prier pour que Dieu lui pardonne et l’accueille dans la consolation et dans cet au-delà auquel il ne croyait pas.

Demain il nous faudra recommencer le combat. Faisons en sorte qu’il ne soit pas mort en vain.

Que la vie parvienne à vaincre la mort.

Que cet avertissement demeure lettre morte.  

Roman Ungern

Biographie de Dominique Venner :

Dominique Venner est écrivain et historien. Il a publié une cinquantaine d’ouvrages et dirigé comme éditeur plusieurs collections historiques et littéraires. Il est le directeur de La Nouvelle Revue d’Histoire qu’il a fondée en 2002. Sa vie a orienté sa vocation. Commentant son livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana 2011), interprété comme une sorte de testament intellectuel et une synthèse de ses travaux (1), le magazine Le Spectacle du monde écrit : « Dominique Venner édifie patiemment, pierre par pierre, une œuvre des plus originales consacrée, pour une bonne part, au XXe siècle européen envisagé dans la longue durée, mis en rapport avec le plus lointain passé du Vieux Continent, sa plus longue mémoire, sa tradition profonde, dégageant au fil des titres une réflexion sur le destin de l’Europe et des Européens. »

Parmi tous les ouvrages de Dominique Venner, il en est trois qui constituent des jalons successifs permettant de comprendre son itinéraire, Le Cœur rebelle, le Dictionnaire amoureux de la Chasse et Le Siècle de 1914, auxquels il faut ajouter Histoire et tradition des Européens qui est à part.

Dominique Venner est né à Paris le 16 avril 1935 ; il a cinq enfants. Comme l’ont fait avant lui Jacques Bainville ou Benoist-Méchin, il est venu à l’étude de l’histoire par l’observation critique du présent. Après ses études secondaires et avant de s’intéresser à l’histoire de l’art et des armes, il s’est engagé dans l’armée le jour de ses dix-huit ans (école militaire de Rouffach). Volontaire ensuite pour l’Algérie, il participe jusqu’en octobre 1956, selon ses mots, à cette « petite guerre médiévale » qui compta beaucoup dans sa formation, l’entraînant pour une dizaine d’années dans des engagements politiques intenses et la création de la revue Europe Action. Evoquant cette période, il dira : « Sans le militantisme radical de ma jeunesse, sans les espérances, les déceptions, les complots ratés, la prison, les échecs, sans cette expérience excitante et cruelle, jamais je ne serais devenu l’historien méditatif que je suis. C’est l’immersion totale dans l’action, avec ses aspects les plus sordides et les plus nobles, qui m’a forgé et m’a fait comprendre et penser l’histoire de l’intérieur, à la façon d’un initié et non comme un érudit obsédé par les insignifiances ou comme un spectateur dupe des apparences. » Dominique Venner a évoqué ces années de formation dans Le Cœur rebelle (Belles Lettres, 1994), ouvrage de méditation sur ses engagements, et premier jalon dans son parcours.

Vers 1970, il a rompu définitivement avec les engagements politiques qui, dira-t-il, ne correspondaient pas à sa vocation. Il quitte même Paris afin de se ressourcer au plus près des forêts, vivant désormais de sa plume. Année après année, il publie un grand nombre de livres et collabore à la presse, étudiant durant cette première période l’histoire peu explorée des armes et de la chasse. Cette époque de son existence sera refermée un jour par le jalon du Dictionnaire amoureux de la Chasse, publié chez Plon en 2000, et salué notamment par Michel Déon.

Entre-temps, Dominique Venner avait développé une activité d’édition. Peu après 1970, l’éditeur André Balland lui confia la direction d’une collection de récits historiques qui révéla de nouveaux auteurs….

….Parallèlement à ses travaux sur l’histoire contemporaine, Dominique Venner publia en 2002 Histoire et tradition des Européens. 30 000 ans d’identité (Le Rocher, nouvelle édition 2004), ouvrage de fond qui interroge les sources et la destinée de la civilisation européenne en partant d’Homère.

Après avoir dirigé la revue Enquête sur l’histoire (1991-1999), il a fondé en 2002, avec le soutien de François-Georges Dreyfus, Bernard Lugan et d’autres historiens, La Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) qui s’est révélée en effet novatrice sur le fond et la forme. « Nous voulions fonder une revue qui en finisse avec les interprétations partiales et partielles de l’histoire, qui dessine une autre vision du passé et de l’avenir, qui aspire à une renaissance européenne. Nous voulions que cette revue soit moderne et esthétique. Notre charte implicite incluait le respect de la diversité philosophique des collaborateurs, mais un même attachement à l’honnêteté historique sans préjugés, le souci enfin de nous exprimer de façon vivante, élégante et claire pour le plaisir de nos lecteurs. »

Répondant à la question d’un lecteur sur sa vision optimiste de l’avenir, Dominique Venner a offert cette réponse : « Mon “optimisme”, comme vous dites, n’est pas béat. Je n’appartiens pas à une paroisse où l’on croit que tout finit par s’arranger. Je vois parfaitement tout ce qui est noir dans notre époque. Je pressens, cependant, que les puissances qui pèsent négativement sur le sort des Européens seront sapées par les chocs historiques à venir. Pour parvenir à un authentique réveil, il faudra encore que les Européens puissent reconquérir leur conscience indigène et la longue mémoire dont ils ont été dépossédés. Les épreuves qui viennent nous y aideront en nous affranchissant de ce qui nous a pollué en profondeur. C’est la tâche téméraire à laquelle je me suis voué. Elle a peu de précédents et n’est en rien politique. Au-delà de ma personne mortelle, j’ai la certitude que les brandons allumés ne s’éteindront pas. Je m’en rapporte pour cela à nos poèmes fondateurs. Ils sont le dépôt de toutes nos valeurs. Mais ils constituent une pensée en partie perdue. Nous avons donc entrepris de la réinventer et de la projeter sur le futur comme un mythe créateur

Source : blog de Dominique Venner http://www.dominiquevenner.fr/

 

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