Societé

Dans la Manif Pour Tous de Rennes

Hier, comme dans plusieurs villes françaises, la Manif pour Tous a rassemblé plusieurs milliers de Français (ils étaient au moins 20.000 en la capitale bretonne, selon les organisateurs). En dépit du vote de la loi, la mobilisation ne semble pas faiblir, et la grande manifestation pour la défense de la famille, programmée le 26 mai prochain, s’annoncent sous des auspices des plus favorables.

A Rennes, tout l’ouest avait convergé, de Nantes, de Brest, d’Angers… bariolant les rues des trois couleurs de la Manifestation, dans un tintamarre festif. L’on put y rencontrer des très nombreux profils : familles nombreuses ayant fait le déplacement, étudiants ou lycéens, militants… La moyenne d’âge restait spectaculairement jeune et tranchait radicalement avec les stéréotypes confectionnés à l’encontre du mouvement anti-mariage gay.

Foin d’homophobie, de « haine », ou autres clichés colportés par certains médias complices… ces mêmes médias qui furent d’ailleurs, à quelques reprises, copieusement hués ou traités de « collabos ».  Les rares militants extrémistes, difficilement décelables en dépit de leurs autocollants dont ils s’affublaient le poitrail, s’étaient fondus dans la foule au point d’y disparaître.

En vérité, la haine, ce jour-là, ce fut plutôt dans le « camp d’en face » que l’on put la trouver : une petite trentaine de nervis d’extrême gauche, venus invectiver les manifestants, se firent remarquer en brandissant des drapeaux rouge-sangs à l’acronyme « NPA ».  Aucun heurt ne fut cependant à déplorer, hormis un bref face-à-face tendu entre service d’ordre et racailles gauchistes lorsque ces dernières tentèrent de bloquer le passage à quelques familles venues de Normandie.

Les forces de l’ordre mirent un terme au cinéma che-guevariste en poussant la horde ténue dans une ruelle où elle demeura coincée, entre deux rangées de boucliers, pendant le reste de l’évènement. Le cortège put néanmoins, à loisir, contempler atterré ou narquois, ce groupe crasseux d’anarchistes manifestant son soutien pour une loi (!) votée par un Parlement ( !!).

Cela ne vint pas pour autant gâter la fête, et les opposants à la loi Taubira purent sans difficulté quitter la Place Charles de Gaulle et achever leur marche sur la place de la Mairie qui manquait presque d’espace pour tous les accueillir.

Se succédèrent ensuite, à la Tribune, une série d’intervenants parmi lesquels le sénateur UMP (anciennement MPF) Bruno Retailleau, le vice-président de l’Assemblée nationale, Marc le Fur, ou encore Christine Boutin. Celle-ci, particulièrement applaudie, revint, dans son allocation, sur son propre engagement en faveur de la vie et de la famille : trente années durant lesquelles, expliqua-t-elle, elle fut la cible des quolibets, injures et caricatures en tous genres. Elle confia à l’assistance sa joie de voir autant de jeunes parmi les manifestants, signes de temps nouveaux qui s’annoncent.

La question qui semblait néanmoins tarauder les esprits de chacun des discoureurs, tenait à « l’après ». Christine Boutin, notamment, rappela que l’engagement devait porter sur la défense de la famille et être un prélude à une mobilisation plus large, plus « politique », et s’enracinant dans le long-terme.

Ce sera tout l’enjeu des mois, voire des années, qui suivront. Mais la question se pose : comment éviter que cette mobilisation, d’ampleur exceptionnelle, ne finisse par s’essouffler et s’enterrer comme le furent celles contre l’avortement ou le PACS ? Comment empêcher que la Manif pour Tous ne fasse long feu comme toute réaction conservatrice de ces dernières décennies ?

L’enjeu est énorme, car le mariage dit « pour tous », n’est qu’une facette supplémentaire de l’entreprise de destruction de la famille. Le combattre n’est pas simplement s’opposer à un projet de loi, il revient à s’attaquer frontalement à une dimension intrinsèquement perverse du régime qui nous gouverne. Une dimension anti-civilisationnelle, anti-valeurs et individualiste qui a largement inspiré les accoucheurs de la Révolution et de la République.

Une petite question pour nos amis de la Manif Pour Tous : lorsque c’est un régime tout entier qui porte ce que l’on cherche à mettre à bas, n’est-ce pas le régime tout entier qu’il faut convenir de détruire ? Ce sera peut-être comme cela que cet engagement pourra prendre un  nouveau souffle… et s’inscrire – enfin ! – dans la durée, plus dans l’éphémère d’une contestation spontanée d’un projet de loi à un instant donné.

Stéphane Piolenc

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