Littérature / Cinéma

Xavier de Hauteclocque, La Guerre en masque noir

Dans notre confort occidental, la guerre du xxie siècle, comme on nous le promet et le répète depuis plusieurs décennies, prend tantôt le masquede la guerre informatique – comme en témoignent les nombreux sites Internet français piratés par des islamistes ces derniers jours, ou le sort peu enviable réservé à nos confrères du Rouge et le Noir il y a à peine un peu plus d’un an –, tantôt celui du terrorisme, que ce dernier frappe au hasard ou reprenne les méthodes d’assassinat direct, façon Brigades rouges ou Seconde République espagnole.

Quittons pour un bref instant la fournaise de l’actualité, et plongeons-nous dans l’histoire, la petite histoire, avec Xavier de Hauteclocque. Le nom de famille ne vous est bien sûr pas inconnu, ayant  en maintes occasions brillé avec la France. Né en 1897, vaillant officier blessé et décoré dans la Grande Guerre, il fut peut-être le premier « mort pour la France » de la Seconde Guerre mondiale, assassiné par empoisonnement en… 1935 ! Cousin germain du maréchal Leclerc, brillant auteur et journaliste, il s’est beaucoup intéressé à la thématique du renseignement et de l’espionnage – en en ayant sans doute fait une partie de son activité…

Infatigable publiciste, collaborateur du Journal des Débats, de La Liberté, du Petit Journal, du Crapouillot, de Vu et de Gringoire, il est l’un des premiers à alerter l’opinion française sur les dangers que représentait pour nos provinces l’Allemagne nationale-socialiste. Mais n’allons pas si loin. Dans La Guerre en masque noir[1], Xavier de Hauteclocque emprunte différents passages secrets afin de nous faire connaître la face cachée de certains événements, la plupart pendant la Première Guerre mondiale. D’ailleurs, à de nombreux égards, le lecteur sera très fortement étonné, et il serait intéressant de voir aujourd’hui des spécialistes du sujet et de brillants universitaires – s’il y en a encore – faire le point sur ce que le présent livre expose, si certaines histoires sont confirmées par d’autres sources, ou si, au contraire, d’autres seraient réfutées à tout jamais. La Grande Guerre a-t-elle été à ce point faite et remportée par des agents secrets ?

Parmi les faits les plus incroyables, retenons l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique (en 1917), vraisemblablement due à l’interception aussi opportune que brillante d’une dépêche diplomatique allemande codée (dans laquelle il était demandé à un ambassadeur allemand de travailler à une alliance du Mexique et du Japon avec l’Allemagne, pouvant ou devant se concrétiser par une éventuelle entrée en guerre de ces deux nations contre les États-Unis) par les services secrets britanniques et aussitôt divulguée à Washington (nous vous laissons découvrir les détails de ce coup de génie de la flegme anglaise). Vous trouverez dans la prose de Xavier de Hauteclocque une multitude d’autres portraits, pas toujours flatteurs pour les « espions » évoqués, tel ce Basil Zaharoff qui fit fortune dans l’armement… Et vous aurez même des agents qui continuent d’espionner… après leur « mort » officielle. Roman ou histoire ? À vous d’en juger !

Concluons donc par une citation de Disraeli empruntée à l’introduction de La Guerre en masque noir : « La direction des affaires n’est aux mains que d’un petit nombre et ceux qui croient gouverner sont rarement ceux qui gouvernent ».

Jean de Fréville

[1]    HAUTECLOCQUE (Xavier de), La Guerre en masque noir, Saint-Nazaire-en-Royans, Éditions Energeia, 2014 (1931).

 

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