Littérature / Cinéma

« La loi du marché » ou… la société produite par F. Hollande

Si les Français ont bien été à l’honneur à ce 68ème Festival de Cannes, avec Jacques Audiard qui a décroché la Palme d’or pour Dheepan, et Vincent Lindon et Emmanuelle Bercot qui ont obtenu les deux Prix d’interprétation, il faut s’en réjouir.  Ça n’arrive pas toutes les années ! 

Je ne fais pas partie de ces cinéphiles qui se ruent sur les films primés au Festival de Cannes. On connaît les règles des attributions. J’ai pourtant fait exception pour Vincent Lindon, qui vient de remporter le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans La loi du marché. L’acteur a dédié ce prix “aux citoyens laissés pour compte”. Il n’avait jamais eu de prix, malgré une longue carrière, et pour la remise de celui-ci, il en a pleuré d’émotion. Mais oui, il a mérité amplement ce grand prix qui joue sur ses expressions, rien d’autre, tout se joue dans son regard et tout s’y interprète. 

Il n’est pas nécessaire d’avoir connu le chômage pour en connaître les pièges. Cela part des formations, qui ne servent strictement à rien puisqu’elles ne débouchent jamais sur le travail (ou exceptionnellement) mais elles engraissent les formateurs, eux, bien rémunérés par l’Etat, donc « Nous ». On passe à des entretiens aussi destructeurs que cela est possible de l’être. On connaît les critiques malveillantes de personnes qui donnent leur avis sur une mise en scène de la présentation du candidat afin de se valoriser, elles, tout en démolissant le candidat. On connaît les banquiers qui vous proposent de vendre votre bien pour avoir un peu de cash, alors qu’il reste peu d’années à finir pour être chez soi et pas locataire. Et qui vont même jusqu’à vous proposer de prendre une assurance-décès, au cas où ! Ils se moquent éperdument de votre avenir. Et puis les profiteurs de situation, qui vous achèteraient bien le produit pour lequel ils ont donné leur accord par téléphone, mais qui se rétractent pour faire chuter le prix de façon si indécente que c’est pitié. 

Et tout-à-coup, on voit notre chômeur (après 15 mois de chômage et la menace de se retrouver 3 mois plus tard sous les ponts) devenir contrôleur dans une grande surface. Je ne crois pourtant pas avoir raté un épisode, mais là, il manque quelque chose. Pour qui ne connaît pas le système antivol dans les grandes surfaces, toutes les allées sont sur caméra et pour qui est pris en train de voler, la sanction est forte, sans pitié. 

Je ne vais pas vous raconter ce qui se passe dans ce supermarché. C’est tellement authentique. Simplement ajouter que l’intervention du D.R.H (Directeur des Ressources Humaines), suite au suicide d’une employée, surprise en n’ayant pas respecté toutes les règles de confiance, est là aussi tellement réaliste qu’on ne peut que se demander jusqu’où peuvent aller… les mensonges.

C’est un film de Stéphane Brizé à voir pour découvrir un monde qui n’est pas celui des « profiteurs » et des « assistés » de la société.  Un seul regret sur l’enfant handicapé, qui ajoute certes du pathétique à la situation du chômeur, mais le cinéaste aurait pu l’éviter.  En tous cas, cette société, produite en partie par François Hollande, est à désespérer… mais on ne combat que ce que l’on connaît !

Solange Strimon

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