Histoire

Introduction de l’abbé Onoda – Symposium de Tokyo sur la Révolution (13-14 juillet 2019)


Les 13 et 14 juillet 2019, le symposium international de Tokyo sur la Révolution française se déroulait sous la direction de Paul de Lacvivier (univ. Kokugakuin) et de l’abbé Thomas Onoda (FSSPX), sous le haut-patronage de Monseigneur le Duc d’Anjou, et avec le soutien de Vexillia Galliae, de The Remnant, du Centre d’Études Historiques (CEH) et du Cercle d’Action Légitimiste (CAL).
Dès le 23 juillet, Paul de Lacvivier publiait sur Vexilla Galliae un bref compte-rendu du colloque, ainsi que plusieurs interventions filmées. Aujourd’hui, soit un an après, nous publions les actes de ce symposium. Ils paraîtront hebdomadairement, chaque mardi.


Ave Maria !

Révérends Pères, Mesdames et Messieurs,

Nous avons le grand honneur d’avoir avec nous des conférenciers figurant parmi les spécialistes les plus distingués de la Révolution française.

Dans le monde où nous vivons, nous assistons à l’immense progrès des attaques opérées pour détruire l’ordre naturel établi par Dieu, tels que la famille et le mariage, dans le mépris absolu de la loi de Dieu. Nous ne pouvons que tristement constater que l’opinion publique est chaque jour plus empoisonnée par la théorie du genre, totalement déconnectée de l’ordre biologique. Nous voyons dans ces mouvements des conséquences logiques – l’essence, même – de la révolution de 1789, car celle-ci ne concerne pas seulement un système politique, ni le renversement de la monarchie, ni l’abolition de la noblesse.

Jean-Joseph Gaume, dans La Révolution, recherches historiques sur l’origine et la propagation du mal en Europe, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours (1856), livre l’explication suivante sur ce qu’est la Révolution française : « Si, arrachant son masque, vous lui demandez : qui es-tu ? Elle vous dira : « Je ne suis pas ce que l’on croit. Beaucoup parlent de moi et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme… ni l’émeute… ni le changement de la monarchie en république, ni la substitution d’une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l’ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins, ni les fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades, ni le pillage, ni l’incendie, ni la loi agraire, ni la guillotine, ni les noyades. Je ne suis ni Marat, ni Robespierre, ni Babeuf, ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses sont mes œuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers et moi je suis un état permanent. Je suis la haine de tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble. Je suis la proclamation des droits de l’homme sans souci des droits de Dieu. Je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de l’homme au lieu de la volonté de Dieu. Je suis Dieu détrôné et l’homme à sa place (l’homme devenant à lui-même sa fin). Voilà pourquoi je m’appelle Révolution, c’est-à-dire renversement[1]… »

À peu près à la même époque, l’écrivain révolutionnaire russe Serge Netchaïev écrit le Catéchisme du révolutionnaire (1869), dont doit s’inspirer le révolutionnaire. Il y décrit ce qu’est la révolution : « La Confrérie n’entend pas sous « révolution populaire » un mouvement réglé selon les idées de l’Occident, et qui s’arrêterait respectueusement devant la propriété et les traditions de l’ordre social, et devant ce qu’on appelle la civilisation et la moralité. Ce genre de mouvement s’est borné jusqu’ici à renverser une forme politique, afin de la remplacer par une autre et de créer l’État dit révolutionnaire. Seule peut être salutaire au peuple une révolution qui détruira jusqu’aux racines de l’État, et supprimera toutes les traditions, les classes et l’ordre même existant […]. Notre œuvre à nous est une destruction terrible, entière, générale et implacable. […] Fondre ces bandes en une force invincible qui détruira tout sur son passage – telle sera l’œuvre de notre organisation, de notre conspiration, tel sera notre but. »

La révolution est la suite de l’insinuation du serpent à nos premiers parents : « Vous serez comme des dieux ». La révolution concerne la destruction terrible, totale, universelle et sans merci de la réalité établie et du véritable ordre de Dieu. Il s’agit de la guerre contre notre véritable Créateur, Dieu, qui s’est incarné en Jésus-Christ. La sainte religion est le véritable ordre salvifique de l’humanité. Au lieu de cela, l’homme veut être Dieu et crée son monde dans sa prétendue souveraineté. La révolution est un écho de l’ange déchu : « Non Serviam ».

Il est grand temps que nous revenions sur la révolution, afin de connaître la véritable cause de ce mal qui continue de faire souffrir notre monde.

Nous tenons à remercier par avance nos conférenciers pour leur aimable participation à cette entreprise de clarification sur la révolution. Nous vous souhaitons à tous ici présents de bien profiter de ce symposium international qui, nous l’espérons, sera fructueux.

Merci beaucoup.

Abbé Thomas Onoda
Codirecteur du symposium international des 13-14 juillet 2019


[1] Mgr Gaume, La Révolution, Recherches historiques, t. I, p. 18, Lille. Secrétariat Société Saint-Paul, 1877.


Les autres contributions du symposium international de Tokyo sur la Révolution paraîtront prochainement :

  • Introduction, par l’abbé Thomas Onoda.
  • Conférences :
    • « Les premiers 14-Juillet », par Philippe Pichot-Bravard (univ. Brest).
    • « Vandalisme et émergence de l’idée de patrimoine », par le père Jean-François Thomas.
    • « Jean-Jacques Rousseau, grand-père de la Révolution », par l’abbé Patrick Summers.
    • « Relations de l’État et de l’Église », par l’abbé Gabriel Billecocq.
    • « Au nom du peuple », par Marion Sigaut.
    • « Chouanneries, une guerre de la fidélité », par Anne Bernet.
    • « Joseph de Maistre et la contre-révolution », par Yohei Kawakami (univ. Senshu).
    • « L’indépendance des États-Unis : une Révolution avant la Révolution ? », par Jason Morgan (univ. Reitaku).
    • « Tribunaux révolutionnaires et jugements du roi et de la reine », par Paul de Lacvivier (univ. Kokugakuin).
    • « Réception de la révolution française au Japon depuis l’ère Meiji », par Junichi Hirasaka.
    • « Catholiques de Vendée : les premiers opposants au Nouvel Ordre Mondial naissant », par Michael Matt (The Remnant).
  • Conclusions :

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