Histoire

[Saga Autarcie] Article 10 – Au centre et à la source, le Roi, autarcie et chauvinisme n’étant que des politiques pratiques.

L’étude suivante se compose de 18 articles se suivant, à paraître à rythme hedomadaire. Articles précédents

Article 1 de la saga: L’autarcie au Japon ou le Sakoku 鎖国, première approche

Article 2 de la saga:  Les origines de l’autarcie nipponne

Article 3 de la saga:  Les origines du mot  d’ « autarcie » au Japon

Article 4 de la saga : Autarcie, question de point de vue

Article 5 de la saga : L’autarcie, politique pratique pour la protection du pays, tout simplement

Article 6 de la saga : De l’autarcie à l’ouverture du pays – toujours pour la protection du pays et pour le service du divin

Article 7 de la saga : L’influence de la pensée autarcique en Europe : Fichte contre la pensée kantienne

Article 8 de la saga :  Chauvinisme et pensée du Joi à la fin de l’ère Edo

Article 9 de la saga :  L’autarcie comme prolongement du chauvinisme légitimiste, réflexion sur la souveraineté

 

Les incidents avec l’extérieur s’intensifient en ce début du XIXème, ainsi par exemple et entre autres en 1824 l’accrochage avec un bateau anglais venant demander ravitaillement à Satsuma, lors duquel un anglais meurt (les anglais ont tiré les premiers), et qui constitue le premier affrontement avec l’occident, ou encore en 1837 l’incident du Morington : navire américain pris pour un navire anglais et bombardé sans sommation. Face à cela se développe une pensée qui prend la suite des études nationales et cherche à trouver des solutions pour affermir le pays et le protéger :

 

« Les études postérieures de Mito arrangent les études nationales en ajoutant des éléments confucianistes, et mettent au centre de la civilisation asiatique le Tennô. Ces études amorcèrent la pensée de la vénération au Roi et de l’expulsion des barbares. Cette pensée admet et reconnait l’existence du Bakufu, en proclamant que : « si le Bakufu vénère notre Maison royale, alors les Seigneurs élèveront le Bakufu, et si les Seigneurs élèvent le Bakufu, alors les petits vassaux et châtelains respecteront les Seigneurs. »

Ces études développent une théorie d’un ordre vertical transitif où la vénération du Bakufu envers la Cour permet l’élévation du Bakufu par ses Seigneurs, et enfin se communique dans le respect des vassaux envers les précédents Seigneurs. Il ne voit absolument pas le maintien du régime du Bakufu comme un quelconque souci, et considère le Grand Mandat de la Cour envers le Bakufu comme un bien. Tous les chevaliers de ce temps furent influencés dans une certaine mesure par les études postérieures de Mito. »[3]

Voici toute la substance sur laquelle peut exister la pensée chauvine, qui explique tout autant pourquoi l’autarcie eut pu réussir : tout le monde se retrouvait autour du Roi, et il n’y eût aucun usurpateur, ni même une seule tentative sacrilège d’usurpation. C’est esprit royal fut à ce point puissant qu’il n’hésita pas, devant les nécessités pratiques quelques décennies plus tard, à en finir avec la politique d’autarcie, ainsi qu’avec la politique d’expulsion des étrangers, ce qui ne signifie pas, nous le soulignons, la fin de la pensée chauvine, bien au contraire.

L’ordre verticale décrit par les études postérieures de Mito ont une force éclatante et expose d’une autre façon une théorie traditionnelle de la souveraineté et du pouvoir : le chef n’est légitime que parce qu’il sert ses subalternes et rend hommage à ses chefs, jusqu’au Roi, qui s’agenouille lui-même devant Dieu – ou se prosterne devant lui selon les cultures.

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Encadré : Régime shogounal

 « Pour préciser, le régime public de Tokugawa a comme organismes politiques d’une part, côté Bakufu,  la pyramide vassalique des clans de l’intérieur dont les Anciens sont à la tête, et d’autre part à la Cour le système de conseil de régence dont les cinq grandes Maisons (les Konoe, les Kyujô, les Nijô, les Ichijô et les Takatsukasa) sont à la tête. Il se trouve ainsi que depuis l’unification par Ieyasu, un groupe restreint et défini de personnes monopolise toute la politique du pays, les Anciens d’une part, qui sont nommés depuis l’ère Mikawa parmi les grands Seigneurs de l’intérieur, et les Cinq grandes Maisons publiques d’autre part dont la tradition fut fondée par les Fujiwara Fuhito et Kaminari [au VII-VIIIème siècle]. Les figures du Shogoun et du Tennô étaient essentiellement fantoches, et le pouvoir réel appartenait en fait à ce groupe de personne. »[1]

Etudes Nationales

 « Que sont les études nationales ? Elles désignent un champ d’études se fondant dans la première moitié du XVIIIème siècle et qui cherche à retrouver dans les classiques japonais et l’histoire antique la pensée, le culture et l’état d’esprit unique au Japon. Elle rompt avec toute pensée chinoise, et se fonde sur la prééminence fondamentale du Japon qui se fonde dans l’existence même d’une dynastie de Rois ininterrompue depuis les temps lointains. C’est elle qui fait naître la pensée du pays royal. Les 4 grandes figures de ce courant sont Kadano Azumamaro, Kamano Mabuchu, Motori Norinaga, et Hirata Atsutane.  »[2]

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[1] Ibid, p.21 « 徳川公儀体制についてもう少し述べると、政治機構としては、幕府は老中を頂点とする譜代門閥制であり、朝廷は五摂家(近衛・九条・二条・一条・鷹司)を頂点とする摂関制であった。つまり、家康による天下統一以前の、三河時代からの徳川家臣である譜代大名のなかから指名された老中と、中臣(藤原)鎌足・不比人から綿々とつづく公家の貴種である五摂家という、特定のグループによって政治は独占されており、天皇や将軍を傀儡としてその権力は絶大であったのだ。 »

[2] Ibid, p.46 « 国学とは何か。日本独自の文化・思想、精神世界を日本の古典や古代史のなかに見出す学問であり、十八世紀前半に成立したとされる。中華思想を拒絶し、万世一系の天皇の存在自体を日本の優越性の根拠とし、皇国思想を生み出した。国学四大人と呼ばれる荷田春満、賀茂真淵、本居宣長、平田篤胤の系譜をもつ。 »

[3] Ibid, p.46/47 « 後期水戸学は、儒教の要素を加えて国学をアレンジし、東アジア的華夷思想の中心に天皇を据えて、尊皇攘夷思想の勃興をもたらした。一方で、「幕府、皇室を尊へば、すんはち諸侯、幕府を崇び、諸侯、幕府を崇べば、すなはち卿・大夫、諸侯を敬す」(藤田幽谷「正名論」)と唱え、後期水戸学では幕府の存在を認めている。幕府が朝廷を尊奉すれば、大名は幕府を崇拝し、家臣が大名を尊敬すると言う上下の秩序論を展開し、徳川公儀体制の維持は何ら問題なく、大政委任も是としている。当時の武士は、多かれ少なかれ後期水戸学の影響を受け、その思想に感化されている。 » 

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