Histoire

Anne de Bretagne reste une égérie malgré ses 500 ans

C’est une « première » pour la Bretagne qui accueille jusqu’au 2 novembre le reliquaire en or contenant le cœur d’Anne de Bretagne, décédée le 9 janvier 1514. Ce cœur est exposé au Musée de Bretagne à Rennes jusqu’au 2 novembre à l’occasion du 500ème anniversaire de la mort de la Duchesse. Sur l’une des faces extérieures du cœur en or est inscrit: “En ce petit vaisseau d’or pur, repose un grand cœur que quiconque Dame eut au monde (…)

À la mort d’Anne de Bretagne, son corps et son cœur ont été séparés, conformément au souhait exprimé par la reine de son vivant. Le corps a été inhumé dans la nécropole royale de Saint-Denis et son cœur enfermé dans un reliquaire en or de 500 grammes, en forme de cœur. Le chef-d’œuvre d’orfèvrerie avait été destiné à être enseveli à Nantes, dans le tombeau des Carmes où reposaient déjà ses parents, François II et Marguerite de Foix. Par la suite, le reliquaire a été conservé au musée Dobrée à Nantes, fermé au public depuis 2010.

Cette exposition intitulée “Anne au cœur de Rennes” va donner lieu à une série de parcours,  conférences, visites commentées, animations, autour de cette Duchesse au destin exceptionnel. En plus de cetrésor unique en or, un manuscrit calligraphié et enluminé riche en enseignements, relatant les obsèques d’Anne de Bretagne, sera présenté au public. Ce récit d’un témoin de l’époque décrit avec précision le cérémonial qui a entouré les obsèques de la reine, des funérailles qui s’étalèrent sur 3 mois.

Dernière souveraine de Bretagne avant son mariage avec le roi de France, la duchesse Anne reste un mythe vivace dans une région qui tente toujours quelque part de rester en dehors des lois  républicaines (la fronde des « Bonnets rouges »). La Bretagne reste une région où le sentiment identitaire est beaucoup plus répandu que dans n’importe quelle autre région de France.

Le destin d’Anne de Bretagne est pour le moins surprenant : duchesse à neuf ans, convoitée d’abord par le futur roi d’Angleterre, elle finit par épouser par procuration Maximilien d’Autriche. Contrainte par le siège de Charles VIII de renoncer à l’Autrichien, elle l’épouse en 1491. La voilà reine de France, apportant en dot son duché. A la mort de Charles, six ans plus tard, elle doit convoler avec son successeur, Louis XII. Anne est sacrée une deuxième fois, cas unique dans l’Histoire.

Sa fille Claude épousera François Ier, lequel imposera à la province un édit d’union en 1532.  On raconte que c’est grâce à Anne que les routes sont toujours gratuites en Bretagne. Ce qui n’est pas tout à fait exact.  Si les quatre-voies sont gratuites, les Bretons le devraient au Plan routier breton approuvé par le général de Gaulle en 1969. Une autre histoire, mais le pouvoir d’Anne de Bretagne donne certainement de la force aux résistants bretons, qu’ils en soient conscients ou non. En tous cas, pour qui peut se rendre à Rennes, ce retour de la grande et belle histoire de France mérite un déplacement.

Solange Strimon

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