Histoire

Louis XIV, Serviteur de la France, par Dominique Sabourdin-Perrin

Le premier septembre, car il n’y a pas de hasard, Vexilla Galliae publiera en exclusivité les témoignages de nombreux historiens qui ont répondu à la question suivante : « Que représente Louis XIV pour vous ? ». Pour l’heure, Dominique Sabourdin-Perrin nous offre un magnifique texte rappelant qui fut cet immense Roi de France. 

Alphée Prisme

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Le nom de Louis XIV, est associé aux mots Grandeur et Majesté, ainsi qu’aux images du soleil, de Versailles et de ses jardins, au point qu’on oublie que ce roi fut aussi un homme à l’enfance troublée, un adolescent et un homme admiré, comparé à Apollon, mais aussi un homme vieillissant, meurtri, souffrant. Il fut surtout un être humain, avec sa part de lumière et sa part d’ombre. Un homme qui a vécu au XVIIe siècle, appelé le Grand siècle, et qui par sa naissance comme fils aîné du roi Louis XIII, a été sacré Roi de France, le 7 juin 1654, onze ans après le décès de son père.

Homme du XVIIe, il en a manifesté les comportements, les intérêts, a suivi la société de son époque à laquelle il a su s’adapter et qu’il a utilisée pour la grandeur de son pays. Si l’aristocratie, dont il se méfie depuis la Fronde, combat sur différents champs de bataille, s’il ne réagit pas aux commentaires d’un maréchal de Vauban, il la garde près de lui, dans son palais, pour la surveiller. Il se montre fidèle  aux financiers et parlementaires, pour leurs compétences administratives, financières et économiques, particulièrement aux familles Le Tellier, Louvois, car le travail de cette classe sociale donne une organisation et des richesses au pays, développe les manufactures, sait faire fructifier le commerce, l’argent. D’une grande rigueur sur les questions de Naissance, de Noblesse, d’Étiquette, il manifeste une réelle finesse en comprenant que noblesse de cour et noblesse de robe ne peuvent s’ignorer. Il donne l’exemple, lors de l’affaire des poisons, en protégeant Marie-Antoinette de Mesmes, fille d’un Président à mortier du Parlement de Paris. Il est vrai qu’elle est devenue duchesse de Vivonne, belle-sœur de Madame de Montespan dont elle a épousé le frère, Louis Victor de Rochechouart !

Pouvoir et puissance permettent à Louis XIV d’entreprendre des chantiers aussi gigantesques que Versailles ou la machine de Marly, mais ces réalisations ne serviraient pas  la grandeur de la France, si la beauté du classicisme, le respect des proportions, les mélanges de verdure et d’eau, les couleurs ne parvenaient à offrir au regard, un ensemble incomparable dont l’intemporalité témoigne encore tous les jours, avec 7 millions et demi de visiteurs en 2013. C’est l’homme, Louis, Dieu Donné, qui a le sens du « Beau » en particulier, le goût de la musique hérité de son père. Il le manifeste dès sa jeunesse, lorsque danseur il cherche la perfection et décide de s’arrêter quand il ne peut plus l’atteindre. L’esthète a choisi les artistes parmi ceux qu’il connaît ou dont il a vu les réalisations, s’entourant des meilleurs dans tous les domaines. Comment ne pas le remercier aujourd’hui, d’avoir permis à Molière, Racine, Boileau, Lulli, Le Brun, Le Vau, Hardouin-Mansart, Le Nôtre, et tant d’autres, d’offrir au monde, leurs chefs-d’œuvre. La beauté qui donne gloire ne connaît pas de frontières !

Comme tout être humain, la personnalité de Louis est double, et c’est dans le domaine religieux que cette dualité apparaît. Modérément pieux dans sa jeunesse, mais marqué par le catholicisme — sa mère Anne d’Autriche et sa femme Marie-Thérèse d’Autriche sont tertiaires franciscaines — son règne a été confronté aux graves problèmes du Jansénisme, du Protestantisme, d’une opposition au pape Innocent XI, à laquelle mettent fin la mort de ce pape et l’intelligence politique du monarque, ce dernier comprenant la nécessité d’une alliance entre l’Église et le pouvoir. 

Père aussi attaché à ses enfants que son grand-père Henri IV, tout comme lui, il s’affranchit, pendant une partie de sa vie, de certaines règles de moralité, lors de ses rapports avec ses maîtresses, essayant même de retenir Louise de La Vallière, repentante et désireuse de se cacher sous le voile du Carmel. Dans la maturité, il prend conscience qu’il est le Lieutenant de Dieu, et devient d’une profonde rigueur religieuse, ainsi que son épouse morganatique, Madame de Maintenon. Mais n’est-ce pas là le double aspect du XVIIe siècle, quand une partie de la société aisée se noie dans la frivolité, n’assiste aux prédications ou aux cérémonies religieuses, messes, solennités, processions, que pour suivre un code de vie et « se montrer », alors qu’une floraison de religieux donne tout son essor au catholicisme, prêchant à la conversion. L’École Française de Spiritualité s’exprime par les écrits et les prêches des grands, Bérulle, Ollier. Bossuet et Bourdaloue et autres prédicateurs connaissent, aussi, une renommée certaine, les couvents d’hommes et de femmes se multiplient, Vincent de Paul et ses filles assistent les malheureux, Jean-Baptiste de la Salle et Nicolas Barré fondent des écoles gratuites pour garçons et filles. De nombreuses conversions ont lieu à travers toute la France.

Dans les domaines les plus variés, Louis XIV a été guidé par sa conception de la royauté à laquelle s’est conformé son tempérament d’homme. Il a commis des erreurs, croyant agir pour le bien de son pays, telles les guerres, dont outre le froid et la faim dus aux conditions climatiques ont souffert les populations, ou encore, le sort cruel des hommes qui ont participé aux grands travaux, les persécutions contre les protestants et la révocation de l’Édit de Nantes. Avec le recul du temps, l’homme, comme beaucoup d’autres, a pris conscience de ses erreurs, puisque c’est en mourant qu’il demande à son arrière-petit fils de ne pas l’imiter. Pourtant, le roi n’a jamais dit « l’État c’est moi », ni pris ses décisions sans avoir sérieusement étudié les questions à l’ordre du jour. Il a travaillé, quotidiennement, sur les dossiers, pris conseil, ce qu’on appelle « le travail du Roi », bien que des circonstances douloureuses, la maladie, les souffrances affectives, morales et corporelles ne lui aient pas été épargnées. 

On ne peut prononcer un jugement de valeur sur Louis XIV, selon nos conceptions d’aujourd’hui. C’est un homme de son époque, à qui les droits régaliens ont donné un pouvoir qu’il n’a utilisé que pour servir son pays. La notion d’État,  les valeurs chrétiennes et artistiques qu’il a laissées en héritage, ont fait la grandeur et la renommée de la France. Le tricentenaire de sa mort est une occasion de lui rendre hommage.                                                                                                                  

Dominique Sabourdin-Perrin


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