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Cheval ou voiture ?

La motorisation automobile à outrance de nos déplacements apporte de nombreuses déconvenues…

Pourquoi ? Allez-vous dire… « C’est si pratique, la voiture. L’indépendance… la rapidité, la facilité de déplacement… »

Vraiment ? J’affirme le contraire. Je suis moi-même issu de la génération qui n’a connu que le tout automobile. Depuis mon enfance, la voiture fait partie du décor. Je n’ai jamais vu une charrette ou encore des chevaux en dehors de quelques pâturages au bord de la route, et encore…

Et pourtant je viens de la campagne… Un village, avec son clocher et son café du sud de la France. Mon histoire n’est pas intéressante, ce que je veux dire est la chose suivante :

Alors que je vivais à la campagne je n’ai jamais pu batifoler dans les champs et les bois, pourtant si proches… Pourquoi ? A cause des routes, d’une dangerosité qui interdisait par définition de pouvoir profiter des grands espaces, de la nature.

Les conséquences terribles du bitume… Outre d’interdire la libre circulation à pied, non seulement des enfants mais des adultes – et qu’on ne me dise pas que c’est possible… allez sur n’importe quel départemental de campagne, c’est pratiquement du suicide -, le bitume qui quadrille tout le territoire représente autant de nouvelles barrières aux hommes et aux animaux, dénaturant nos campagnes, là où autrefois il était si aisé d’évoluer en son sein, de s’en occuper et de vivre toutes ses aventures – le seul avantage c’est que Rousseau n’aurait pas pu existé en notre temps, il n’aurait pas pu se promener.

Ne parlons pas de cette mauvaise odeur qui enfume nos campagnes, et de cette noirceur qui enlaidit les paysages… Les bons chemins de terre d’autrefois ralentissaient les circulations peut-être et alors ? Le bitume enlaidit tout.

Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’argument de faciliter la circulation par la voiture est en fait spécieux : les trains et les avions permettaient très bien d’abolir les distances véritablement problématiques. Il est d’ailleurs tout aussi clair, pour reparler des campagnes, qu’à cause de la généralisation des voitures, de nombreuses lignes secondaires de chemins de fer ont été fermées : lignes qui permettaient de connecter de façon appropriée les campagnes aux villes, sans enlaidir et cloisonner les campagnes, et dans le respect maximal des paysages et des sols – et sans surconnecter les campagnes aux villes conduisant à leur désertion ou à leur péri-urbanisation. Evidemment, il faut encore que la puissance publique fonctionne : là où la ripoublique, par définition, prend en otage le bien commun, et le massacre, le malmène, le détruit, effectivement, on comprend que tout un chacun préfère la voiture… Cela ne change pas le problème de fond, ce n’est qu’un pis-aller : les dégâts de la motorisation sur nos campagnes (sans parler des villes, mais la même chose peut-être dite) sont visibles et terribles.

Citons un autre aspect de la question : la consommation des voitures installe une délétère habitude de consommation rendant dépendant d’entreprises et de dépenses multiples qui n’en finissent pas – permis, assurance, révision technique, essence, etc. Aux temps anciens, on avait ses chevaux, et basta ! Pas besoin de référer à on ne sait quel tiers, c’était déjà une indépendance salutaire de plus. La liberté que donne la voiture, si elle existe, n’en reste pas moins bien surfaite : on dépend finalement des puissances publiques pour l’entretien du réseau, tout un tas d’assurances et autres, et des constructeurs qui font en sorte que les voitures soient irréparables par le particulier – à la différence des premiers modèles d’antan, car nos aïeux n’auraient pas accepté de rouler dans une voiture s’ils avaient été incapables de la réparer eux-mêmes en cas de pépin ! -, sans compter les diverses assurances, révisions, permis… Belle libération de l’Etat paraît-il… Quitte à être dépendant, autant l’être d’un réseau ferré bien entretenu et moins coûteux – qui pourrait être privé d’ailleurs-, tant pour les porte-monnaie que pour nos campagnes et nos paysages… Remarquez que nous critiquons ici non pas l’instrument en tant qu’instrument – qui est neutre, et bon s’il est bien utilisé – mais la généralisation à outrance et sans limite d’un moyen de transport qui implique un tas de conséquences sur tout l’équilibre des géographies et de nos vies…

Un argument d’un autre ordre : la disparition des chevaux de la vie commune au profit des véhicules a une influence immensément néfaste sur le développement spirituel de nos populations. Et cela sur deux points essentiellement. Comme nous le disions précédemment le réseau routier empêche grandement de profiter au quotidien de la nature, et donc de la contempler et de la connaître. Et, le second point, rejoignant le premier, la disparition des chevaux au profit de la mécanique empêche le contact avec le vivant, la création de Dieu au profit de l’artificiel à outrance et la création, si pauvre, de l’homme. De nombreuses édifications sont entravées : humilité et émerveillement appris au contact et au soin de nos animaux, en particulier des chevaux. Respect, débrouillardise, renforcement physique et moral au contact de la nature bien soigné par l’homme et pour l’homme. Je vous laisse compléter la liste des vertus que développent une saine vie dans son environnement, en contact avec les animaux qui sont faits pour nous, et des chevaux en particuliers donnés pour qu’on les monte, que la sagesse immémoriale avait bien ancrée dans nos campagnes françaises, sans aucun ridicule des pseudo-environnementalistes contemporains, qui n’aiment pas la nature, car ils n’aiment pas l’homme, et ils n’aiment pas Dieu – mais ceci est un autre sujet. Voulons-nous balayer d’un revers de main cette sagesse immémoriale encore visible dans le façonnement de nos campagnes par les siècles de travail harmonieux de nos ancêtres ?

Trains et avions suffisent pour les grands voyages, si on voulait s’en donner les moyens. Dans l’état actuel des choses c’est évidemment impossible, car cela suppose une puissance publique qui va dans le bon sens, qui sauvegarde le bien commun et le recherche : bref seule une restauration pourra rétablir cette relation saine à ce qui nous entoure et à notre environnement.

Mais dans l’absolu, oui, concluons : nos canassons – et les autres bêtes qui vivaient à nos côtés – avaient du bon, du très bon pour tout le monde. Cela évitait d’ailleurs ces relations bizarres que nouent certains – ou certaines – avec la gent équine d’ailleurs, gent qui a comme perdu sa raison d’être dans le monde contemporain : ni tractage, ni transport… Pauvres bêtes qui, comme en ville ces chiens de poche, semblent devenir des dérivatifs du mal-être urbain d’âmes qui ont soif de contemplation…

Remercions le bon Dieu de nous avoir donné ces braves bêtes qui, bon an mal an, continuent de nous édifier et sont l’occasion de découvrir nos fins dernières, et de nous extraire de nos bassesses, en nous faisant prendre conscience de l’extraordinaire de la Création – et donc de son Créateur.

Et ne faisons pas de culte à la technique, en fin de compte pas si extraordinaire quand on la compare au moindre être de la nature, aussi simple que l’on veut.

Il ne s’agit pas, attention, d’exclure la technique, mais de l’user comme il se doit, pour de bonnes fins et de façon mesurée. Pour ce qui est de la voiture, la motorisation semble avoir apporté objectivement beaucoup plus de déchéances physiques visibles (paysages, cloisonnement, odeurs) et morales (consumérisme, dépendance, fin de la contemplation normale de la nature au quotidien, disparition de nos grands animaux, etc)…

A bon entendeur.

On n’imagine pas très bien Saint Louis ou Henri IV allant en guerre dans un tank…

Quelle monture choisira Louis XX ?

Antoine Michel

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Une réflexion sur “Cheval ou voiture ?

  • PELLIER Dominique

    Comment M. Michel se débrouillait-il donc pour ne pas pouvoir suivre des sentiers de campagne ? Du moins dans le Sud de notre FRANCE… J’ai, personnellement passé de mémorables moments dans le Nord de la Sarthe où je pouvais m’enfoncer dans des “venelles” fort agréables, ombragées et, si par malheur je marchais sur une “route”, qu’est-ce qui m’empêchait d’être prudent ? Certes, il fallait souvent être prudent.
    Mais oui, nos bon chevaux nous manquent, assurément. Faites attention toutefois; on critique nos bonnes vaches lorsqu’elles émettent leurs gaz naturels, que dira-t-on bientôt des crottins de nos chevaux !!! Ecologie oblige…

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