Du salut aux “sales singes” : promenade dans le Paris grand-remplacé, par Paul de Beaulias
Une promenade parisienne renseigne parfois plus que mille théories sur la réalité des religions — contraire en tout aux discours des partisans de l’utopique dialogue interreligieux — et de l’immigration.
Je me perdais tantôt près de Montparnasse, quand un Maghrébin de type arabe m’adressa la parole : — « Salut ! ».
— « Bonjour », lui répondis-je.
— Tu ne me dis pas salut, comme nous sommes frères ? », fit-il semblant de s’étonner.
Il est probable que ce monsieur cherchait à me baratiner pour me soutirer quelque chose, cela m’est arrivé à plusieurs reprises durant mon séjour dans la capitale.
— « Salut, d’accord, mais le salut chrétien alors ! », tentai-je alors.
— Tu penses que je suis un réprouvé ? », demanda-t-il quelque peu goguenard.
Je ne suis pas certain qu’il sache bien ce que signifie ce mot, l’expression étant bien trop forte pour être utilisée à la légère…
— « Non, ce n’est pas ça, mais comme vous savez « hors de l’Église, point de salut », lui lançai-je.
— Quoi ?, demanda-t-il, l’air quelque peu interdit, et plus du tout goguenard.
— Et bien, c’est un dogme de l’Église catholique : « hors de l’Église, point de salut », répétai-je.
Là son regard s’immobilisa, me fixant, ses yeux cillant quelque peu. Il ne bougeait plus. Après m’avoir fixé posément, avec un air méfiant, il partit aussi soudainement qu’il m’avait tantôt adressé la parole, sans rien me dire.
Je fus moi-même surpris qu’il partît sans chercher à me soutirer ce qu’il était venu certainement cherché. Après réflexion, il n’est pas impossible qu’il ait mal compris mon pieux calembour. A-t-il cru que je m’interdisais de saluer toute personne n’appartenant pas à l’Église, ou quelque chose de ce genre ? Il y aurait de quoi être vexé, effectivement…
En tout cas, cela m’a valu de me débarrasser d’un gênant sans même le vouloir… L a vie est parfois amusante !
Le lendemain, congé national, vers midi aux pieds de Bercy, dans une ville assez vide, j’entendis tout d’un coup des invectives fortes qui emplirent toute la ville jusque-là si silencieuse, ce qui n’est pas commun dans l’habituel brouhaha de Paris.
— « Sale singe ! T’es qu’un sale singe ! »
Ce n’était pas un nom d’oiseau, mais cette insulte fut répétée avec véhémence plusieurs fois. Là, incontinent, j’aperçus un Noir en sweat, la capuche rabattue, l’air renfrogné et les mains dans les poches, s’éloignant rapidement de la source des invectives. La victime était donc un Africain, peut-être un coreligionnaire.
Je marchai plus avant, et l’invective répétée me permit d’en repérer l’auteur : un Maghrébin, encore ! — l’accent le trahissait —, debout près d’une voiture arrêtée en plein milieu de la voie, devant la l’architecture immonde du ministère de Bercy — comme si la laideur du lieu répondait à la vulgarité du spécimen dont nous parlons — moulinant des bras, visiblement très en colère contre le Noir, qui devait être une connaissance.
— « Sales singe ! Je vais même pas t’en***** par-derrière, tu le mérites pas ! Babouin ! Sale singe ! »
Cela doit être cela, le charme bucolique du Paris romantique… avec, c’est nouveau, sa petite touche maghrébine !
Paul de Beaulias
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !