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P. Jean-François Thomas : « Prière pour le roi Louis XVI »

louis xvi prière 21 janvier

Prière pour le roi Louis XVI
Rassemblement sur la Place Royale (Place de la Concorde)
Paris, 21 janvier 2021

Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi-soit-il.

Ce qui se joua en ce sinistre jour du 21 janvier 1793 fut l’acte final d’une destruction programmée depuis l’éruption des dites Lumières. Comme l’a bien vu Honoré de Balzac, « le jour où on a coupé la tête du roi, on a coupé la tête de tous les pères de famille ». Une caricature représenta bientôt le bourreau brandissant la tête du roi martyr avec ces mots sacrilèges singeant la Parole divine : « Ecce Veto » (de l’horrible surnom donné à Louis XVI par les révolutionnaires). Cette exécution fut bien guidée par la haine de Dieu s’en prenant au Lieutenant du Christ dans ce royaume de France. Il faut se souvenir des paroles de saint Cyprien, à l’époque des martyrs :

« Comment se fait-il que les Chrétiens soient jugés par des hérétiques, les hommes sains par des malades … les juges par des coupables, les prêtres par des sacrilèges ? »

Le pape Pie VI, lors du Consistoire secret qu’il tint le 11 juin 1793, déclara clairement :

« Le principal reproche qu’on ait élevé contre lui (le Roi), portait sur l’inaltérable fermeté avec laquelle il refusa d’approuver et de sanctionner le décret de déportation des prêtres, et la lettre qu’il écrivit à l’Évêque de Clermont pour lui annoncer qu’il était bien résolu de rétablir en France, dès qu’il le pourrait, le culte catholique. Tout cela ne suffit-il pas pour qu’on puisse croire et soutenir, sans témérité, que Louis fut un martyr ? »

Dans le même discours, le Souverain Pontife souligna la perversité de la Convention Nationale qui jugea son Roi :

« […] Après avoir aboli la monarchie, le meilleur des gouvernements, elle (la Convention nationale) avait transporté toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de chose par la vérité et en évalue un grand nombre d’après l’opinion ; qui est toujours inconstant, facile à être trompé, entraîné à tous les excès, ingrat, arrogant, cruel… »

Ce jugement pontifical s’applique toujours à notre société et à ses gouvernements successifs qui n’émirent jamais aucun acte de regret et de repentir. Ce Pape, persécuté lui aussi par la Révolution s’écrie, douloureux :

« Ah ! France ! Ah ! France ! toi que nos prédécesseurs appelaient le miroir de la chrétienté et l’inébranlable appui de la foi, toi qui, par ton zèle pour la croyance chrétienne et par ta piété filiale envers le siège apostolique, ne marche pas à la suite des autres nations, mais les précède toutes, que tu Nous es contraire aujourd’hui ! De quel esprit d’hostilité tu parais animée contre la véritable religion ! »

En fait, lors de cet assassinat, le vrai peuple demeura terré dans ses foyers car l’âme française n’avait point péri, celle qui tremblait en entendant les furieux appeler sur eux et sur leurs enfants le sang du juste mis à mort. D’ailleurs lors du procès expéditif, une complainte, sur l’air du « Pauvre Jacques », circula, distribuée et chantée par des milliers de Parisiens angoissés et éplorés. En voici quelques extraits, bouleversants :

« Ô mon peuple ! que vous ai-je donc fait ?
J’aimais la vertu, la justice ;
Votre bonheur fut mon unique objet ;
Et vous me traînez au supplice ! (bis)

Français, Français, n’est-ce pas parmi vous
Que Louis reçut la naissance ?
Le même ciel nous a vu naître tous ;
J’étais enfant dans votre enfance.

Ô mon peuple, ai-je donc mérité
Tant de tourments et tant de peines !
Quand je vous ai donné la liberté,
Pourquoi me chargez vous de chaînes ? (bis)

Tout jeune, encor, tous les Français en moi
Voyaient leur appui tutélaire ;
Je n’étais pas encore votre Roi,
Et déjà j’étais votre père.
Ô mon peuple ! Que vous ai-je donc fait.. etc.

Si ma mort peut faire votre bonheur,
Prenez mes jours, je vous les donne.
Votre bon Roi, déplorant votre erreur,
Meurt innocent et vous pardonne.

Ô mon peuple ! recevez mes adieux ;
Soyez heureux, je meurs sans peine.
Puisse mon sang, en coulant sous vos yeux,
Dans vos cœurs éteindre la haine. (bis) »

Honorons en ce jour la mémoire de notre Roi, prions pour le repos de son âme si, d’aventure, il n’était point déjà dans le sein de Dieu, lui qui s’était consacré avec sa famille au Sacré Cœur de Jésus grâce à son confesseur, le Père Général des Eudistes; François-Louis Hébert, béatifié puisque un des prêtres assassinés en septembre 1792 au couvent des Carmes. Le texte en est conservé, dans lequel le Roi promet de rétablir tout ce qui a déjà été entamé ou détruit dans la religion par la Révolution. Il se termine ainsi :

« Je ne puis aujourd’hui prononcer qu’en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s’il le fallait, et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple. Ô Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j’oublie ma main droite et que je m’oublie moi-même, si jamais j’oublie vos bienfaits et mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation. Ainsi soit-il. »

Écoutons ces vers profonds du grand poète catholique oublié, Armand Godoy, dans Ite Missa est :

« Ce n’est pas pour moi que je demande ta miséricorde.
Ce n’est pas pour moi : c’est pour les autres, pour mes pauvres frères.
J’attends à genoux que ta clémence, Agneau de Dieu, m’accorde
La fin de tous leurs désespoirs et de toutes leurs colères.

J’attends à genoux que le souffle infernal de la Discorde
Devienne azuré baiser de violettes printanières
Et que l’Angoisse aux voix multiples et l’Ennui monocorde
Se taisent à jamais sous le chant lumineux des rosaires.

J’attends à genoux que la sinistre et ténébreuse horde
Des crimes soit le clair essaim des caresses tutélaires.
J’attends à genoux que ta clémence, Agneau de Dieu, m’accorde
La fin de tous les tourments, la fin de toutes les misères.

Ce n’est pas pour moi que je demande ta miséricorde.
Ce n’est pas pour moi : c’est pour les autres, pour mes pauvres frères. »

Que le pardon, donné par le Roi à ses bourreaux et à ses peuples sur l’échafaud, soit accordé à notre pauvre France contemporaine et qu’il lui permette de se convertir, de revenir vers son Dieu et vers son Roi. Que la Très Sainte Vierge nous enveloppe tous dans son manteau de miséricorde en compagnie de tous les martyrs et de tous les saints de France au sein desquels Louis XVI veille sur nous.

 An Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi-soit-il.

 P. Jean-François Thomas, s. j.

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