Politique

[Point de vue] Ainsi irait le monde ?

Quelle est votre vision de la France : favorable à la souveraineté nationale ou pro-européen convaincu ? Cette question divise, exacerbe les passions.

Il paraît pourtant de plus en plus évident que celle-ci ne se pose pas aux politiciens professionnels. Pour preuve, les deux finalistes Républicains au show de la primaire républicaine étaient tous deux participants du groupe Bilderberg. La véritable question à se poser est celle de l’existence réelle de la supranationalité européenne, voire même de la supranationalité mondiale. 

A l’échelle nationale, nous constatons la progressive disparition décisionnelle, aux bas échelons de l’exécutif, bien que les mandats des élus soient préservés, aux frais du contribuable. Le millefeuille républicain a créé un empilage de structures, dont l’objectif louable est une communautarisation des services, visant à une plus grande efficacité.

Dans les faits, les transferts de compétences vers les intercommunalités et les agglomérations sont flous, créent parfois des doublons et, surtout, éloignent le service public… du public. Les fonctionnaires sont regroupés, les services délocalisés, l’exécutif confié à des élus, élus par des élus, qui ne sont plus l’émanation de la volonté du peuple, mais l’émanation de tractations, d’arrangements, d’affinités entre élus.

Bientôt, le maire, détenteur du mandat le plus représentatif et noble qui soit, sera réduit à un rôle d’inaugurateur de chrysanthèmes, d’animateur de commémorations et de fêtes. Le service aux administrés n’est plus assuré à l’échelle locale. Pour autant, le nombre d’élus ne diminue pas, ceux-ci s’accumulent en quatre strates, de la commune à la région, sans oublier les députés. Mais les dotations budgétaires des communes se réduisent et ces dernièresi sont de plus en plus ponctionnées sur les recettes.

L’administré est désormais habitué à s’entendre répondre à une requête municipale par : « ce n’est pas de mon ressort, mais de celui de la communauté de communes, de l’agglomération, de la métropole… ». L’univers de Kafka n’est plus très loin. 

Et pourtant, ces restructurations et ces regroupements avaient été vendus au peuple français sous le label d’économies d’échelles avec, à la clé, une baisse de nos impôts. Il n’en est rien. Chaque année, la République ponctionne un peu plus nos revenus, sans s’imposer de cas de conscience. Jour après jour, l’idéologie mondialiste fait monter d’un cran supplémentaire les prérogatives vers le sommet de la pyramide, délaissant le peuple à ses problèmes.

Posons un instant l’ensemble des institutions françaises et européennes sur un côté de la table. De l’autre, placez-y tous les arguments, en faveur d’une ouverture massive de nos frontières et une politique d’immigration imposée. Au centre, placez un récipient dans lequel vous avez, en préalable, versé l’action de la classe politique, sous une forme liquide.

Prenez une cuillère, mélangez, goûtez, avec une langue de bois. Le premier goût ressenti sera aigre, acide. Ajoutez-y les institutions et faites chauffer le tout, sur un feu doux. Vous obtenez une pâte solide, sur laquelle apparaît bientôt une mousse légère, celle du discours politique, masquant tout cet imbroglio. La fumée, qui s’évapore en chauffant, est celle de nos prérogatives, de notre indépendance, mais surtout celle de notre liberté individuelle.

Ajoutons ensuite un assaisonnement d’immigration subie, imposée et non choisie. Vous obtenez un bloc opaque, une masse sombre aux contours obscurs qui enfle, finit par engloutir le récipient et se répand  sur la table. Personne ne sait précisément à quoi sert l’institution européenne, sauf à nous contraindre par des règlements imposés, par des fonctionnaires non élus.

Oui à la disparition des frontières, oui aux normes européennes, oui à ceci, oui à cela… A ce qu’on dit, nous ne pouvions pas faire autrement, c’est l’évolution logique des marchés. Question : dans quel intérêt pour les Français ? Qui en a profité ? Qui en profite ? Qui en profitera encore davantage demain ? 

Il n’est plus possible de faire encore croire aux Français que l’on vit de mieux en mieux, en France. Nous sommes pourtant une force vive brillante, qualifiée et reconnue, mi- saxonne et mi- latine. Celle-ci s’exporte bien et demeure recherchée. Mais l’exécutif a abandonné notre économie, bradé de grandes entreprises, accompagné notre désertification agricole et industrielle pour répondre aux exigences du capitalisme mondial.

Lorsque l’on dit mondial, il faut entendre : le système financier américain, tout puissant, mais désormais sérieusement concurrencé. Certains événements qualifiés de « réactions protectionnistes épidermiques » viennent contrarier les desseins de longue date. L’élection inattendue de Trump va ainsi modifier relativement les relations entre nations. Mais rien n’est remis en cause, la raison de l’argent supplantant toujours la raison politique.

Cette puissance influence, finance, pilote l’économie l’européenne et son microcosme politique efficacement. Les nations ne signifient plus grand-chose. L’Europe est l’organe d’expression, voire l’outil d’un autre continent. Les peuples ne sont plus rien. Pourtant les Français s’enthousiasment encore pour une élection, dont tous les candidats sont les vassaux de ce mode mondial. 

Même costume, même cravate, parfois de travers : leurs échanges sont insipides. Une femme hurle au loup, mais siège et vit de l’assemblée qu’elle dénonce. Le simulacre d’élection sert de divertissement aux citoyens. Ils doivent choisir entre prétendants usés jusqu’à la corde, ou chanteurs d’opérette. Ils se différencient sur un seul dixième du curseur du modèle qu’ils représentent.

L’objectif de cette supra puissance mondiale américaine est de peser sur les décideurs européens, afin de renforcer son hégémonie sur l’économie européenne. Nous connaissons les méthodes. La plus efficace est l’éternelle auto-culpabilisation induite, afin de faire taire tout le monde, sous la doctrine de la soumission au bien-pensant.

Ainsi, on nous assène régulièrement l’argument que la France n’est pas une race, mais le mélange de peuples. Certes. Mais il s’avère que précédemment, les vagues européennes avaient à cœur de s’intégrer à la société française. Le problème religieux fait que, désormais, les vagues successives ont majoritairement refusé l’intégration et que l’Etat français n’a pas su, non plus, intégrer cette migration. Pas su ou pas voulu ? Diviser pour mieux régner ? Qu’il nous apporte les preuves d’une volonté contraire.

De même, une partie de la population doit travailler davantage, plus longtemps, dans des conditions qui se dégradent sans cesse, pour une autre qui ne travaille pas, ou mal, ou pas assez. Une autre minorité n’en a pas envie, en autosuffisance avec le modèle social. Encore des clivages subis et accentués par les politiques qui refusent de concevoir le partage du travail : trop compliqué et sans intérêt pour eux.  

En ne s’attelant volontairement pas aux véritables réformes structurelles, en choisissant les réductions d’effectifs, les reculs sociaux, le matraquage des salariés et fonctionnaires, les partis imposés guident le pays vers la division et, finalement, vers l’affrontement. La France dispose de tous les atouts pour réussir et s’épanouir. Encore faudrait-il le vouloir, pour le pouvoir. 

La réflexion fondamentale doit porter sur cette grande réforme structurelle et institutionnelle de la France. Les Français doivent avoir le choix de leur avenir. Mais on préfère « noyer le poisson », leur parler d’adoption, d’homosexualité, d’IVG, de religion, renforçant les clivages. Bouger les curseurs alimente les débats, mais ne renouvellera en rien un mécanisme institutionnel injuste, usé et dépassé.

On a presque réussi à faire oublier l’identité française, son passé glorieux, sa liberté de penser, d’agir, d’avoir le choix de participer au destin du pays. Etre français n’est effectivement pas une race, car c’est bien plus que cela. C’est de prendre conscience que chacun, sous une identité commune mais malheureuse, peut contribuer à changer les choses. Le problème est que le Français réagit rarement, mais violemment. 

Or, il est las de subir. Maximilien de Robespierre déclarait : « La démocratie est un état où le peuple, guidé par les lois, qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire et par des délégués ce qu’il ne peut pas faire lui-même ». Qui sont nos délégués ? Les éternels participants d’un système archaïque de partis qui représente des intérêts bien supérieurs aux nôtres.

Ouvrons l’œil. Car le débat n’est plus de sauver ou d’offrir notre souveraineté nationale. Le débat est de savoir si nous voulons encore de notre souveraineté personnelle, de notre liberté, de notre égalité, de notre fraternité. La République n’a clairement pas l’intention d’assumer ce qu’elle prétend encore être. La volonté politique est contraire à l’intérêt de la France et des Français. De nombreux élus sont persuadés que « nous allons dans le mur ». Certains d’entre eux commencent à l’avouer publiquement.

Il faut sans tarder commencer à construire l’après… 

Philippe de La Grange

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