Politique

« Marche Anti F-Haine » de Lyon : réplique sismique

Les répliques sismiques sont toujours moins fortes que la secousse initiale. On me pardonnera sûrement de céder au plaisir facile de filer la métaphore géologique sur ce point, mais il est vrai que les diverses « marches contre le F-Haine » (sic) du 29 Mai étaient caractérisées par leur manque d’ampleur générale.

Si l’on en croit Police et Organisateurs, la marche Lyonnaise comptait entre 700 et 1000 participants. Pour ma part, n’ayant pu procéder à un comptage ni demander l’avis d’un fonctionnaire de police sur place, je pencherais plutôt pour la valeur basse de cette fourchette.
La préfecture n’avait pas donné l’autorisation à ce que la « marche » en soit vraiment une, et les manifestants furent obligés de rester sur la Place des Terreaux, devant l’hôtel de ville de Lyon.

La « Marche » commençait vers 11h00, mais n’ayant pu me libérer avant 12h j’arrive sur la place des Terreaux vers 12h15.

Avant de déboucher sur la place, j’entends le désormais classique slogan « F comme Facho et N comme Nazi » qui résonnent sur les murs du palais Saint Pierre. L’ambiance bat auriculairement son plein !

Sur le coté de la rue du président Edouard Herriot, une dizaine de véhicules de CRS est rangée. Mais à peine suis-je arrivé à leur hauteur que ceux-ci démarrent et s’engagent dans la rue du Plâtre. On ne les verra plus, ce qui est d’importance pour la suite.

Sur la place des Terreaux, la situation est assez bon enfant, j’en profite pour faire quelques photos, notamment des pancartes et des drapeaux. On trouve de tout : écologistes, Antifa qui me regardent  d’un sale œil (je n’ai pas pris la peine de me « camoufler »), jeunes socialistes, drapeaux arc-en-ciel… L’ambiance serait même très agréable si le point Godwin n’était pas si fréquemment atteint, si on ne me regardait pas avec dégoût et s’il y avait un vendeur de saucisses. Cependant je savais à quoi m’attendre en venant, sauf sur le dernier point qui m’a légèrement pris au dépourvu.

Je croise sur ces entrefaites un de mes amis avec qui j’engage la conversation, ce qui tombe bien puisque la batterie de mon appareil photo sombre dans l’objection de conscience et la désertion pure et simple.

L’occasion pour moi de mener une petite interview[1] de derrière les fagots. Cette interview commence sur la place des Terreaux.

Durant l’interview, j’observe du coin de l’œil le reste du rassemblement. A un moment je vois confusément du mouvement, à l’opposé. Puis une voiture arrive, des gens qui semblent faire partie de l’organisation montent dans le véhicule et s’en vont. Peu après la place semble se vider un peu. Un pétard explose dans le lointain, les forces de police s’éloignent. Tout le monde cherche les organisateurs, mais personne ne semble les trouver : la manif commence à sentir le caramel au beurre salé. Nous décidons de poursuivre l’interview ailleurs, dans un lieu à l’ombre et où on peut se rafraîchir, malgré les grandes eaux de la fontaine, conçue par Bartholdi, qui occupe la place des Terreaux, nous portons notre choix sur un café.

Une fois l’interview effectuée, comme il ne reste plus grand monde sur la place ET que les organisateurs semblent avoir pris la tangente, je décide de rentrer chez moi, avec le sentiment du devoir journalistique (bénévole) accompli.

Qu’elle n’est pas ma surprise de croiser, sur le chemin, un cortège « sauvage » encadré par des policiers municipaux à l’air débordé, et qui semble avoir regroupé tout ce que le mouvement initial comptait de plus sympathique : P.C.F en tête de cortège, N.P.A à la fin (cela évite que les staliniens et les trotskystes se traitent de déviationnistes pendant la manifestation) le tout entrelardé de punks et d’antifas et même de quelques femmes voilées, mais surtout de jeunes étudiants un peu bobos.

Cette marche, qui me semble complètement impromptue, est encadrée assez mollement par des policiers municipaux en chemisette à manche courte, ce qui incite à tout, sauf au respect. Je suis alors renvoyé aux manifs contre le mariage dit  « pour tous » de l’année dernière qui, même sans autorisation, étaient systématiquement encadrées par des CRS et des gendarmes mobiles en tenue anti-émeute, la BAC et les RG… Mais les CRS semblent bien avoir disparu dans la rue du Plâtre, pourtant courte, étroite et dénuée de tout endroit où l’on puisse se perdre.

L’égalité républicaine, c’est avant tout une question de personnes et d’opinion, visiblement !

Roman Ungern

[1]    Vous retrouverez cette interview prochainement sur Vexilla Galliae

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