Politique

La loi Macron et la disparition des jours fériés catholiques

La loi Macron a fait couler beaucoup d’encre. Certains la jugent trop libérale, d’autres par trop timide. L’aile gauche du Parti Socialiste y a vu l’opportunité de montrer son existence et sa capacité de nuisance en appelant à la fronde contre un gouvernement qui trahirait les idéaux de la gauche. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui emportent la mise en ayant réussi à focaliser sur leur petite troupe l’attention des médias. Du coup, les débats n’ont pas été particulièrement suivis par la presse. D’une part parce que le nombre d’amendements discutés était pharamineux, ensuite parce qu’il s’agissait de discussions plutôt techniques, et à tort ou à raison, les folliculaires ont pensé que cela raserait le lecteur.

Profitant de l’impasse médiatique sur les débats, six députés des DOM-TOM en ont profité pour déposer un amendement (n° 29-92) visant à ajouter un article à la loi Macron. La fronde parlementaire ayant fait le choix de focaliser une bonne partie de son opposition sur la question du travail le dimanche, même si les raisons n’ont rien à voir avec le respect de la tradition catholique, ces députés ultramarins ont saisi l’opportunité en toute discrétion. L’objet de cet article est de permettre aux préfets de ces territoires de remplacer des jours fériés catholiques par d’autres. Comme il se doit, en bons laïcards ils ont visé le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption et la Toussaint.

À l’occasion des discussions concernant cet amendement, Emmanuel Macron a fait part de ses réticences, notamment quant au risque d’inconstitutionnalité, mais en définitive, le texte a été adopté via la procédure du vote à main levée. La liste des jours fériés modifiables a même été quelque peu allongée dans le but de ne plus considérer le 1er janvier et Noël comme jours fériés. Le républicain étant particulièrement précautionneux pour tout ce qui relève de son pré carré, de ses marottes, précaution a été prise afin de garantir que le texte de loi, dans son article 82 bis, précise que les dates du 1er mai, 8 mai, 14 juillet et 11 novembre ne puissent pas être remplacées par un autre jour férié local.

On aurait tort de considérer l’adoption de cet amendement comme une lubie ultramarine, un particularisme local qui ne remettra rien en cause. Ce serait oublier que les républicains ont pris l’habitude de recourir à la méthode des petits pas, autrement appelée « technique de la porte entrouverte ». La mécanique est simple. Plutôt que de risquer une opposition frontale, comme ce fut le cas au début des années 80 lorsque les Français descendirent pour défendre l’école privée, ils font le choix du compromis en faisant adopter un texte qui apparaît comme un compromis censé satisfaire toutes les parties. Mais eux considèrent qu’il ne s’agit que d’une étape. Lorsque le PACS fut adopté, ils avaient tous juré qu’il n’y aurait jamais de mariage homosexuel. La suite, nous la connaissons. Il faut bien avoir à l’esprit que la moindre concession consentie est prise comme une avancée, et que le combat doit continuer pour encore et toujours plus de nouveaux droits et de « progrès ».

Soyez assurés que les républicains dans quelques mois ou années s’empareront de cet amendement adopté pour s’attaquer à l’existence de ces mêmes jours fériés chômés en France métropolitaine. 

Pierre Guillemot 

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