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In Memoriam Hervé Pinoteau

Baron Hervé Pinoteau

Nos liens familiaux m’avaient donné la chance de rencontrer à de nombreuses reprises Hervé Pinoteau, enterré ce matin à Versailles.

Parce qu’elle s’était tenue à l’écart de l’Université, peut-être, lui préférant les sociétés savantes et les activités de service, sa vaste érudition n’avait écrasé ni l’énergie ni le franc-parler de ce traditionaliste complet.

Hervé Pinoteau était né en 1927 dans une famille qui fournit des chirurgiens à la Royauté et un général à la Révolution, puis à l’Empire. Il avait été marqué par le désastre de la guerre de 1940 et l’horreur des bombardements de Royan en 1945. Un jeune soldat allemand — me racontait-il — avait gémi « Mutti ! » (« Maman ! ») dans une mare de pétrole en feu non loin de lui.

Français sincère, il se fit royaliste pour relever un pays abîmé et fut d’abord de bonne foi Blanc d’Eu. Je n’ai pu identifier le secrétaire général de l’Élysée dont il me disait qu’il l’avait mis sur la voie des Bourbons-Anjou. D’autres sources évoquent une connaissance royannaise : le comte Espierre.

Le baron Pinoteau acquit en tout cas une connaissance extrêmement fine des lois fondamentales du royaume de France et sut que le roi titulaire était Jaime, duc de Ségovie, fils cadet de feu le roi d’Espagne Alphonse XIII.

Soixante ans durant, la plupart des Blancs avaient été abusés par la Maison d’Orléans. Hervé Pinoteau s’occupa de les détromper. À la suite d’un Raoul de Warren et d’un Michel Josseaume, avant Guy Augé, avec son ami Pierre de La Forest-Divonne, avec Patrick Esclafer de La Rode, Hervé Pinoteau entreprit de « croire et « vouloir ».

En 1954, il rencontre le prince dont son travail généalogique a reconnu les droits : Henri VI de France (r. 1941-1975) et le sert à partir de 1955. Il sera son chancelier comme celui de son fils Alphonse II (r. 1975-1989) et du fils de ce dernier Louis XX (r. depuis 1989). Il prend part à la création du secrétariat du prince Alphonse en 1962, de celui du prince Henri (Jaime) en 1967 et de l’Institut de la Maison de Bourbon (IMB) en 1973.

À la Légitimité, il fournit le double concours de son savoir et de son entregent. L’équipe rencontre de vrais succès pour faire connaître les Princes : glissant ici dans Le Monde le rappel de la légitimité de Henri VI, l’emportant là en justice contre deux autres Capétiens : le duc d’Aranjuez et le comte de Paris, au sujet de l’emploi des pleines armes de France.

Le Secrétariat du Prince et l’IMB sont toujours les vaisseaux-amiraux de la flotte légitimiste. Cette flotte a grossi depuis lors, tant la situation française s’est dégradée et la figure du prince Louis de Bourbon, au contraire, affirmée. Outre le blog du Prince, legitimite.fr, le Mémorial de France à Saint-Denis (MFSD) et la Confrérie royale, il faut citer les cercles de l’Union des cercles légitimistes de France (UCLF), Présence du souvenir bourbonien (PSB) et les sections du Cercle d’action légitimiste (CAL), les sites internet viveleroy.fr (UCLF) et Vexilla Galliae (CAL), Lys de France et le Bourbon-Club, sans oublier les publications : Les Nouvelles de l’Institut, La Gazette royale et La Légitimité.

Le baron Pinoteau fut aussi un héraldiste, un vexillologiste et un phalériste français d’envergure mondiale. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages et d’un millier d’articles environ, il dessina par ailleurs les armoiries de la République du Tchad et celles des Pays-de-Loire. Hervé Pinoteau décrivit encore le symbole et le drapeau de la Polynésie française.

Cette « conscience du légitimisme » – comme l’appelait Daniel de Montplaisir – était décorée des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Michel, de la Légion d’honneur, de Saint-Georges, d’Alphonse X le Sage et de l’Infant Henri.

Que cet ardent catholique repose en paix !

Luc Le Garsmeur
Président du Cercle d’Action Légitimiste (CAL)

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