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Tunisie : le salafiste qui veut « fumer » les chiites !

Le développement politique en Tunisie a fait réapparaitre sur la scène un personnage que
l’ on croyait disparu.

Il s’agit d’Abu Yadh, principal meneur de la mouvance salafiste en Tunisie.

Comme nous l’avions mentionné dans notre précédent article, la Tunisie avait vu se former des milices, sur le modèle des Gardiens de la révolution iraniens. Il semblerait que ces différentes milices se soient formées sous l’impulsion d’Abu Yadh, dont l’ardeur révolutionnaire n’est pas à remettre en cause par ailleurs.

Nous aurions donc une tentative de révolution islamique sunnite radicale, en réponse à la révolution iranienne chiite. Le contexte, malheureusement, est celui d’une radicalisation du salafisme (on ne pensait pas que le salafisme pouvait se radicaliser plus encore !!!) dans l’ensemble du monde musulman.

Nous rappellerons la propagation de la dialectique du djihad armé, notamment vers le Mali et la Syrie.

La ferveur révolutionnaire des Printemps arabes est l’étincelle qui a permis aux groupes salafistes d’obtenir une dimension encore plus internationale (l’ oumma des musulmans était déjà une réalité, mais elle s’est teintée d’un vécu commun que furent ces révolutions)…

On pourrait presque dire que nous suivons le même schéma que les mouvements communistes et anarchistes dans la suite de la Révolution d’ Octobre 1917… des mouvances révolutionnaires et idéologisées, en solidarité entre elles.

Les salafistes le montrent bien. On estime entre 500 et 700 les combattants tunisiens en Syrie, et l’on ignore encore combien se battent au Mali. Ces différents réseaux ont largement profité du pillages des dépôts d’armes au fil des agitations révolutionnaires dans les différents pays du Maghreb et du Machrek.

Les liens entre ces groupes salafistes, violents et probablement armés, avec les partis islamiques, sont difficiles à établir, mais il semble bien que ces derniers soient soucieux de flatter un électorat islamiste dont ils ont besoin pour établir leur pouvoir sur les gouvernements.

Dans le cas de la Tunisie, selon Hamadi Redissi pour El-Watan :  « Ennahda vous dit que si vous ne le suivez pas, vous aurez affaire aux troupes d’Abou Yadh. Il s’agit donc d’un autre épisode du même feuilleton que la Tunisie continue à vivre depuis les élections du 23 octobre. À chaque fois qu’il y a blocage, les salafistes sortent sur le terrain pour faire régner la terreur et Ennahda joue les sapeurs-pompiers ».

Ennahda semble donc jouer à un jeu plutôt dangereux : cherchant à se servir des salafistes pour imposer la nécessité de son pouvoir autoritaire, le parti est à la fois le marteau et l’enclume.

Mais il n’est pas dit que les salafistes ne se rebellent pas contre Ennahda dont la modération: « a choisi la voie de la laïcité, bien loin de l’islam et de la charia » (sic !). Prévoyant, Abou Yadh tente de désengager les troupes salafistes de Syrie et du Mali, les rappelant en Tunisie qui pourrait, selon ses propres termes « devenir une terre de djihad »…

Force est de constater que la situation, sous le silence des médias occidentaux qui sont passés à autre chose, est en train d’empirer.

 Roman Ungern

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