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Peut-on réformer l’école ?

L’Ecole, en France, n’assure plus sa mission, c’est le moins que l’on puisse dire. Elle laisse sur le bord de la route nombre de jeunes démunis des acquis nécessaires à leur insertion sociale, et ce malgré l’allongement général de la scolarité jusqu’à au moins dix-huit ans.

Les lacunes de ces jeunes tournent essentiellement autour de la notion d’illettrisme. Elles affectent aussi leur aptitude au calcul et leurs connaissances scientifiques, historiques et géographiques de base. Cependant, la capacité à lire et à écrire sans difficulté apparaît comme centrale dans la mesure où elle étaie largement l’aptitude à suivre un raisonnement, à saisir et former des concepts, à argumenter et, finalement, à comprendre. Or, à cet égard, les enquêtes réalisées par divers organismes officiels sont éloquentes. Déjà en 1989, le rapport Migeon et une enquête menée dans les collèges révélaient qu’environ 40% des élèves entrant en sixième ne savaient pas lire correctement ni comprendre un texte simple. Une enquête conduitepar l’Observatoire national de la Lecture (ONL) en 1995 montrait que 20% des jeunes de moins de 20 ans étaient « faibles [c’est-à-dire mauvais] lecteurs », que 33% de ceux qui avaient quitté l’Ecole en fin de troisième étaient illettrés, que 3% ne pouvaient lire qu’en isolant chaque mot d’un texte et ne dépassaient donc pas le stade du déchiffrage, que 4% ne lisaient facilement que des phrases simples, et que 12% ne parvenaient pas à lire, même superficiellement, un texte simple et court. C’est donc que

Un tiers des jeunes de moins de 20 ans n’est pas capable de comprendre une phrase simple

Le ministère de l’Education nationale lui-même admettait, en 1999, que 71% des jeunes quittant le système scolaire sans qualification présentaient des déficits sévères en français et en mathématiques depuis l’école primaire. Nous en sommes toujours là. La conséquence est facile à comprendre : même si la croissance en France redémarrait, bien des jeunes ne pourraient être embauchés car incapables d’avoir le minimum d’autonomie nécessaire dans la plupart des postes qu’on pourrait leur offrir.

Comment en est-on arrivé là ? L’Ecole siège au cœur des passions politiques et des emballements idéologiques de notre peuple. Les républicains l’ont érigée en palladium de l’émancipation et de la dignité de l’homme, de l’égalité et de la justice, lui accordant une place sans équivalent à l’étranger. Les républicains de stricte obédience voient en elle l’âme et surtout la matrice de la démocratie puisqu’elle instaure l’égalité de l’accès à l’instruction, assure censément la promotion des enfants méritants du peuple et fait de tous les jeunes de bons citoyens. Les républicains avancés la considèrent comme l’instrument propre à l’édification de la société idéale, c’est-à-dire à la fois égalitaire et individualiste, lors même que ces deux caractéristiques se contredisent. Les Français voient en elle la clef de toute réussite, un merveilleux « ascenseur social ».

C’est l’absurdité du rêve soixante-huitard d’une société où tous les hommes sont égaux

Un syndicat de professeurs, le SNALC-FGAF, le deuxième syndicat représentatif des professeurs du second degré, a élaboré un projet de réforme intitulé « Vers un collège modulaire ». Il remet évidemment en question le « collège unique », censé mettre dans le même moule des élèves aptes à suivre des études supérieures et d’autres, qui trouveraient un bien meilleur épanouissement personnel si on leur donnait la possibilité d’apprendre un métier leur permettant d’entrer plus rapidement dans la vie professionnelle. C’est là encore l’absurdité et l’irresponsabilité de l’idéologie soixante-huitarde qui ne cesse de dénigrer l’industrie et le travail manuel.

Inutile de dire qu’il n’y a aucune chance que ce syndicat se fasse entendre. Car nos députés, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont élus en bonne partie grâce au lobby enseignant qui campe sur ses positions idéologiques et ne veut surtout rien changer.

Nous voyons là où mène la démocratie : au blocage de toute grande réforme nécessaire. Rappelons au passage qu’il en est de même dans le domaine des retraites, dont la réforme n’est toujours pas aboutie après un chantier qui a démarré à l’orée des années 90 !

Seul un roi, arbitre au-dessus des groupes de pression, peut mener les réformes nécessaires.

                                                                                                                  Georges Tartaret

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