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[Point de vue] Tous réactionnaires ?

Non, je ne veux pas être Charlie… Surtout pas.

Les habitants de la France — pas tous, quand même — se sentent tout à coup solidaires des victimes du dernier fait d’armes de ce 7  janvier 2015. Ils l’avaient été aussi lorsque l’équipe de fouteballe a-nationale avait gagné la coupe du monde… C’est dire. Même solidarité : celle des tripes qui les fait vomir, gargouiller de l’estomac ou se précipiter aux chiottes parce qu’ils ont trop bouffé de foie gras. Ça passera, comme une gastro méritée.

Évidemment, il faut avoir une pensée pour ces victimes : notre foi, notre charité et notre espérance en Dieu nous y obligent. Et, ces victimes, même et surtout parce qu’elles n’ont jamais cessé de moquer notre catholicisme et toutes les religions, sauf peut-être le judaïsme, ont eu droit de ma part à une prière pour faire au mieux, surtout si elles ont pu se convertir dans le temps de la fusillade : court mais pas impossible.

Parmi les victimes, il y en a de plus à plaindre, qui méritent notre compassion parce que l’on va les oublier très rapidement. Pas les cinq dessinateurs-journalistes, pas l’économiste Bernard Maris, pas le fondateur du festival les rendez-vous du carnet de voyage, Michel Renaud, venu négocier une collaboration avec l’heb-domadaire, avec son secrétaire général, Gérard Gaillard, qui a pu, lui, s’abriter dans un angle de tir délaissé ; pas la seule femme tuée par les islamistes, la psy de service bimensuel, Elsa Cayat.

Mais les petits, les sans-grades, ceux qui étaient là, par obligation, ou sur ordre, ou par hasard, sur le chemin des tueurs, soudainement exposés : le correcteur de Charlie Hebdo, tué par les balles de ses frères musulmans, Mustapha Ourrad ; l’agent de maintenance, Frédéric Boisseau sans appartenance à Charlie (encore moins maintenant), le policier du Service de protection des hautes personnalités, Franck Brinsolaro, chargé d’assurer la protection du dessinateur Charb, menacé depuis la publication de caricatures de Mahomet et tué dans la salle de rédaction, sans pouvoir riposter.

L’autre policier en patrouille dehors, Ahmed Merabet, de la brigade VTT du XIe, tué sans avoir dégainé, suppliant en vain — C’est bon chef ! Soumission déjà ? —, bien sûr, son assassin de l’épargner ; les blessés, les choqués (médicalement), les proches qui ont perdu leur père ou leur époux, leur maman peut-être, qui vont devoir vivre avec les rescapés… Ceux-là ont déjà disparu des medias, ils n’ont même pas été évoqué…

Alors, je suis Charlie, vous êtes Charlie ?

Mais ce qui ne passe pas, ce qui ne passera pas, peut-être, c’est l’incompétence, l’inconséquence, l’immense irresponsabilité qui caractérisent, visiblement désormais, les zélus du premier au dernier, tous les partis républicains, les medias, toutes les institutions, y compris l’Église qui est en France — sonner le glas pour des iconoclastes alors que l’on accepte de ne plus faire sonner ordinairement les cloches par crainte de déranger, de rappeler chaque jour, chaque heure la présence, parmi nous, de notre Dieu !

Incompétence, inconséquence, irresponsabilité du président et des ex-présidents, des ministres de tous bords, des parlementaires, des journalistes de toutes obédiences qui nous trompent sur leur zèle prétendu à nous rassembler, à vouloir nous unir contre ce qu’ils ont protégé, promu et encouragé, pour se défausser sur l’émotion suscitée par l’événement, quel qu’il soit. Soit disant parce qu’il n’est pas acceptable alors qu’ils font tout pour qu’il se produise…

Cessons d’être réactionnaires sur les effets, les conséquences, les drames engendrés. Réveillons-nous, s’il se peut encore ; s’il n’est pas déjà trop tard pour contrecarrer cette République rendue déliquescente par l’oligarchie au pouvoir.

Non, je ne veux pas être Charlie !

Gérard de Villèle

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