Chretienté/christianophobie

Les clercs sont-ils des sous-citoyens ?

Conformément à une tradition républicaine bien établie, l’Elysée vient encore une fois de fouler les plus élémentaires convenances et les lois tacites de toute démocratie et de tout Etat.

En effet un certain nombre de membres du comité National d’éthique, nommé par l’Elysée pour représenter les différentes options philosophiques du Peuple de France n’a pas été renouvelé.
Pire encore, l’Elysée n’a pas jugé opportun de nommer un seul clerc, quelle que soit sa confession, assumant une posture anticléricale très marquée qui rappelle grandement les funestes heures de la troisième république.

Si toutefois Xavier Lacroix, philosophe et théologien, continuera à représenter la foi catholique au sein du CCNE, on ne peut que s’inquiéter de la décision, justifiée par Didier Sicard, président d’honneur du CCNE en ces termes:

“Prendre des personnalités civiles et non des personnes inscrites dans la hiérarchie religieuse est une bonne chose, car ces dernières finissent toujours par engager leur religion dans le débat.”

Pour l’Elysée il s’agit tout simplement de « revenir aux principes qui ont présidé à la création du CCNE en 1983 » en faisant représenter les courants religieux par des laïcs. 

Mais à quel titre exclure les religieux de ce genre d’initiative ? Sont-ils des sous-citoyens ? Leur qualité de clerc altère-t-elle leur raison ?
On pourrait sûrement faire remarquer qu’il y a là dans la volonté de l’Etat un acte profondément anticonstitutionnel. En effet, la déclaration des Droits de l’Homme de 1789, approuvée par notre souverain Louis le Seizième mentionne dans son article 6 :

« La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »

Rappelons que la déclaration de 1789 a valeur constitutionnelle, et que le Comité Consultatif National d’Ethique, selon ses textes fondateurs et notamment l’article 2 du décret présidentiel n°83-132,  concourt à l’élaboration de la Loi en étant consultable officiellement par l’Assemblée Nationale.

Notons enfin qu’il n’est nulle part mentionné dans les textes fondateurs du CCNE que les clercs en sont exclus de facto.

Ainsi ce « retour » aux principes fondateurs s’avère être avant tout un marqueur de l’évolution de l’anticléricalisme dans ce pays.

On peut enfin signaler que le premier irresponsable de France nomme à ces places qui bon lui semble répondre à ses désidératas idéologiques. Après l’affrontement des derniers mois on aurait pu attendre de l’Élysée un geste d’apaisement.

Il semble que le Président ne songe qu’à dégrader encore un climat qui l’est déjà bien assez.

Le conflit semble inévitable.

                                                                                                                                      Roman Ungern

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