Chretienté/christianophobie

L’Épiphanie est un mystère de lumière, l’amour de Dieu

L’Épiphanie est à l’origine une fête païenne où l’on célébrait les épiphanes (“certains rois hellénistiques et certains dieux qui étaient favorables aux humains” – mediadico.com). L’Épiphanie a été christianisée et célèbre aujourd’hui la visite des rois mages à l’enfant Jésus. Elle se fête en France le 6 janvier. Ce jour est aussi celui du premier miracle des noces de Cana et avant tout la date de baptême du Christ. Le mot “Epiphanie” vient du grec “Epiphaneia” qui veut dire “manifestation, apparition”. Cette tradition est devenue une tradition populaire et familiale. Elle donne à la galette toute sa dimension religieuse et festive. La galette des rois, briochée ou à la frangipane, servie à l’épiphanie, est une recette typiquement française qui existait bien avant l’épiphanie. Elle était partagée en autant de parts que d’invités, plus une part dite “la part du Bon Dieu”, destinée au premier pauvre qui se présentait. La fève dans la galette des rois tirerait son origine au temps des Romains. Au début de janvier, les saturnales de Rome (grandes fêtes de l’Antiquité romaine en l’honneur de Saturne) élisaient le roi du festin grâce à une fève noire ou blanche. Aujourd’hui, les fèves sont devenues des figurines en porcelaine, plus ou moins belles, selon le fournisseur. Il se dit que depuis 1975, les boulangers-pâtissiers qui préparent chaque année la galette de rois de l’Élysée n’y ajoutent pas de fève afin que le Président de la République ne puisse pas être couronné. Il ne manquerait plus que cela !

L’Épiphanie se fête donc avec allégresse le 6 janvier pour la présentation de Jésus aux rois mages. On dit aussi le Jour des Rois. Ne soyons pas hypocrites en prétendant que s’il n’existait pas dans les pâtisseries et autres lieux de commerce ces galettes des rois, la tradition aurait continué à se maintenir. Il nous faut indiscutablement à nous mortels des rappels matériels pour nous préparer à cet événement. Il serait seulement souhaitable qu’en plus de la couronne, un rappel des faits soit inscrit sur la couronne. Trop nombreux sont ceux qui ignorent tout de l’historique de cette galette des rois.

Les mages représentent les trois continents : l’Asie, l’Afrique et l’Europe, c’est à dire le genre humain. Ils sont trois, comme les trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet. C’est à partir de ces trois fils que toute la terre fut peuplée, selon le récit de la Genèse (IX, 18-19). À partir du XIIe siècle, les rois mages sont célébrés par l’Église. On invente des reliques à Milan. Elles sont transférées à Cologne par Frédéric Barberousse. La châsse des rois mages (Dreikönigenschrein en allemand) est aujourd’hui conservée dans la cathédrale de Cologne.

L’Adoration des mages devient, à partir du XVe siècle, un thème prisé par les peintres. C’est aussi un moyen de présenter l’universalité du christianisme. Melchior représente l’Europe, Gaspard l’Asie, et Balthazar (au teint sombre) l’Afrique. Ainsi, le premier mage, Melchior, vieux et blanc, barbu et chevelu, offre de l’or, symbole de la royauté. Le second, Gaspard, jeune imberbe au teint rouge, offre de l’encens, symbole de la divinité. Le troisième, Balthazar, barbu au teint sombre, offre de la myrrhe qui rappelle que le Fils de l’homme est mortel.

L’Épiphanie a lieu 12 jours après Noël. Ces 12 jours représentent aussi le décalage entre le calendrier lunaire et le calendrier solaire. Une année fait 12 mois lunaires (à l’origine le mois représentait la période entre deux nouvelles lunes, soit 29,5 jours). Cela fait un total de 354 jours. Il faut ajouter presque 12 jours (comme les 12 mois de l’année) pour atteindre l’année solaire. 6 jours après Noël et 6 jours avant l’Épiphanie, se déroule le passage à la nouvelle année. Autrefois, on fêtait le jour de l’an, la circoncision de Jésus. Comme tout enfant juif, elle se déroulait 7 jours après la naissance.  Dans le Nouveau Testament, le terme ἐπιφάνεια est utilisé pour désigner l’avènement (en latin adventum, dans la Vulgate) du Christ et de son règne : « Et maintenant, voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, qu’en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, lui le juste Juge, et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition ». (Deuxième épître à Timothée, IV, 8, Bible de Jérusalem). Le terme ἐπιφάνεια est aussi utilisé pour désigner la manifestation de Jésus Christ sur terre (en latin inluminatio,-onis, dans la Vulgate, d’où illumination en français) : « cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Évangile. » (Deuxième épître à Timothée, I, 10, Bible de Jérusalem).

En Grèce, la fête porte le nom de Θεοφάνια : la théophanie, c’est la manifestation de Dieu (Θέος, Théos) qui s’est fait homme en Jésus. Dans l’église orthodoxe, on célèbre ce jour-là le baptême de Jésus dans le Jourdain. Cet événement s’est déroulé une trentaine d’années plus tard. Ce n’est pas une fève que l’on tire, mais une croix que l’on repêche dans l’eau. Le prêtre lance une croix et c’est au premier baigneur qui la retrouve…

La naissance de Jésus est racontée par deux Évangiles : Matthieu et Luc. Selon Luc, ce sont des bergers qui viennent rendre hommage à Jésus ; selon Matthieu, ce sont des mages. Le texte biblique emploie le terme de mage, du grec μάγος. En général, un mage désigne à l’origine un prêtre perse ou mède (par exemple, originaire de Babylone). Ils étaient réputés pour leur connaissance en astronomie et astrologie. On employait aussi le terme grec dans un sens péjoratif, avec celui de magicien. Ce terme est à l’origine de la magie, du magicien et de ce qui est magique. Les mages ont offert à Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Cela symbolise l’éveil et l’initiation à l’état réalisé de l’homme parfait ; prêtre et roi à la fois du royaume intérieur et extérieur.

Les Rois Mages et le Père Noël ont quelque chose en commun, en ce sens que tous portent des attributs royaux. Le grand manteau rouge est un attribut royal, mais il faut se souvenir que le bouffon, traditionnellement, était lui aussi vêtu de rouge… C’est d’ailleurs pourquoi, au moment de la Passion, on a recouvert Jésus (qu’on qualifiait de ” Roi des juifs “) d’un manteau rouge pour le présenter sous un jour ridicule. C’est l’envers du roi, finalement. Or, le père Noël, c’est aussi un roi et l’envers du roi, d’une certaine façon.

Trois présents pour représenter les 3 natures de l’Être humain: Spirituelle – Psychologique – Matérielle. La remise de trois cadeaux à l’enfant qu’ils ont considéré comme le Roi des rois. De l’or pour l’aspect social – qui va mettre la Sainte Famille à l’abri des besoins pécuniaires ; de l’encens pour l’aspect spirituel – qui élève l’Esprit au-dessus des choses humaines et enfin de la myrrhe pour le corps physique – qui sert à l’embaumement des cadavres.

L’origine des Rois mages est aujourd’hui encore obscure. On les dit savants, riches, mais errants. Ces mystérieux personnages alimentèrent l’imaginaire qui enveloppe Noël. Une chanson populaire raconte comment les Rois mages sont venus d’Afrique. Pour l’Évangile, ils arrivèrent de l’Orient. Peut-être viennent-ils tout simplement du mystérieux pays d’où sont originaires les Saintes Maries de la Mer et qui porta longtemps le nom d’Égypte. Durant une certaine période, le 6 janvier jour de l’Épiphanie fut plus important que le jour de Noël. La symbolique des cadeaux en portait témoignage.  Ce jour-là, on célébra le miracle de Cana : de l’eau changée en vin. Un rituel de quête terminait jadis la période des 12 jours de fêtes. Les quêteurs recevaient souvent en guise de présent une part de galette.  Une légende russe raconte qu’il existe un 4e Roi mage, qui conduit sur la steppe un traîneau tiré par des rennes et rempli de cadeaux pour les enfants. Depuis 2000 ans il a renoncé à trouver l’enfant Jésus, alors il comble de cadeaux les enfants qu’il rencontre en cours de route.

Comment ne pas évoquer cette crise du logement qui existait du temps de Jésus et qui a pris sous l’impitoyable autorité de François Hollande les proportions que l’on connaît. Au fait, vous souvenez-vous encore du nom de Sylvia Pinel, l’actuelle Ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, qui a succédé à Cécile Duflot, laquelle devait tout révolutionner et loger tout le monde ? Qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, rien n’a été fait. La France compte 3,8 millions de personnes mal-logées et 12,1 millions de personnes fragilisées par rapport au logement, a révélé la Fondation Abbé Pierre (FAP). Le chiffre de 3,8 millions de mal-logés comprend notamment 894.500 personnes “privées de logement personnel” et 2,9 millions de “personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles”, a expliqué Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation, lors d’une conférence de presse à Paris. Parmi les “personnes privées de logement personnel”, la FAP comptabilise 141.500 sans domicile (+50% entre 2001 et 2012), 25.000 personnes logées en hôtel, 85.000 personnes en habitations de fortune, et 643.000 en logements contraints chez des tiers (+19%, entre 2002 et 2013).

Parmi les “personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles”, sont notamment recensées 2,1 millions de personnes privées de confort car leur logement ne possède pas d’eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou leur façade est très dégradée avec des fissures profondes. Et 934.000 personnes vivent en “surpeuplement accentué” c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+17% entre 2006 et 2013).

Par ailleurs, la FAP compte aussi dans les mal-logés 44.000 “gens du voyage” en manque de places dans des aires d’accueil aménagées, et 41.000 migrants vivant dans des foyers de travailleurs migrants non réaménagés. Autour de ce noyau dur de 3,8 millions de mal-logés, la FAP comptabilise 12,1 millions de personnes “fragilisées par rapport au logement”, et qui pourraient “basculer dans le mal-logement”, a expliqué Christophe Robert, délégué général de la Fondation. Il s’agit de 4,4 millions de personnes modestes “en surpeuplement modéré” (il leur manque une pièce par rapport à la norme d’occupation), de 1,2 million de personnes en impayés de loyers ou de charges (+2% entre 2006 et 2014), et 1,1 million de personnes vivant dans des copropriétés en difficulté. S’ajoutent aussi deux nouvelles formes de “fragilité”: les 5,7 millions de personnes qui consacrent un effort financier excessif à leur logement (plus de 35% des revenus, avec un faible reste à vivre), et les 3,5 millions de personnes modestes qui disent avoir eu froid pour cause de privation de chauffage pour raisons financières (+44% entre 2006 et 2014). Sur la plupart des indicateurs, la situation du mal-logement s’est aggravée, a souligné Christophe Robert.

Si au temps de l’enfant Jésus, la crise du logement pouvait paraître « normale », elle ne l’est plus en 2016, étant donné que le bâtiment est une des clefs de la sortie du chômage. Mais celui qui règne sur la France n’a aucune conscience de la souffrance de ces français mal logés, vivant lui sous les ors de la république, sans jamais avoir à sortir quoique ce soit et continuant à s’enrichir sur notre dos. Ô vous les rois mages qui nous observez, prenez s’il vous plait le temps d’inspirer François Hollande pour qu’il ait quelque pitié des S.D.F. et autres défavorisés et que s’ouvre son cœur… au moins à 5 % (plus, ce ne serait pas possible).

À toutes et à tous, que la joie de l’Épiphanie remplisse votre cœur de sa lumière et de l’amour de Dieu. Puissiez-vous déguster autant de galettes que vous le souhaitez. Excellente semaine sous le regard de l’Enfant Jésus et des rois mages, qui nous protègent…

Solange Strimon

NB :

1/Nous vous proposons de découvrir, suite à cet article le texte d’une homélie du 6 janvier 2006 de notre cher pape émérite Benoît XVI pour qui l’Épiphanie est un mystère de lumière.  

2/voici quelques paroles de cette chanson au cas où vous l’auriez oubliée : « Comme les Rois Mages en Galilée, Suivaient des yeux l’étoile du Berger, Je te suivrai, où tu iras j’irai, Fidèle comme une ombre jusqu’à destination… 

3/ Cette chronique reprendra le dimanche 24 janvier 2016.

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