Chretienté/christianophobie

Fête du Christ-Roi : convertir nos cœurs et nos représentations à la vérité

Il s’agit ce dimanche 23 novembre de célébrer Celui qui, par-delà les ans, domine l’histoire depuis son commencement jusqu’à son achèvement en Dieu. Alpha et oméga, du début à la fin, de Bethléem au Golgotha, de l’humilité et de la pauvreté de sa naissance à la solitude de Sa mort, le Christ nous montre une royauté paradoxale : une royauté qui a rendu témoignage à la vérité ! Quelle vérité ? Nous essaierons de le comprendre.

Fête catholique relativement récente, la fête du Christ-Roi célèbre Jésus en tant que Seigneur sur toute la création, ou comme roi de l’Univers. Le pape Pie XI l’institua en 1925 dans l’encyclique Quas Primas, qui tentait de raffermir contre les totalitarismes contemporains une christologie axée sur le concept de royauté. La Royauté du Christ est règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix.

À l’origine, cette fête était célébrée le dernier dimanche d’octobre. Après la réforme du calendrier romain décidée par le deuxième concile du Vatican et promulguée par le pape Paul VI en 1969, elle fut fixée au dernier dimanche du temps ordinaire, qui précède immédiatement l’Avent : le thème de la domination du Christ sur le monde semblait tout indiqué pour conclure l’année liturgique. Il est question de célébrer celui qui n’est pas roi à la manière des princes d’ici-bas mais qui s’abaisse et livre sa vie pour tous, afin que tous nous régnions dans la gloire à ses côtés.

Être au service des autres, dans l’amour et l’humilité : quel long et difficile apprentissage tout au long de son existence terrestre. Le règne de Jésus est celui de la justice et de l’amour, objet de toute espérance et dont l’édification patiente est la mission de chaque homme. Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l’Esprit-Saint et qu’Il a constitué « Prêtre, Prophète et Roi ». Le Peuple de Dieu participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de mission et de service qui en découlent.

Lorsqu’on parle de Christ-Roi, une image arrive immédiatement en tête sur l’écran de nos souvenirs d’enfance et d’adulte, Pilate demandant à Jésus : « es-tu le roi des juifs ? ». Et notre Jésus, qui avait été arrêté à Gethsémani, répond que sa royauté ne vient pas de ce monde. Mais que s’est-il passé pour que Jésus soit amené devant Ponce Pilate ? Et qui était cet homme, resté dans nos mémoires pour une certaine phrase ? L’empereur romain Tibère avait nommé Pilate gouverneur de la province de Judée en 26 de notre ère. Les préfets comme Pilate appartenaient à la petite noblesse, par opposition à l’aristocratie sénatoriale. Pilate a probablement rejoint l’armée en tant que tribun militaire, ou commandant. Il est monté en grade régulièrement pour devenir gouverneur avant l’âge de 30 ans. Pilate faisait régner l’ordre. L’exercice quotidien de la justice était du ressort des cours juives. Sauf dans le cas où une affaire  réclamait la peine capitale, laquelle ne pouvait être prononcée que devant le gouverneur, lequel détenait l’autorité judiciaire suprême.

On présenta Jésus à Pilate comme étant un rebelle très dangereux. Dans ses questions à Jésus, Pilate argumenta, il utilisa sa raison, il voulait sauver Jésus, il ne le croyait pas coupable et le trouble s’empara de lui lorsque la foule demandera la libération du criminel Barabbas. Pilate croyait vraiment en l’innocence de Jésus, qui ne constituait aucune menace pour Rome. Quand Jésus lui a dit que sa mission était de rendre témoignage à la vérité, Pilate a pensé que la notion de vérité était trop floue pour qu’on s’y arrêtât. Quelle a été sa conclusion ? “ Je ne trouve aucun crime en cet homme. ” La foule choisit Barabbas, hurlant que s’il libérait Jésus, il n’était pas un ami de César. Jésus n’était après tout qu’un juif insignifiant pour lequel Pilate ne pouvait prendre le risque de se mettre la foule à dos. Cette foule avait espéré en Jésus la libération d’Israël de l’occupant romain. Comprenant que Jésus n’était pas le sauveur au sens où ils l’entendaient, les juifs demanderont sa mort en le préférant à Barabbas !

Pour éviter une émeute, Pilate abandonnera Jésus à son sort, se lava les mains devant la foule et déclara : “Je suis innocent du sang de ce juste, vous, vous y aviserez». Il ne voulait pas porter le poids de cette condamnation à mort. Il se dégageait ainsi  de toute responsabilité. De nos jours, l’expression s’utilise toujours dans le même sens, pour signifier que l’on se lave les mains des conséquences de certains actes pour lesquels on ne serait pas d’accord.  Le lavement des mains était une coutume juive, et non romaine, par laquelle on exprimait sa non-participation à une effusion de sang (Deutéronome 21 :6,7). Sans cet acte repris par les historiens, Pilate ne serait certainement jamais passé à la postérité et cette histoire n’aurait pas été portée au cinéma autant de fois avec tant de succès.

En dehors du récit des Évangiles, nos connaissances sur Pilate nous viennent surtout des historiens Flavius Josèphe et Philon. L’historien romain Tacite déclare aussi que Pilate a exécuté Christ, à qui les chrétiens doivent leur nom. Pilate avait-il vraiment le choix de ne pas livrer Jésus à la crucifixion, compte tenu du contexte politique ? S’il s’était mis du côté de Jésus, les juifs ne lui auraient pas pardonné. De surcroit, en dehors du fait qu’il perdait sa crédibilité et risquait sa carrière, Pilate avait le devoir de favoriser la paix et les intérêts de Rome. Mais pour que s’accomplisse le destin de Jésus, il fallait que notre Seigneur fût fouetté, ridiculisé, qu’on lui crachât dessus, qu’on l’humiliât au plus haut degré. Le destin de Jésus ne pouvait donc s’accomplir qu’avec la croix.

Pilate ne pouvait comprendre que Jésus était venu pour rendre témoignage à la vérité, rendre témoignage au Père, glorifier le Père. La Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, la Gloire de Dieu, c’est le Fils crucifié puis ressuscité ! « Est-il le Christ, le Fils du Béni (Mc 14,61), le Fils de Dieu (Mt 26, 63), de quel droit peut-il pardonner ? Dieu seul peut pardonner ! Comment Jésus peut-il s’arroger ce droit ? ». Qu’est-ce que la vérité aux yeux du Christ ? La croix est le prix de l’amour, le carrefour de la vérité. Le christ est roi parce qu’il donne sa vie et saint Hilaire pourra écrire : « Il faut nous glisser dans le mystère de Dieu qui a choisi l’humilité, le don total, la folie de la croix ». Et c’est pourquoi son royaume n’est pas de ce monde, son royaume n’a pas de frontière, son royaume est dans les cœurs des hommes : « Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». La croix, c’est la réponse à Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? Seigneur, nous qui sommes en quête de la Vérité, nous te prions que ton règne vienne ! ». Soyez heureux, vous qui croyez, et répandez le bonheur autour de vous dans l’amour tout au long de cette semaine, en espérant que les suivantes porteront encore plus de fruits…

Solange Strimon

NB : Traditionnellement, dans le diocèse de Paris, Mgr André Vingt-Trois invite personnellement tous les adolescents confirmés au cours de l’année, entourés de leur famille, parrain, marraine et de leurs amis à venir rendre grâce au cours d’une messe célébrée à Notre-Dame de Paris.  Il s’agit de la Messe des jeunes confirmés

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