Chretienté/christianophobie

Fête de la très Sainte Trinité : le mystère de Dieu

Titrer cette chronique avec le mot « mystère » nous donne tout de suite la dimension de notre direction. Qu’entend-on par mystère ? L’étymologie du mot mystère est tirée du grec “mysterion” qui a été traduit par sacramentum en latin. Les sacrements chrétiens sont à la fois révélation de Dieu et source de vie.Le mot mystère vient du grec musterion, dérivé de muein, “être fermé”.  Saint Paul utilise souvent ce terme dans ses Lettres : mystère de Dieu, mystère du Christ, mystère de la foi… Mais il l’emploie dans un sens biblique : ce mot désigne alors ce qui normalement serait caché, mais que Dieu veut partager et dire aux hommes. Tout en étant révélé par Dieu, le mystère est ce que l’homme n’a jamais fini de comprendre.

En son sens le plus courant, le mystère est une réalité inaccessible à la seule raison et objet d’une révélation. Pour Paul le “mystère” est le dessein même de Dieu, qui donne son sens à l’histoire. Ce dessein, d’abord caché, mais au travail dans la nature et l’existence des hommes, est révélé à tous dans le Christ. Nous ne sommes pas dans la gnose (qui prétend détenir un enseignement caché, destiné à quelques initiés), il n’y a pas d’autre vérité à découvrir que le Christ lui-même. Le mystère a ceci de particulier qu’on ne peut le cerner, en faire le tour, et que par conséquent il est inépuisable. Mais semblable au soleil, impossible à fixer directement, il éclaire tout le reste et donne son sens dernier à toutes choses.

Cette légère définition étant faite, passons au grand sujet de cette chronique, la Sainte Trinité. Le premier dimanche après la Pentecôte, nous, chrétiens, célébrons l’unicité de Dieu mais aussi le mystère d’un Dieu amour. Un seul Dieu en trois personnes : Père, Fils et Saint-Esprit. Telle est la formule en laquelle se résume le mystère de ce Dieu à la fois proche et lointain que Jésus, le Fils,  nous a annoncé par sa vie et son enseignement. S’il y a quelque chose de difficile à comprendre dans la foi chrétienne, c’est bien le mystère d’un seul Dieu en trois personnes.

En ce jour, la lumière du temps pascal et de la Pentecôte renouvelle en nous chaque année la joie et l’émerveillement de la foi. Quel bonheur de savoir que Dieu existe, qu’il est l’Amour, que « l’amour du Père est à l’origine de toute vie, l’amour du Fils qui meurt sur la croix et ressuscite, l’amour de l’Esprit qui renouvelle l’homme et le monde », Amour qu’Il nous donne et nous demande de donner aux uns et aux autres. Penser que Dieu est amour nous réconforte tout en sachant que Jésus s’est donné à nous et qu’il marche avec nous sur la route de la vie.

Combien de fois par jour disons-nous « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit  », sans peut-être prendre réellement conscience du fait que nous nous adressons réellement aux trois personnes, à la Saint Trinité. En se marquant du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules, invoquant Dieu, sommes-nous capables d’imaginer un Dieu unique en trois ?

Pour l’église, tout est simple. Il n’y a en Dieuqu’une seule intelligence, une seule volonté, une seule puissance, parce qu’il n’y a qu’une seule nature divine, mais aussi, il y a distinction de personnes. Cette distinction résulte des opérations mystérieuses qui s’accomplissent dans la vie intime de Dieu et des relations mutuelles qui dérivent de ces opérations. Le Père engendre le Fils, et le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. ” Engendrer, être Père “ est la propriété exclusive de la première personne ; ” être Fils ” est la propriété personnelle du Fils, tout comme ” procéder du Père et du Fils par voie d’amour ” est la propriété personnelle du Saint-Esprit… Finalement, cette définition n’est-elle simple et logique ?

Mises à part ces propriétés et ces relations, tout est commun aux trois personnes et indivisible entre elles : même intelligence, même volonté, même sagesse, même puissance, même majesté, parce que la même nature divine indivisible est commune aux trois personnes.

Mgr Vingt-Trois nous guide vers une explication. C’est Dieu qui nous a révélé ce mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13). Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine.

« La Trinité est Une : nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion avec chacune des trois personnes »

Le pape François a dit (voici un an ou deux) que « La Très Sainte Trinité n’est rien d’autre que le visage par lequel Dieu lui-même s’est révélé en marchant avec l’humanité. Et c’est Jésus lui-même qui nous a révélé le Père et qui nous a promis le Saint-Esprit. Dieu a marché avec son peuple dans l’histoire du Peuple d’Israël et Jésus a toujours marché avec nous et nous a promis le Saint-Esprit qui est feu, qui nous enseigne tout ce que nous ne savons pas, qui nous guide intérieurement, nous donne de bonnes idées et de bonnes inspirations. 

Aujourd’hui, nous ne louons pas Dieu pour un mystère particulier, mais pour Lui-même, « pour son immense gloire », comme le dit l’hymne liturgique. Nous le louons et nous le remercions parce qu’il est Amour et parce qu’il nous appelle à entrer dans l’étreinte de sa communion qui est la vie éternelle.                                                                                                                           

Pour Mgr André Dupleix, qui rappelle que la terminologie trinitaire  n’apparaît qu’à la fin du IV° siècle et le Concile de Constantinople (381), ce sera donc une prise de conscience, lente mais définitive, qu’à travers les paroles et les faits de Jésus, le Père est totalement présent en lui. Comme il y aura conscience, à partir de l’événement de la Pentecôte, que la force de l’Esprit promis n’est pas une illusion mais une manifestation personnelle de Dieu.

Ce Dieu invisible, dont  nous savons désormais qu’il n’est plus l’éloigné,  le distant ou l’inaccessible, est, pour nous et pour l’univers, Père créateur, Fils sauveur et Esprit libérateur. Ne retenons de cette chronique « allégée », que nous croyons à ce mystère et ne nous posons pas plus de questions que nous ne sommes capables de leur apporter des réponses. Que la Sainte Trinité veille sur vous très particulièrement tout au long de cette semaine et transmettez toujours aux autres ce que vous savez, ce qui vous rend heureux. Oubliez de parler de vos difficultés et de vos éventuels malheurs : on ne comprend que ce que l’on connaît ou subit. C’est ainsi. Excellente semaine à nos lecteurs et lectrices et que ce jour, où l’on fête toutes les mères, soit source d’amour et de partage pour un appel à vivre dans l’espérance…

Solange Strimon

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