Chretienté/christianophobie

Fête de la nativité de la Bienheureuse Vierge Marie…

…Le mardi 8 septembre bien sûr, mais il n’est jamais trop tôt pour se préparer à cet événement. Habituellement, l’Église célèbre un saint le jour anniversaire de la mort, qui correspond à sa naissance au ciel. La naissance de Marie n’est pas décrite par les évangiles mais elle est célébrée dès l’âge patristique. Tous les âges disent bienheureuse la Vierge « qui a porté le Fils du Père éternel ». La liturgie des heures ne cesse de la saluer comme la sainte mère de Dieu. C’est seulement au IV° siècle que l’on commença à célébrer aussi la naissance terrestre de Jésus, et celle de Jean-Baptiste. Ces naissances sont racontées par l’Évangile.

De Jérusalem à Byzance : L’origine de la commémoration liturgique de la Nativité de Marie est liée à l’église édifiée au Ve siècle à Jérusalem, dans les environs de la piscine probatique*, qui pour la tradition était le lieu de la maison des parents de Marie,  Joachim et Anne. Depuis le VIe siècle la Nativité de Marie fut fêtée aussi à Byzance. La date du 8 septembre pourrait dériver du jour de la dédicace de cette église primitive, sans exclure que la mémoire de la naissance de Marie, aurore du temps du salut, ait été située au début du mois de septembre, le mois qui ouvre l’Année liturgique byzantine. En Occident, la fête du 8 septembre fut accueillie par l’Église de Rome au cours du VIIe siècle, c’est l’une des quatre fêtes mariales de provenance orientale (2 février, 25 mars, 15 août, 8 septembre). Les textes liturgiques guident la foi, non sans un profond émerveillement. De manière sobre mais sûre, ces textes orientent vers l’expérience de tout ce qui vient de Dieu.

Il faut assurément chercher l’origine de la fête de la Nativité de la sainte Vierge en Orient où le synaxaire** de Constantinople la marquait déjà au 8 septembre, selon ce qu’avait décrété l’empereur Maurice (582 + 602).  Il est probable que l’Église de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de Notre-Dame qu’elle célébrait dans une basilique proche de la piscine probatique, sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, serait née la sainte Vierge.

La Nativité de la sainte Vierge est mentionnée dans les homélies d’André de Crète (660-740) et dont nous ne donnons qu’un court extrait : Aujourd’hui comme pour des noces, l’Église se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd’hui, dans tout l’éclat de sa noblesse immaculée, l’humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. Les hontes du péché avaient obscurci la splendeur et les charmes de la nature humaine ; mais, lorsque naît la Mère de celui qui est la Beauté par excellence, cette nature recouvre en elle ses anciens privilèges, elle est façonnée suivant un modèle parfait et entièrement digne de Dieu… Aujourd’hui, une jeune vierge est sortie de Juda et de David, portant la marque du règne et du sacerdoce de celui qui a reçu, suivant l’ordre de Melchisédech, le sacerdoce d’Aaron. Pour tout dire en un mot, aujourd’hui commence la régénération de notre nature, et le monde vieilli, soumis à une transformation divine, reçoit les prémices de la seconde création.

L’année liturgique comporte trois cycles : celui des dimanches, des fêtes en l’honneur de Jésus-Christ et des fêtes des saints. La première grande fête du cycle des saints est celle de la Nativité de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ, célébrée le 8 septembre de chaque année. La fête du 8 septembre est très ancienne. Si elle a été célébrée très tôt à Constantinople et à Jérusalem, elle a pris forme à Rome au VIIe siècle. Au cours de cette fête, les fidèles sont mis en présence de la plus haute sainteté humaine reconnue et vénérée par l’Église, celle de la Vierge Marie. Les textes lus et les prières chantées à cette occasion éclairent au mieux le sens du culte que l’Église rend à Marie. Avant même la naissance de Jean le Précurseur, celle de Marie est une annonce de la Nativité de Jésus, le prélude de la Bonne Nouvelle. La venue d’une fille au foyer d’Anne et de Joachim a fait “lever sur le monde l’espérance et l’aurore du salut”. C’est pourquoi l’Église nous invite à la célébrer dans la joie.

Au mois de septembre, en semaine, l’Église fête trois fêtes mariales, la naissance de Marie, le nom de Marie et les douleurs de Marie. Moins solennelle que l’Assomption, la Nativité de Marie est fêtée avec joie par le peuple chrétien, comme celle de Jean-Baptiste. L’une et l’autre annoncent l’aurore du salut. Dans la prière, la naissance de Marie et sa maternité divine sont mises en relation.

L’Église de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de la mère de Dieu par une fête que Rome adopta sûrement vers la fin du VIIe siècle. Elle se répandit assez vite dans tout l’Occident, en France notamment. Au XIe siècle, saint Fulbert contribua pour une large part, à la diffusion de cette fête. La lecture évangélique de la Généalogie du Christ attire l’attention sur l’enracinement de Marie dans le peuple de Dieu. La naissance de Marie est le signe certain des temps nouveaux. L’Ancien Testament touche à sa fin et trouve son accomplissement dans une alliance nouvelle et éternelle que Dieu conclut avec l’humanité. Le monde se réjouit de la naissance de Marie parce qu’elle annonce la venue du Christ Sauveur. Dieu lui a fait un don libre de la grâce. La joie est la note dominante de cette fête.

Benoît XIV (1740-1758), dans l’Histoire des Mystères et des fêtes, raconte que chaque année, au 8 septembre, un solitaire entendait des chants célestes ; quand il en demanda la cause à Dieu, il lui fut répondu que c’était en l’honneur de la naissance de la Vierge Marie qui se célébrait au Ciel et qu’il en était averti car Marie étant née pour les hommes, il devrait faire en sorte que cette fête fût aussi célébrée sur terre. « Le solitaire » se rendit auprès du Pape qui, au récit de la vision, institua la fête de la Nativité de la sainte Vierge.

En France, la fête la Nativité de sa sainte Vierge porta longtemps le titre de Notre-Dame Angevine, rappelant que la Vierge Marie, apparut, en 430, près de Saint-Florent, au saint évêque Maurille d’Angers pour lui demander l’institution de la fête de sa Nativité. Avec le concours efficace du roi Robert le Pieux, Fulbert, évêque de Chartres (+1028) contribua beaucoup à introduire la fête de la Nativité de la sainte Vierge dans le nord du Royaume. La nuit même de cette fête, sa cathédrale ayant été détruite par un incendie, il jeta les fondements de celle que nous connaissons aujourd’hui, dédiée à la Nativité de Notre-Dame.

Pour la reprise de cette chronique bimensuelle, nous sommes heureux de la commencer avec la Vierge Marie, tant aimée de toutes et de tous.  Que cette quinzaine vous soit particulièrement intéressante sous la protection et l’amour de Marie…

Solange Strimon

*Cette piscine était celle où on lavait les victimes qui devaient êtres offertes dans le temple de Jérusalem.

**Le Synaxaire est, dans l’Église Orthodoxe, le recueil classique des Vies des saints abrégées, destiné à être lu au cours des assemblées liturgiques ou pour nourrir la prière personnelle des fidèles. De même que l’Église, en marche vers son accomplissement dans le Royaume des cieux, ne cesse de croître par l’addition des saints de chaque génération, de même le Synaxaire est un livre qui ne cesse d’être écrit par le sang des martyrs, les larmes des ascètes et les actions d’éclats des amants de Dieu, en tous lieux où a retenti la parole de l’Évangile. En préparant l’édition en grec moderne du Synaxaire de Constantinople, saint Nicodème l’Hagiorite († 1809) avait ajouté les mémoires d’un certain nombre de saints, notamment les néo martyrs. Dans le même esprit, cette édition française, prenant pour base l’œuvre de saint Nicodème, en la complétant par le recours aux sources et aux études historiques, inclut les saints vénérés dans les différentes Églises orthodoxes locales (Russie, Roumanie, Géorgie, Serbie, Bulgarie, etc.), y compris les saints dont le culte a été reconnu depuis l’effondrement des régimes communistes. On y trouvera aussi un choix de saints occidentaux de l’Église indivise, en sorte que le Synaxaire est à ce jour la collection hagiographique de l’Église Orthodoxe la plus complète et la plus à jour.

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