Chretienté/christianophobie

Fête de la Divine Miséricorde : « Jésus, j’ai confiance en toi »

Commençons cette chronique par une légende qui raconte que toutes les vertus ont décidé de quitter la terre, contaminée par de nombreuses fautes et de retourner à la demeure céleste. Quand elles se sont approchées de la porte des Cieux, le portier les a faites toutes entrer, sauf la confiance, pour que les pauvres hommes sur la terre ne sombrent pas dans le désespoir au milieu de tant de tentations et de souffrances. Il ne manquait pas de cœur et de clairvoyance cet homme !

Ainsi la confiance s’en est retournée, et toutes les autres vertus l’ont suivie. Alors, confiance en ce 27 avril, jour de la canonisation à Rome de Jean-Paul II et de Jean XXIII, qui ont tous les deux marqué l’histoire de l’Eglise et du monde (voir nos éditions précédentes), confiance en la vie, confiance en l’avenir, confiance en Dieu, confiance en nos capacités de toujours pouvoir rebondir, confiance en l’amour, confiance en l’humanité, confiance en nous tout simplement. La confiance est un hommage fait à la Miséricorde Divine qui, en retour, donne à celui qui a confiance en Jésus, force et courage pour vaincre les difficultés les plus grandes. La confiance en Dieu élimine tristesse et abattement. Elle comble l’âme d’une joie très grande, même dans les conditions de vie les plus difficiles. La confiance fait des miracles, car elle a à son service la toute-puissance de Dieu. La confiance donne la paix intérieure que le monde ne peut pas donner. La confiance ouvre le chemin à toutes les vertus. Si après toutes ces affirmations, chères lectrices et lecteurs de Vexilla-Galliae, vous ne croyez pas, nous chercherons d’autres voies pour vous convaincre qu’avec la confiance, tout devient possible, y compris les miracles. Mais il faut le vouloir aussi, de toute son âme, de toutes ses forces !

Si le mot “miséricorde” évoque aujourd’hui la pitié que l’on pourrait avoir pour quelqu’un qui a commis une faute et à qui on pardonne, la notion biblique de miséricorde est beaucoup plus vaste. Elle englobe la bonté de Dieu. Ce mot désigne, en hébreu, le cœur profond, les “entrailles” qui frémissent sous le coup de la douleur et de la peine. Quel père ou mère n’a ressenti cette sensation en sachant son enfant malade, peut-être perdu ? La miséricorde apparaît donc comme l’attachement profond d’un être pour un autre et particulièrement de Dieu pour l’homme. Dans notre vie, Dieu souffre avec nous, il est bouleversé par nos malheurs, nos souffrances et notre condition d’homme pécheur. Dans un grand mouvement d’amour pour nous, il nous manifeste sa tendresse, nous aide concrètement dans nos vies, nous témoigne Sa “Miséricorde”, nous pardonne nos manquements, nos faiblesses, nous envoie son Fils. Dans le Nouveau Testament, Jésus nous invite à faire de même envers nos frères : “Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux”. Mt 5,48) C’est l’une des conditions de la vie éternelle.

A propos de « Miséricorde divine » du latin misereri : avoir pitié et cor : cœur : c‘est l’attribut de Dieu qui explique tout son dessein de salut pour l’humanité. La bonté de Dieu est infinie car elle est un des aspects de sa miséricorde (Ps 86,5). On nomme ainsi l’attitude profonde de l’être caractérisée par la disposition d’amour au pardon.

A l’origine de cette fête de la Divine Miséricorde, Sœur Marie Faustine, élue par le Seigneur Jésus, pour transmettre au monde entier son grand message, et qui dans son Petit Journal consignera tous les désirs de Jésus. Dans l’ancien Testament Jésus avait dit « J’ai envoyé à mon peuple des prophètes et avec eux la foudre. Aujourd’hui, je t’envoie vers toute l’humanité avec ma miséricorde. Je ne veux pas punir l’humanité endolorie, mais je désire la guérir en l’étreignant sur mon cœur miséricordieux ». En 1931, Notre Seigneur en personne demande lui-même une fête de la Miséricorde : « Je désire qu’il y ait une Fête de la Miséricorde… le premier dimanche après Pâques (…) doit être la Fête de la Miséricorde » … Les flammes de la Miséricorde me brûlent. Je veux les répandre sur les âmes ». (Petit Journal – & 49). Et en 1936 : « La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles. Je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques ». (Petit Journal – & 698)

L’histoire de l’instauration de la fête de la Divine Miséricorde est tout à fait extraordinaire et pour qui ne croit pas, doute comme Saint Thomas, ou n’ose pas demander pardon et miséricorde comme Judas, il suffirait peut-être d’essayer de se confier tout simplement à Dieu, à l’écoute de notre âme mise à nu, repliée dans les dédales de la mémoire. Comment comprendre cette image où Jésus nous apparaît vêtu d’une tunique blanche, d’où s’échappent deux grands rayons, l’un rouge, l’autre pâle. Ces deux rayons indiquent le Sang et l’Eau : le rayon pâle signifie l’Eau, qui purifie les âmes ; le rayon rouge signifie le Sang, qui est la vie des âmes… Ces rayons protègent les âmes de la colère de mon Père. (Petit Journal – § 300).

L’image de 1956 est une reproduction du tableau peint en 1934 par Eugène Kazmierowski, sur les indications de sœur Faustine Kowalska, à qui le Christ a demandé la réalisation de ce tableau : « Peins une image pareille à ce modèle et signe : « Jésus, j’ai confiance en toi ». Je désire que cette image soit vénérée tout d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets à ceux qui la vénéreront qu’ils ne périront pas. Je leur promets dès ce monde la victoire sur l’ennemi, mais surtout à l’heure de la mort. Je les défendrai moi-même, comme ma gloire.”  

Maintenant, que nous sommes parfaitement sensibilisés au concept de la Miséricorde, partons ensemble à la découverte de Soeur Faustine Kowalska (1905-1938), apôtre de la Miséricorde Divine, à laquelle le Christ a transmis le message de la Miséricorde Divine et qui compte aujourd’hui parmi les Saints les plus célèbres de l’Église. Par son intermédiaire, le Seigneur Jésus a transmis au monde entier Son grand message de la Miséricorde Divine.

Sœur Faustine est née le 25 août 1905, troisième des dix enfants de Marianna et Stanisław Kowalski, agriculteurs dans le village de Głogowiec, baptisée Hélène dans l’église paroissiale de Świnice Warckie. Depuis son enfance, elle manifeste sa foi et son désir d’entrer dans les ordres, ce que refusent ses parents, qu’elle réussit pourtant à convaincre pour rejoindre la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame-de-la Miséricorde le 1er août 1925. Sous une apparence très ordinaire, la vie de Faustine cache la profondeur extraordinaire de l’union à Dieu. Sa spiritualité reposait sur la Miséricorde Divine à laquelle elle réfléchissait et qu’elle contemplait dans la parole de Dieu et dans l’aspect quotidien de sa vie. Elle reçoit durant des années des grâces extraordinaires : révélations, visions, stigmates cachés, participation à la Passion du Seigneur, don de pénétrer le cœur des autres, de la prophétie, ou bien le don rarissime de fiançailles et d’épousailles mystiques.

La mission de Sœur Marie Faustine consistait en trois tâches : rendre proche et annoncer au monde entier la vérité révélée dans les Écritures Saintes sur l’amour miséricordieux de Dieu envers tout homme ; implorer la Miséricorde Divine pour le monde entier, en particulier pour les pécheurs, notamment par la pratique des formes nouvelles, annoncées par le Seigneur Jésus, du culte de la Miséricorde Divine, qui sont les suivantes: le tableau du Christ avec l’inscription « Jésus, j’ai confiance en Toi » ! la Fête de la Miséricorde Divine le premier dimanche après Pâques, le Chapelet à la Miséricorde Divine et la prière à l’Heure de la Miséricorde Divine (15 h) ; la troisième tâche que comportait la mission de Sœur Marie Faustine consistait à inspirer le mouvement apostolique de la Miséricorde qui est chargé de propager et d’obtenir par la prière la Miséricorde Divine pour le monde et qui tend à la perfection sur le chemin montré par la Bienheureuse Sœur Faustine. Ce qui se fait dans le monde entier !

Comment Sœur Faustine, secrétaire et apôtre de Sa Miséricorde, était-elle devenue Sainte ? De 1965 à 1967, à Cracovie s’est déroulé le procès diocésain sur sa vie et ses vertus. En 1968, à Rome, a été ouvert le procès de béatification, clos en décembre 1992. Le 18 avril 1993, sur la Place Saint-Pierre de Rome, le Saint Père Jean-Paul II a procédé à l’acte de sa béatification. Elle fut canonisée le 30 avril 2000. Ses reliques reposent au sanctuaire de la Miséricorde Divine de Cracovie-Łagiewniki. Les messages qu’elle a reçus de Jésus se situent exactement dans le prolongement de ceux reçus par Sainte Marguerite Marie à Paray le Monial, de Sainte Gertrude, et de saint Jean le disciple bien aimé.

Les messages de Sœur Faustine ont été notés dans son Petit Journal, rédigé par la volonté du Seigneur Jésus et de ses confesseurs pour qu’en lisant ces écrits, les hommes se sentent consolés en ayant le courage de s’approcher du Seigneur. Le Petit Journal a été traduit en plusieurs langues, entre autres en anglais, allemand, italien, espagnol, français, portugais, russe, hongrois, tchèque et slovaque.

Sœur Marie Faustine meurt à Cracovie le 5 octobre 1938, âgée à peine de 33 ans, après de nombreuses souffrances. La gloire de la sainteté de sa vie a progressé rapidement avec la propagation de la dévotion pour la Miséricorde Divine et au fur et à mesure des grâces obtenues par son intercession. Jean-Paul II avait en son temps souligné que la Miséricorde est la limite que Dieu a mis au Mal et plus tard Benoît XVI : « Face au mal qui sème dans les cœurs humains tant de désolation, c’est une tâche plus actuelle que jamais. Cherchons à être des témoins de l’amour miséricordieux de Dieu ». Sans doute recevrons-nous des grâces lors de cette canonisation, ce 27 avril, que nous pourrons redistribuer, et reviendrons-nous après cette journée historique plus confiants, plus forts, plus miséricordieux pour combattre les dérives de cette société et ne rien laisser passer…

Solange Strimon

NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée au sujet suivant : « Saint Louis, les croisades, les reliques »

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