Autour du chat GPT. Du crépuscule à la nuit noire de l’intelligence : à quand l’aube ?, par Paul-Raymond du Lac

Le sujet est à la mode, tout le monde en parle, et elle donne l’occasion à du tout et n’importe quoi dans la presse.

Il semble que la presse – qui est à aujourd’hui quasi-unanimement sensationnaliste – fait son miel d’une part de la « peur des robots », de la fascination pour le « progrès » et d’autre part des transhumanistes évoquant l’homme augmenté, ou une « intelligence » dite artificielle qui dépasserait l’homme.

Nous avons déjà dans ces colonnes analysé d’un point de vue philosophique pourquoi l’intelligence artificielle était mal nommée, puisqu’elle n’était pas intelligence.

Nous avons pu entre temps profiter des lumières de deux universitaires étudiant Chat GPT, un comme juriste, et l’autre comme ingénieur.

C’était tout à fait éclairant, nous tenterons de condenser ici quelques éléments de compréhension de ce qui se passe, et de ce qu’est ce Chat GPT.

Commençons par le chat GPT lui-même, quid ?

C’est un « agent conversationnel », dans le jargon, donc une machine faite pour simuler la conversation humaine.

Le Chat GPT fonctionne comme une énorme machine statistique, qui « prédit » les meilleurs enchaînement de mots possibles en complétant des chaînes de mots existants.

ChatGPT, en ce sens, ne comprend rien, et ne donne aucune vérité. Il ne fait que prédire des suites de mot probables, à partir des donnés qu’il a avalé.

Il n’est ainsi pas « intelligent » – comme aucune intelligence artificielle d’ailleurs: il ne comprend jamais l’essence de quoi que ce soit.

Il faut savoir que Chat GPT ne fait pas de recherches sur internet, par exemple : il est nourri directement dans ses serveurs par de nouvelles données, dont le volume immense fait sa force, mais il n’est pas relié à internet.

Répétons-le : Chat GPT, comme aucune IA, ne réfléchit, ni n’a de conscience : ce sont des programmes qui font ce qu’on leur dit.

La trechonologie spécifique de ChatGPT est avant tout fondée sur des modèles probabilistes.

En définitive, il n’y a pas de vérité ici si ce n’est une vérité statistique : ainsi si vous demandez à chat GPT « 8+4= », chat GPT ne calculera pas le résultat, mais piochant dans ses données, il répondra « 12 » comme la solution la plus probable !

Deux conséquences importantes :

– la qualité des réponses dépend de la qualité des données mises dans le logiciel. Or la qualité ne fait pas partie des enjeux ici, puisque tout se base sur la quantité. Chat GPT reflète ainsi statistiquement le moyen absolu : nous sommes avec une boîte noire hyper démocratique qui fait mieux que Wikipedia dans l’application du principe d’indifférenciation.

– il ne fait que donner le change en simulant une conversation, mais tout est du toc.

Ensuite, comme cela fonctionne-t-il ? Sans rentrer trop dans la technique, notons que Chat GPT ne peut fonctionner que grâce à « l’entraînement » humain : le modèle statistique ne suffisant pas, des centaines d’hommes corrige les réponses, en faisant des conversations avec la machine, et enregistrant quand elle se trompe ce qu’il aurait fallu répondre.

La qualité des résultats dépend donc de la la qualité des hommes qui font cet entraînement, par-dessus l’assimilation dantesque des données.

L’autre point important à comprendre, c’est que cet agent conversationnel a besoin de consignes de base pour fonctionner, ce qu’on appelle le « pre-prompt », qui va, en gros, indiquer à la machine comment aborder la conversation, et ce qu’il faut simuler.

Ici, on peut mettre ce qu’on veut : c’est l’homme qui décide.

Si on dit à la machine de parler en simulant le président Macron, il le fera.

Si on lui dit qu’il ne faut jamais donner d’information contraires aux théories du genre, il le fera…

La censure est donc dans la main de ceux qui ont le programme.

Pourquoi Chat GPT fait tant parler ?

Car déjà des professionnels de la santé, voire de la loi, ont utilisé chat GPT pour faire des diagnostics ou faire des recommandations ! C’est hallucinant, mais réel. Comme on l’a dit, Chat GPT est le champion du « plausible » et de la « vraisemblance », mais ne garantit en rien la réalité des résultats. Tout peut être faux !

Il existe ainsi d’autres « IA » qui génèrent des images : si vous demandez de faire des peintures de Picasso il vous générera des peintures de style Picasso, mais qui n’existent pas en vrai…sauf qu’elles ressemblent comme deux gouttes d’eau à des vrais. A part quelques spécialistes de Picasso, personne ne serait capable de faire la différence.

Là est le sel : si je demande à chatGPT de me faire un discours sur la politique monétaire française du président Macron, l’outil sortira un discours probable, mais qui n’a jamais existé !

Vous imaginez toutes les fraudes possibles… Et tous les jeux possibles…

En discutant avec ces universitaires, je me suis rendu compte d’un autre facteur clef: ce Chat GPT est fort pour accomplir des tâches mécaniques et serviles.

Par exemple, pour ce qui est du résumé de textes, ou du pur informatif, ou des rapports ennuyeux.

Ainsi, Chat GPT parvient à générer des articles de presse…et pas mal de choses administratives…voire des devoirs en université qui sont mieux que ce que fait la moyenne des élèves…

Est-ce une preuve d’intelligence ? Non ! Cela prouve la déchéance de l’intelligence chez l’humanité, qui ne sait plus que produire dans la presse, chez les médecins, en université, et un peu partout que des productions mécaniques, serviles et sans intelligence ! Chat GPT est en train de dévoiler simplement que nous ne sommes plus au crépuscule de l’intelligence mais bien dans une nuit noire complète !

Disons même, que ces innovations techniques seront peut-être l’occasion pour accélérer la nouvelle aube de l’intelligence, à la lumière de la vérité révélée. Pourquoi ?

Car, à ce rythme, seules des productions véritablement humaines ne pourront pas être produites par ce genre de machines.

Alors une grande partie de l’humanité n’aura qu’à revenir à ce qu’elle a toujours faite : artisans, travail de la terre, travail pour rendre services aux autres hommes, soins, boutiques. Chat GPT va peut-être aidé, si nous aidons, à tuer le léviathan et moloch administratif qui se retrouve non seulement dans l’état, mais surtout dans les entreprises avec tous ces boulots inutiles.

Et pour le domaine du savoir aussi, seule la véritable intelligence humaine pourra se démarquer des condensés mécaniques et serviles qu’une machine devrait pouvoir faire : les chercheurs devraient avoir peur ! Ils ne pourront plus se contenter de faire “la machine”, de produire mécaniquement des études sans intérêts, comme des robots: ils devront mettre de l’ordre dans les faits, les lier, réfléchir pour trouver la vérité, faire sens, enquêter !

Évidemment, Chat GPT marque aussi une avancée dans le virtuel : comme c’est une vérité purement statistique, il sera à peu près impossible de vérifier si tel ou tel discours par exemple, ou image, est « vraie (c’est-à-dire réelle) », ou produite à partir de ce genre d’IA.

D’un autre côté, ce sera l’occasion du retour à l’autorité : nous ne pourrons croire que celui à qui nous faisons confiance !

Le monopole des médias classiques, et des autorités révolutionnaires va peut-être se faire emporter par ces IA : quand le doute s’installera, et qu’on ne saura plus ce qui est produit par une IA, ou ce qui est une vraie information par exemple, il faudra bien sortir du virtuel, et revenir au réel, et revenir à la notion d’autorité (je crois cette personne-ci, bien précise et bien incarnée) : arrivons-nous vers une fin de cette superstition qui consiste en fait, sous couvert de rationalisme et d’intelligence éclairée, à gober tout ce que dit n’importe qui, et surtout les autorités auto-proclamées et toujours illégitimes, juste car ce serait démocratique ?

Chat GPT est aussi une arme dangereuse dans les mains révolutionnaires : avec les meta-verses, on pourrait plonger les « contrôlés » en les enferrant dans la virtualité, si virtuelle qu’elle simule le réel, et distrait en continu.

Cela serait la révolution poussée à bout¹ : pousser toute idéologie en reculant indéfiniment le temps du choc avec le réel…

Dieu pourvoie heureusement, et hors de la réalité nous sombrons : il semble déjà que les révolutionnaires perdent le contrôle de leurs « créatures », qui les achèveront peut-être.

Nous, en tout cas, nous contribuerons de toute nos forces à cette aube de l’intelligence, qui a déjà commencé !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac