Communication des princes

L’entretien du prince Louis avec Famille d’abord

Vous trouverez ci-après l’intégralité de l’entretien tenu par Monseigneur le prince Louis de bourbon avec « Famille d’abord », la lettre du Mouvement Catholique des Familles.

Vexilla Galliae

Monseigneur, pourriez-vous pour nos lecteurs, vous présenter, vous et votre famille 

Mariés depuis 2004, nous avons trois enfants, Eugénie, l’aînée née en 2007 et deux garçons, des jumeaux nés en 2010, Louis duc de Bourgogne et Alphonse duc de Berry. Personnellement je suis très attaché à la famille et à ce qu’elle représente.

J’ai connu dans mon enfance plusieurs épreuves notamment avec la mort de mon frère et, cinq ans plus tard, celle de mon père, j’avais alors quatorze ans.

C’est à ce moment que, du fait de ma position dynastique d’aîné de la Maison de Bourbon, je suis devenu le successeur légitime des rois de France. Quel héritage pour un jeune adolescent ! Vous pouvez imaginer combien ces années furent difficiles sur le plan personnel. Un de mes recours fut bien évidement la famille qui me restait, jusqu’au moment où j’ai fondé la mienne.

Avec mon épouse, la Princesse Marguerite, nous sommes très attachés à protéger nos enfants à qui nous voulons transmettre à la fois notre amour et le sens des valeurs et des responsabilités.

Monseigneur, dès janvier 2013 vous avez pris position pour la défense de la famille traditionnelle en publiant un texte contre le projet de loi alors en cours de discussion et depuis malheureusement voté et promulgué malgré la forte opposition ; quelle réflexion pouvez-vous faire ?

La première est une grande tristesse. Notre pays avait l’occasion de jouer un rôle majeur sur cette question en devenant le défenseur de la famille face aux attaques auxquelles elle doit faire face tant en France que dans de nombreux pays. Quel beau rôle c’eut été là. Il lui a été refusé.

Je me suis élevé contre ce qui se passait alors qu’habituellement, compte tenu de ma position, je m’efforce de rester en dehors du débat politique quotidien. Or, ce qui était en train de se passer était d’une toute autre nature. Avec cette loi la famille qui était en France, comme dans la quasi-totalité des sociétés humaines, le socle de la société, devenait un produit artificiel et modulable, soumis aux caprices de lois de circonstances.

(Le texte en question est disponible ici)

Votre message a été assez peu relayé ? Pourquoi ?

Mon message a été, sans doute, intégré au sein de l’énorme vague de protestation, et c’est très bien. Dans mon message, j’en appelai à la prudence et au respect des enfants. Ne pas bousculer ce qui fait les fondements de la société humaine. Les hommes politiques ont refusé cette prudence alors que bien souvent ils font appel au principe de précaution. Ils n’avaient pas à faire entrer la France dans une option dont chacun comprend bien qu’elle va au-delà d’une simple mesure législative, mais qu’il s’agit d’un véritable changement de civilisation. Les Français ne voulaient pas d’une rupture de l’ordre naturel, pas d’une rupture anthropologique. D’ores et déjà, nous voyons les conséquences de l’adoption de cette loi avec la promotion de l’idéologie du genre et la gestation pour autrui qui commencent à poindre.

Cette vague s’est transformée en une déferlante. De très nombreuses voix se sont élevées et la presse les a souvent relayées en offrant ses colonnes aux opposants, mais le gouvernement n’a pas voulu les entendre et les a même travesties. Il devra un jour s’en expliquer. L’histoire nous a appris qu’il y avait toujours un moment où il fallait assumer ses erreurs.

Les familles françaises se sont levées nombreuses pour s’opposer à la dénaturation du mariage, que vous inspirent ces campagnes de protestation ?

Je les ai trouvées admirables. Ces millions de personnes dans la rue, ces familles, ces parents et grands-parents, ces enfants, tous ont voulu montrer leur attachement à la famille traditionnelle, creuset de la société. Famille où, en se partageant les responsabilités entre un papa et une maman, les enfants sont élevés et éduqués pour que la société puisse se perpétuer. Ces familles représentent la vie. Ce fut un mouvement spontané et c’est en cela qu’il est grand, et qu’à mon sens il va se poursuivre. Il s’est accompagné d’un réveil des consciences et d’une redécouverte du réalisme contre la tentation idéologique qui a empoisonné le XXème siècle. Ce que les familles ont semé le printemps dernier, finira par éclore.

Quelles priorités vous semblent devoir être posées en matière de politique familiale ?

La première est d’assurer une politique économique et sociale soucieuse de l’intérêt des familles. S’y ajoute, compte tenu des évolutions actuelles, celle de la garantie du droit des enfants. Les enfants ne sont pas des choses, des objets dont l’Etat ou les adultes peuvent disposer selon leur bon vouloir, à leur guise. Les discours entendus autour de « droit à l’enfant » sont particulièrement choquants. Tous les parents ne peuvent être que déconcertés par cela. Chacun imagine ce qui pourrait arriver à ses propres enfants s’ils devaient devenir orphelins.

Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère. C’est incontournable. Pourquoi légaliser un système qui produit l’absence, le manque de l’un des deux ? Le deuil d’un des parents.

Dans un autre contexte, au XIXème siècle, ce sont les députés légitimistes qui s’opposèrent au travail des enfants et firent voter les premières lois sociales. De nos jours ce sont les familles qui imposeront par leur sagesse, leur ténacité et leur sens du devoir la nécessaire abrogation de la loi sur le mariage pour tous tout en maintenant, bien évidemment, le respect dû à chaque individu.

Pour vous, Monseigneur, qui menez la vie d’un expatrié et vivez hors de France, quel regard cette expérience vous permet-elle d’avoir sur le monde et la société en général ?

Effectivement comme beaucoup de nos contemporains je vis un peu « hors frontières ». Cela me permet d’avoir un regard plus vaste, plus critique parfois. Je peux comparer. Je peux analyser. Je constate qu’il y a des pays qui ont soif d’avenir et qui pour cela, s’engagent dans des voies de progrès et d’amélioration, en se fixant des objectifs communs. Cela fut longtemps le cas de la France et de l’Europe en général, pour qui gouverner et prévoir étaient synonymes. Ce l’est actuellement, par exemple, pour quelques pays d’Amérique latine, continent que je connais bien, et c’est grâce à leur dynamisme que certains peuvent maintenant relayer la vieille Europe et donner au monde un Pape. D’un autre côté il y a des pays qui stagnent car ils n’ont plus de projets. Ceux qui refusent la vie en font partie…

Mais alors seriez-vous pessimiste pour la France ?

Absolument pas. La France a, heureusement pour elle, une longue tradition de grand pays, de pays civilisateur. Elle a donc, par sa culture et ses acquis, des ressorts en elle-même. Je crois aux talents des hommes et des femmes qui y vivent et notamment à ceux des jeunes qui, ces derniers mois, ont fait preuve d’une étonnante maturité. La France a connu par le passé déjà, des époques où elle n’a pas été à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre de la fille aînée de l’Eglise, des époques où elle s’est plus ou moins perdue, où elle a renié ses valeurs héritées du christianisme, mais chaque fois elle a su se ressaisir et les périodes qui ont suivi, ont été grandes. Souvenons-nous du pays qu’a trouvé Jeanne d’Arc. La France d’alors, occupée, livrée aux puissances étrangères avec ses lois fondamentales bafouées, a su reprendre, appuyée à la fois sur sa dynastie et sur l’énergie de ses habitants, le cours glorieux de son histoire et s’imposer comme une des toutes premières nations européennes pour plusieurs siècles. C’est souvent en touchant le fond que l’on peut rebondir. Les manifestations de l’an passé témoignent de forces vives très toniques, pleines d’espoir et de promesses pour demain. Cette loi aura, au moins, permis un réveil des consciences.

(Source : http://www.m-c-familles.fr/index.php)

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