Editoriaux

Djihadistes français. Le vrai problème est chez nous

Depuis des années, des musulmans de nationalité française partent se battre en Syrie, en Libye, en Irak, en Afghanistan, dans ce qu’il convient d’appeler de véritables brigades internationales d’Allah, réunissant des combattants volontaires islamistes du monde entier. Les Français combattant en Syrie dans les rangs des djihadistes seraient 800 d’après la presse.

Cette même presse s’inquiète de ce que ces djihadistes ont pu quitter le territoire national sans être inquiété et, avec une intensité moindre, s’inquiète de leur possible retour en France. C’est en réalité déjà le cas. Des djihadistes sont rentrés en France, et ont commis des actes de terrorisme isolé sur notre territoire. Le plus connu de tous est Mohamed Merah, tué en 2012.

Pour nos politiques, cette implication de volontaires français musulmans pose le problème de l’échec de l’intégration de certains immigrés en France. De ce constat amer partent de nombreuses considérations plus ou moins oiseuses sur l’intégration à la française.

Pourtant, le mal est ailleurs et il est plus profond. Il faut le chercher directement autour de ces djihadistes.

D’une part, s’ils ne sont que 800, leur identité demeure mal connue du grand public. Sont-ils tous d’origine immigrée ? Après tout, on le sait bien, des Français d’origine européenne se convertissent à l’islam, et ils constituent souvent les bataillons les plus zélés. Il serait intéressant de savoir s’il n’y a pas des Européens parmi ces djihadistes, et combien ? Car dès lors, ce ne serait plus tant un problème d’immigration que d’islam.

En outre, ces 800 combattants sont ceux qui ont osé partir, qui en ont eu le courage moral et physique, ou ceux qui ont pu partir après des tests d’aptitudes comme il y en a dans toutes les armées, même secrètes. Dès lors, pour 800 fous de Dieu, combien de milliers d’autres sont demeurés en France, où ils attendent leur heure ?

De plus, autour de ces 800 combattants et de leurs milliers de compagnons de route malheureux, il faut ajouter leurs familles, leurs amis. En effet, ces gens ne sont pas des personnes seules ; ils ont une place dans la société, un travail, des clubs, des lieux de culte. Ce sont autant de situations où ils jouent une influence pour prêcher leur guerre folle. Qui s’en inquiète ?

Continuons notre réflexion sur son aspect matériel. Pour se rendre sur le théâtre des opérations, il faut payer le billet de d’avion, il faut sans doute aussi payer des passeurs clandestins pour franchir les frontières et entrer dans les zones de combat. Il y a sans doute des périodes de transit dans des zones amies où, là encore, il faut payer l’hôtel ou l’hébergement. Sur place, il faut payer les armes, la solde, les médicaments, la nourriture. Qui paie tout cela ? On sait que le Qatar est à pied d’œuvre pour financer le djihad. Mais est-il seul ? En effet, pour la partie purement française des réseaux de combattants, on peut supposer que la première phase qui consiste à se former physiquement, à payer son visa ou son billet d’avion correspond à des actions trop individuelles et trop éclatées sur le territoire pour que le Qatar puisse être partout acteur car n’étant pas en connaissance de tous ces agents djihadistes éparpillés. Dès lors, il faut ajouter deux autres sources de financements ; l’épargne personnelle des djihadistes et celle de leur communauté. Il y a donc, en France, des centaines, sans doute des milliers de personnes qui soutiennent de leurs deniers le djihad, sciemment.

La situation est tout aussi inquiétante sur le volet psychologique. En effet, les djihadistes, une fois au Levant, correspondent certainement, même de manière irrégulière, avec leurs proches demeurés en France. Ils sont l’ami ou le parent absent qui, au nom d’Allah, mène une aventure formidable dans des pays lointains que nul n’a jamais vu autrement qu’à la télévision. Dans les zones HLM où sont réunies des populations privées de tout horizon d’avenir prometteur, confrontés à une France qu’ils n’aiment que peu, et qui souvent le leur rend bien, ils vivent ce djihad par procuration comme une histoire formidable, comme le rêve que leur propre vie ne leur offre pas. Dans leurs esprits se prépare une guerre sainte qui pourrait bien avoir lieu ici.

Lorsque le combattant revient, il est le héros auréolé de gloire, auquel on peut demander le soir, au coin du téléviseur, à défaut du coin du feu ; « Tonton, raconte-moi le djihad, s’il te plait. » Et l’oncle ancien combattant de débiter son aventure.

Hélas ! Cette aventure est trempée du sang des innocents, du martyr des chrétiens d’Orient, de la haine des musulmans attiédis. C’est une épopée forgée autour du crime, et ce sera l’horizon de milliers de jeunes gens qui en auront entendus le récit.

Le vrai danger est dans ce faisceau d’événements qui nous montre d’une part les ramifications profondes du djihad dans une partie de la population française, et d’autre part le risque démultiplicateur de haine et de violence qu’engendrent ces djihadistes au loin.

En refusant de traiter hardiment cette question, nous nous préparons la possibilité d’une importation, en France, de la violence islamiste, sous la forme d’attentats, de police de la charia ou tout simplement de la haine quotidienne de tout ce qui n’est pas l’islam dans sa forme la plus radicale. Voilà la menace. En ce sens, lorsqu’Aymeric Chauprade explique qu’il faut empêcher tout retour en France aux djihadistes de nationalité française, il voit clair et anticipe un avenir sombre. On pourrait aller plus loin encore ; il importe, en France, de démanteler ces réseaux, de poursuivre les prédicateurs et d’arrêter les djihadistes revenus sur le territoire.

C’est un devoir que notre Etat devrait s’imposer pour la sécurité de la nation, dans toutes ses composantes, car si les djihadistes ont la haine du chrétien et du juif, si pour eux l’athée est un porc, ils vomissent tout autant les musulmans qui n’adhèrent pas à leur doctrine et qu’ils considèrent comme des apostats.

Gabriel Privat

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