Editoriaux

Défense Nationale, un avenir menacé

Comme beaucoup de Français soucieux de la défense du pays, je suis dans l’attente de la prochaine publication du Livre blanc de la défense nationale, qui définira les orientations imprimées à nos armées par le gouvernement. 

On a tout dit sur ce Livre blanc, jusqu’à la mise en cale sèche du Charles De Gaulle, l’arrêt des principales chaînes de production d’armement et la suppression de dizaines de milliers de postes, alors que l’armée de terre est déjà suffisamment réduite pour se réunir dans le Stade de France… 

La publication devrait  intervenir pour le début du mois d’avril, et l’effort demandé aux armées devrait être, finalement, comme promis avant l’été, proportionnel à ceux consentis par les autres corps de l’Etat. On peut, d’ailleurs, en remercier les commissions de défense des assemblées, qui se sont montrées soucieuses du bien de la France, une fois n’est pas coutume. Cependant, ici, l’enjeu n’est pas le même. L’armée française a déjà été sévèrement essorée depuis la chute du Mur de Berlin. Chaque réforme a correspondu à une diminution des effectifs. Elle compte aujourd’hui moins de 230 000 militaires dans les trois armes, contre plus de 500 000 en 1991 dont 300 000 professionnels et 200 000 appelés. Derrière la fonte des effectifs, c’est aussi le recul du matériel disponible qui est en jeu. On assiste à une cannibalisation de certains matériels, par exemple des hélicoptères, dont les pièces sont utilisées pour permettre à d’autres engins du même type de voler, faute de pièces disponibles en suffisamment grand nombre… Enfin, ce qui est en danger, ce sont les missions de la France dans le monde.

Je suis inquiet de constater que si quelques voix s’élèvent pour défendre nos armées, la plupart demeurent silencieuses. Et parmi ceux qui défendent les forces de la France, bien peu pensent aux devoirs de notre patrie vis à vis du monde. La France est présente sur de multiples théâtres d’opération, au Liban, au Mali, en Libye, en Côte d’Ivoire, au Kosovo, en Afghanistan toujours, dans l’Océan Indien, etc. A chaque fois de façon visible ou discrète au titre du rétablissement ou du maintien de la paix. Ces missions nécessitent une grande disponibilité d’hommes et de matériels que nous n’avons plus. Les projets de réductions ne feront que limiter plus encore notre capacité d’intervention, mettront en danger l’équilibre de vie des hommes engagés, éloignés de leurs familles pour des temps de plus en plus longs faute de remplaçants. La France a une mission dans le monde, et par égoïsme, par courte vue, nos gouvernants risquent de la compromettre et ainsi de compromettre la paix du monde.

Il ne s’agit pas seulement de condamner, mais aussi de proposer. Je crois qu’il est temps de mettre fin aux réductions budgétaires dans le domaine de la défense nationale. Je crois également que, une fois le plus fort de la crise passé, il sera urgent de refonder des régiments pour rendre à nos forces la qualité opérationnelle prévue initialement par le Livre blanc de 2008 et rendue impossible par son application même. Je crois enfin qu’il conviendra de repenser le lien armée nation par l’utilisation de la réserve et d’un service militaire volontaire. Ces efforts financiers nécessiteront sans doute de repenser la stratégie globale des forces, mais il s’agit ici de la place de notre pays dans le monde, de sa sécurité, et de celle des amis de la France. 

Charles

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