Editoriaux

La politique est l’art de la surprise

Chers amis,

Silencieux depuis de nombreuses semaines, j’observais, surpris, l’évolution inattendue des événements. La décomposition du parti socialiste n’était pas pour me déplaire, malgré le talent que je reconnais à telle ou telle personnalité de ce mouvement, comme Jean-Yves Le Drian, l’un des rares membres de l’actuel gouvernement à pouvoir prétendre être un spécialiste de son domaine. L’irruption d’Emmanuel Macron dans la course à la présidentielle, pour attendue qu’elle était, n’en est pas moins devenue un phénomène majeur de la campagne à venir, dont il reste à savoir si elle permettra de remodeler sa famille politique dans une orientation plus conforme au bien-commun, ou si elle se dégonflera comme beaucoup de candidatures de franc-tireur dans le passé.

La victoire de François Fillon, quant à elle, fut, pour moi comme pour tous une surprise, même si, observant l’ascension progressive de ce coureur de fond infatigable, je m’y attendais un peu. Mais un tel rattrapage, au point de s’imposer comme le leader quasi-unanime des mouvements conservateurs modérés en France, cela ne manqua pas de me surprendre.

Enfin, la renonciation de François Hollande à un second mandat fut la surprise ultime de ces dernières semaines fort chargées, marquées par l’effacement politique, temporaire ou définitif, des deux poids lourds que furent Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Je ne vous cache pas que j’aurais souhaité voir M. Hollande aller jusqu’au bout de sa démarche présidentielle, briguer un deuxième mandat et ainsi recevoir la sanction qu’il méritait de la part des électeurs, et tout d’abord des militants de son parti lors de l’élection primaire. Mais au dernier moment, il se sera dérobé. Dommage…

Ces semaines furent un immense bouleversement pour notre pays. L’agitation sembla modérée, feutrée, mais en vérité, nous avons assisté à une inclinaison tout à fait étonnante de notre vie politique.

Les deux leaders dominants, Emmanuel Macron et François Fillon, sacrés non par les médias officiels mais montés sur le pavois par leurs troupes, partagent une même méfiance envers l’étatisme, un même pragmatisme en matière de relations internationales, un même souci de l’histoire de notre patrie et de l’enracinement. Cela en est fini, semble-t-il, de l’internationalisme flasque des trois dernières décennies.

Dans les seconds rôles capables de créer une surprise majeure lors de l’élection prochaine, Marine Le Pen et Manuel Valls semblent incarner le même souci de défense de la France, chanté sur un autre registre. Et même si l’étatisme y est plus présent, du moins invoqué de façon plus systématique, le réalisme en affaires internationales et l’esprit de pragmatisme en matière de sécurité semblent là encore prévaloir.

 

Tout cela est de bon augure, car quand bien même nos hommes politiques joueraient un rôle de théâtre, ils seront choisis sur la base de ce rôle et devront s’entourer en conséquence pour composer leur gouvernement ; et agir également en fonction de ce rôle grâce auquel ils auront été élus.

C’est une particularité du système démocratique, l’acteur se laisse prendre par la figure qu’il a revêtu, à tel point que l’on ne mesure plus la différence entre ce qu’il pense vraiment et la pièce qu’il nous joue pour nous convaincre.

A vrai dire, peu importe. Seuls comptent les actes.

C’est ici, chers amis, que nous devrons attendre nos hommes politiques, une fois de plus.

En effet, Marine Le Pen ne peut être évaluée sur ses actes de gouvernement, n’ayant jamais occupé de fonctions majeures. Cependant, en tant que conseiller régional et parlementaire européen, elle n’a pas brillé par des mesures concrètes, propositions de motions, propositions de réformes locales, publications de rapports qui auraient permis d’infléchir la vie française dans le sens de son redressement. De la même manière, Emmanuel Macron n’a pas brillé, comme ministre de l’économie, par son audace folle à réformer dans le sens qu’il proclame maintenant, et ses lois passées ont plutôt pris l’allure d’un jeu de mécano. Enfin, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre fut l’homme de l’augmentation de la délinquance, de la déferlante migratoire, de l’aggravation de la crise économique. Ce sont là autant de phénomènes largement antérieurs à son arrivée aux affaires et dont il n’est aucunement le responsable. Mais hormis ses rodomontades matadoresques, où sont ses actions concrètes pour combattre ces maux qui frappent la France ?

Enfin, François Fillon, homme qui semble de tous ceux-là le plus droit et le plus constant, disposant de la plus longue expérience dans le gouvernement de la nation, doit encore faire lui-même ses preuves, car s’il est à l’origine de nombreux projets de loi, il fut toujours placé sous la coupe de premiers-ministres ou de présidents de la république qui ne lui laissaient guère l’espace nécessaire pour exprimer sa vision politique. Il déploie ses ailes pour la première fois sans contrainte, regardons ce qu’il peut donner à la France.

 

En somme, nous voici face à un temps à la fois d’espérance, car le discours politique a pris un tour qui ne peut que plaire à nos cœurs de Français, et un temps d’incertitude, car rien, dans leurs actes, ne laisse présager de la part de nos futurs gouvernants, les réformes dont la France a besoin.

A tout le moins je choisirai, le jour venu, le plus réaliste et le plus pragmatique d’entre eux, celui qui me semblera le plus apte à défendre la France et le bien-commun.

Mais en attendant, comme je l’ai souvent dit par le passé ; l’œuvre est entre nos mains.

Charles

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