Societé

Veilleurs : oui, mais…

Les « Veilleurs » sont une très belle initiative. Quoi de plus beau que de « lutter par l’art et la culture » dans un monde qui veut gommer tout cet héritage au profit d’une société massifiée et décérébrée ? Quoi de plus noble que d’opposer nos textes d’espérance et nos doux chants à la haine d’en face ? « Veillez pour ne pas entrer en tentation » et veillez pour entrer en résistance culturelle. Mai 2013 contre mai 68.

Oui, mais.

Je participe à l’organisation des veillées dans ma ville et ce que je vois m’inquiète un peu. Les références « stars » sont Gandhi et Martin Luther King, les textes et chants trop scouts ou trop cathos sont extrêmement limités, voire interdits. Non pas que les organisateurs soient contre, bien au contraire d’ailleurs, mais le mouvement global de la « Manif pour tous » dans lequel s’inscrivent les Veilleurs, nous contraint à une autocensure au nom de la diversité et surtout, cela peut se comprendre, pour ne pas donner trop de grain à moudre aux journalistes. Ce qui m’inquiète est le fait que nous nous sentions obligés d’aller piocher dans d’autres cultures, dans d’autres religions ou chez des athées, afin d’être certains de ne pas passer pour des cathos ou des nationalistes. Bien évidemment je force le trait, car hier même, j’ai lu « La jeunesse » du Général Mac Arthur qui parle bien de l’âme et de Dieu, mais fondamentalement, il y a une tendance globale qui veut minimiser ce type de texte. Pourtant notre culture est belle et infiniment riche ! Mais oui, nos ancêtres pensaient, philosophaient et écrivaient avec Dieu inscrit dans leur cœur et donc dans leurs textes. Doit-on pour cela les marginaliser ? Ce qui m’inquiète chez les Veilleurs, c’est un glissement vers une démission finale de la culture catholique.

En outre, une conséquence involontaire (mais est-ce véritablement involontaire ?) de cet essor louable des Veilleurs est la « pacifistation », pardonnez-moi ce néologisme, du « Printemps Français ». Ces dernières semaines avaient vu la montée en puissance d’un mouvement aux contours bien flous de contestation musclée mais non violente du gouvernement. Ce gouvernement était véritablement sous pression, aux abois, on sentait bien que tout pouvait arriver et que l’amplification de ce mouvement aurait pu avoir de réelles conséquences. Mais même si à Paris ou à Lyon, le souffle du devoir d’insoumission est encore vivace, il semblerait que le climat soit bien plus calme et doux. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? L’avenir le dira, mais aujourd’hui, cela ressemble quelque peu à un troupeau de brebis qui, après s’être un peu excité et éparpillé, rentre gentiment et progressivement dans les rangs pour rejoindre l’étable. Peut-on penser que le gouvernement s’inquiète de voir tous les jeunes qui étaient prêts à venir les chercher jusque dans les caves de l’Elysée s’asseoir par terre et chanter l’Espérance ? Ce combat est beau, mais est-il adapté ?

Voudrais-je arrêter les Veilleurs ? Non. Mais peut-être ne faut-il pas limiter nos actions aux grandes « Manif pour tous » et aux soirées « Veilleurs ». Tracter, informer, huer les ministres, prier dans sa chambre, veiller aux Invalides, sortir les Hommen, secouer les grilles de l’Elysée, organiser des débats, chanter l’Espérance, se faire arrêter pour avoir porté un sweat « Manif pour tous », se faire gazer pour avoir dit « Un père, une mère, c’est élémentaire », tout cela ne doit pas s’opposer ou se fondre dans un seul mouvement. Tout cela doit se compléter selon les sensibilités de chacun pour concourir au retrait de la loi sur le « mariage » homosexuel.

Pierre Ardent

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.