Littérature / Cinéma

René Bazin (II), La France au Combat

La semaine passée, nous vous faisions part de notre lecture du premier volume de La Douce France* de René Bazin récemment rééditée par les Éditions Sainte Philomène, volume tout en douceur et en sucre. Le second tome[1], sous-titré La France au Combat, est d’un tout autre genre, plus guerrier, plus viril.

Si nous pouvons regretter que l’éditeur ait coupé « quelques longueurs » (dont nous ignorons l’importance), comme annoncé en préface, nous lui sommes cependant infiniment reconnaissant d’avoir ajouté à la fin de l’ouvrage un splendide chapitre, « Le Siège du Pé-T’ang », emprunté à L’Enseigne de vaisseau Paul Henry.

Dans La France au combat, le contexte historique est omniprésent : la guerre de 1870, la Grande Guerre et les épopées coloniales marquent la trame de l’œuvre. Un long arrêt sur image est effectué sur l’Alsace-Lorraine, depuis son « annexion » joyeuse à la France jusqu’à son retour en 1918. Tout cela est beau, malgré le drapeau tricolore.

Mais, après la France continentale, la France maritime n’est pas en reste. Si Jean Raspail boit au Roi au-delà de la mer, de même, René Bazin honore « [l]a France au-delà de la mer ». Précurseur du « Vive le Québec libre ! » de de Gaulle, l’auteur angevin consacre deux beaux chapitres à nos frères québecquois. Vient ensuite l’Afrique, avec sa si fascinante Algérie, visitée à travers le personnage atypique du capitaine Fiegenschuh l’Alsacien, aux aventures qui plairont beaucoup aux jeunes garçons en quête d’action.

La troisième partie, consacrée à la Grande Guerre, est l’une des plus belles. L’on y découvre une réalité souvent occultée, même en cette 2014 dite « de centenaire » : la France chrétienne au combat. Nous n’imaginons pas, nous n’imaginons plus, à cause de nos écoles républicaines, la profondeur de la foi catholique et du sentiment chrétien qui animaient nos soldas il y a un siècle, leur conférant grandeur d’âme, esprit de sacrifice, volonté de don de soi, vertu. Pour René Bazin, la Première Guerre mondiale fut un gigantesque sacrifice expiatoire : « un million cinq cent mille Français au moins sacrifièrent leur vie, c’est-à-dire tant d’intelligence, tant de courage, tant de foi, qu’il faut que vous soyez bien bons, vous qui fûtes rachetés et sauvés à un si haut prix. » Cette partie se clôt par des paroles et écrits empruntés à des Français pris dans les tourmentes d’alors : « Je me battrai demain pour que le sang versé fasse jaillir une moisson de vocations, et pour que les berceaux se multiplient au sein de tous les nouveaux foyers », ou encore : « Maman, si je suis tué, ne pleure pas : regarde au ciel ».

Enfin, ce volume imprimé par les Éditions Sainte Philomène se termine par le récit du « Siège du Pé-T’ang », trépidant, passionnant, où la figure de l’officier de marine Paul Henry – commandant une poignée de soldats et de religieux retranchés au milieux d’insurgés fort nombreux – domine par sa piété, son zèle et son courage, offrant sa vie pour les siens et mourant le plus chrétiennement du monde, exemple offert à tous ses proches. Voilà une mémoire qui mérite d’être immortelle !

Jean de Fréville

* publié le samedi 24 mai 2014 : René Bazin (I), La Douce France

 

[1]    BAZIN (René), La Douce France, t. II : La France au Combat augmentée de : Le Siège de Pé-T’ang, Saint-Jean-aux-Bois, Éditions Sainte Philomène, 2013, 234 p, 17 €.

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