Littérature / Cinéma

René Bazin (I), La Douce France

Un de mes lecteurs m’a écrit : « C’est le catéchisme de la France que vous faites ! » Ah ! Que je voudrais l’avoir fait ! Que je voudrais avoir glorifié toute l’âme de la France ! J’ai seulement essayé de vous dire : « Aimez-la bien ; servez-la bien. » Mais souvenez-vous que je n’ai pu tout dire, et que nous aurons toujours plus de raisons qu’un livre n’en peut tenir, d’aimer une patrie comme la nôtre.

Un livre[1] pour écolier ? Oui, mais pas seulement : une lecture pour Français et francophiles de tous âges. D’ailleurs, ne nous trompons sur le niveau scolaire et littéraire des écoliers d’avant la Première Guerre mondiale : à l’âge de quatorze ans, ils avaient déjà parcouru bien plus de pages que l’adulte lambda du XXIe siècle.

Un véritable coup de cœur. Nous ne croyons que trop que ce livre est une merveille pour l’édification de notre jeunesse : à l’heure où des sondages européistes nous affirment que l’étudiant français se sent plus proche d’un étudiant allemand ou slovaque que de ses propres parents, ce genre de littérature peut et doit être un remède efficace. Mais, plus encore, la plume de René Bazin nous invite – nous autres, adultes – à nous réapproprier certains éléments de notre histoire, de notre langue, de notre culture, de notre foi.

Bien qu’attaché à l’étoffe tricolore, l’académicien René Bazin déploie dans ce premier tome de La Douce France toutes les richesses des styles afin de nous offrir différents tableaux d’une France vue sous ses aspects les plus divers, toujours emplis de couleurs et de vertu.

« Nos pères disaient : “La France est le plus beau royaume après le ciel.” Ils disaient ainsi une vérité qu’ils avaient devinée. » Les premiers chapitres forment autant de promenades parmi les plus beaux paysages – et Dieu sait qu’il y en a – de notre cher pays. À chaque fois, les traits locaux et les grandeurs autochtones (y compris bovines ou linguistiques) sont décrites avec simplicité et fidélité, faisant aimer au lecteur cette vraie diversité qui n’a nul besoin d’amener à soi toutes les espèces du globe. Après les paysages, les grands rendez-vous historiques : Jeanne d’Arc, le curé d’Ars… Puis viennent les anecdotes faisant état du traditionnel esprit français, empreint de bonté, de piété et de générosité, avec de nombreux actes de foi aussi touchants qu’enthousiastes : qu’aurais-je fait si j’avais été Judas ? « — Moi, je me serais pendu au cou de Jésus ! » Charmant enfant de France ! Terminons ce premier volume en goûtant le pittoresque des métiers de l’ancienne France, abondamment développés, pour le plus grand plaisir des enfants toujours en recherche de rêves d’avenir et de vocation professionnelle (ou surnaturelle) : le rempailleur de chaises, le tisserand, le forgeron… et bien d’autres dont le laboureur ou paysan pour lequel l’auteur ne tarit pas d’éloge ! Ajoutez à cela quelques petites nouvelles se glissant naturellement au sein de ce vaste ouvrage, et vous obtiendrez un tout fort solide, fort agréable à lire, à dévorer, et un petit bout de France à conserver bien précieusement sur les rayons de sa bibliothèque.

En nos temps moroses, empruntons notre conclusion à René Bazin : « Lorsque vous entendrez dire que la France est perdue, ne le croyez pas, enfants, dites qu’elle ressuscitera, et joignez les mains afin que l’heure soit proche. »

Jean de Fréville

[1]    BAZIN (René), La Douce France, t. I, Saint-Jean-aux-Bois, Éditions Sainte Philomène, 2013, 206 p., 16,50 €.

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