Littérature / Cinéma

Roberto de Mattei, Le Vicaire du Christ. Peut-on réformer la papauté ?

Être légitimiste, c’est défendre la légitimité, ce qui est une façon de contribuer à la justice sur cette terre. Si cette notion, en France et au temporel, nous invite à défendre les prérogatives de l’aîné des Bourbons, elle doit, au spirituel et à travers la planète tout entière, nous pousser à défendre les droits du pape, souverain en la matière.

Ce nouvel essai du professeur Roberto de Mattei est là pour nous faire aimer la papauté, en nous rappelant ce qu’elle est. C’est une grande et belle fresque historique, théologique et canonique, judicieusement intitulée Le Vicaire du Christ. Peut-on réformer la papauté ? et publiée aux Éditions Le Drapeau blanc[1] (dont le nom, reprenant semble-t-il un journal royaliste du xixe siècle, ne peut que nous inspirer confiance…).

La Bible, les Pères de l’Église, les théologiens et les canonistes les plus réputés, sans oublier de nombreux historiens, nous introduisent à la primauté pétrinienne, étudiée dans tous ses états. Grâce à une plume fluide, habile et claire, on glisse sans mal de l’exégèse à la théologie en passant par le droit canonique.

La démonstration est saisissante et convaincante tout à la fois, s’opposant aux « réformateurs » autoproclamés de notre temps. Quiconque voudrait abolir une papauté à vie pour un mandat pontifical limité dans le temps se heurterait à saint Paul et à l’Église dans son essence même ; pareillement, la collégialité – vague relent de démocratisme dans les institutions religieuses – est révoquée. Mattei pousse ses raisonnements jusqu’au bout en analysant certaines « propositions de réforme » de la Curie, qui nous mèneraient tout droit vers le presbytérianisme, le congrégationalisme…

La mode selon laquelle il ne faudrait mettre en avant que le titre d’« évêque de Rome » du pape est détruite de façon limpide, en quelques pages, que nous vous laissons découvrir (entre autres, certains papes sont morts avant d’avoir été sacrés évêques…). Il faut au contraire lui préférer la notion de « vicaire du Christ », expression résumant presque à la perfection la suprême puissance pontificale. L’auteur conclut en espérant que l’autorité morale souveraine qu’incarne le Saint-Siège mettra enfin un terme à la déliquescence des sociétés postmodernes : les fidèles, et l’humanité en général, attendent qu’une boussole les guide sûrement.

Particulièrement probante, la dernière partie de l’ouvrage, étudiant scrupuleusement des questions d’importance et d’actualité : « Un pape peut-il être hérétique ? », « Le droit dans l’Église : peut-on désobéir au pape ? », « La maladie et la perte de facultés mentales », « La renonciation du pape », etc.

Vraiment, il est fort probable qu’aucun livre aussi sérieux et instructif ne soit disponible en librairie sur ce thème. En prendre connaissance, c’est un bon moyen de ressourcer sa foi catholique aux racines évangéliques et romaines, qui ne font qu’un…

Jean de Fréville



[1]Mattei (Roberto de), Le Vicaire du Christ. Peut-on réformer la papauté ?, Fleurance, Éditions Le Drapeau blanc, 2016, 220 p., 17,50 €.

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