Littérature / Cinéma

Mgr Marc Aillet, Vatican II. Le Concile en questions

Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, ancien vicaire général de Fréjus-Toulon, membre de la Communauté Saint-Martin, est probablement l’un des prélats français les plus populaires auprès des catholiques de France et de Navarre, notamment chez les jeunes générations, dites « Jean-Paul II » et « Benoît XVI ». Ces dernières années, il s’est prononcé au sujet de différentes questions sociales et morales majeures, adoptant toujours le discours que l’on est en droit d’attendre d’un évêque, et il n’a jamais cherché à faire l’intéressant pour lui-même en soutenant des points de vue « » ou « novateurs ».

Il vient de publier chez Artège un petit ouvrage, Vatican II. Le Concile en questions[1], à l’occasion du cinquantième anniversaire de la clôture de la dernière assemblée conciliaire en date. Il s’inscrit très clairement dans la continuité du pape Benoît XVI et de son « herméneutique de la continuité » – ou encore, « de la tradition » – sans toutefois affronter le problème de savoir s’il est normal que des textes conciliaires doivent être interprétés et, s’ils doivent l’être par un pape, si chaque nouveau pape peut réinterpréter les interprétations – ou réinterprétations – de son prédécesseur, ce qui ferait très présidents de la république française. C’est pourtant une question cruciale, loin d’être réglée à l’avance, et à laquelle la renonciation de Benoît XVI semble liée, certains commentateurs ayant parlé d’un « échec de son herméneutique de la continuité ».

Quoi qu’il en soit, monseigneur Aillet adopte une attitude modérée, une voie moyenne, face au concile Vatican II. Pour l’illustrer, citons sa réponse à la question « Faut-il adhérer au concile Vatican II ? » :

« La question ainsi posée m’est toujours apparue étrange. Pour ma part, j’adhère d’abord à l’enseignement de l’Église, dont Vatican II est la dernière expression solennelle. Aussi, j’adhère à Vatican II car j’y reconnais une expression conforme à la tradition bimillénaire de l’Église et adaptée à notre temps.»

L’insistance sur cette adhésion, qui apparaît même souvent comme une condition sine qua non de la pleine communion ecclésiale, comme si Vatican II était une sorte d’en soi d’une telle nouveauté par rapport au passé que tout ce qui a précédé risquerait d’être réputé dépassé, pourrait apparaître suspecte. Je comprends pourquoi, ainsi présentée, l’adhésion demandée paraît à certains comme une infidélité à la tradition bimillénaire de l’Église.»

Certes, Vatican II est une expression de la foi de l’Église pour notre temps, mais il ne peut être en rupture avec le passé, sans être infidèle à la foi de l’Église elle-même. »

Ce livre nous permettra de mieux connaître monseigneur Marc Aillet et sa perception du dernier concile, même si – bien évidemment – tous les problèmes soulevés par Vatican II n’y sont pas résolus, mais pour la plupart simplement exposés, ce qui est tout à fait remarquable, et un évêque n’a sans doute rien de plus à faire. L’éditeur de cet opus pourrait poursuivre une nouvelle collection sur les conciles méconnus ou mal connus, dont les prochains titres seraient Rimini. Le Concile en questions et Séleucie. Le Concile en questions. Nous aurions alors là un remarquable triptyque.

Jean de Fréville


[1]AILLET (Mgr Marc), Vatican II : le Concile en questions. Entre événement et héritage, Perpignan, Artège, 2015, 140 p., 14 €.

Une réflexion sur “Mgr Marc Aillet, Vatican II. Le Concile en questions

  • Benoît YZERN

    D’une part, il n’a jamais été question, dans le discours de Benoît XVI du 22 décembre 2005, d’une herméneutique de la continuité qui serait, par hypothèse, une herméneutique de la transmission, dans la continuité, de l’unique objet Tradition, mais il y a été question d’une herméneutique de la réforme, c’est-à-dire d’une herméneutique du renouveau dans la continuité de l’unique sujet Eglise… Je vais finir par croire qu’il n’y a pas que les catholiques “conciliaires” qui prennent leurs désirs pour des réalités.

    D’autre part, cette herméneutique du renouveau dans la continuité n’aurait de sens qu’à condition qu’elle permette de “recevoir”, d’une manière rénovée, le Concile Vatican II, à la lumière du Magistère pontifical antérieur au même Concile.

    Or, il est effectivement possible de recevoir les deux constitutions dogmatiques, la constitution sur la liturgie et le décret sur la mission à la lumière du Magistère de Pie XII sur les questions traitées dans ces textes du Concile, mais en revanche il est pratiquement impossible de faire la même chose, avec les quatre textes du Concile les plus disruptifs à l’égard du Magistère pontifical antérieur, à savoir DH, GS, NA et UR. Le futur Benoît XVI en avait d’ailleurs conscience et ne le cachait d’ailleurs pas.

    De toute façon, depuis mars 2013, la cause est entendue, puisque François n’est pas un continuiste, mais un rupturiste…

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