Social et économie

C’est la rentrée !

Un rapide point sur l’actualité économique de la rentrée :

Croissance

L’économie mondiale croît encore de 3 à 3.5%, ce qui est toujours historiquement élevé malgré le ralentissement mondial. Dans ce contexte, surprise de l’été : la croissance française au deuxième trimestre s’est établie à 0.5% alors que tout le monde prévoyait une croissance proche de zéro. Alors, reprise ? Non, dans le meilleur des cas bien plus probablement sortie de récession, car le moins que l’on puisse dire, c’est que le moteur à trois temps de notre économie nationale est encore bien grippé :

  • Consommation en berne, impôts et chômage obligent ;
  • Investissement idem, avec des taux de marge des entreprises au plus bas (28% en France à comparer aux 48% de l’Allemagne !) ;
  • Exportation itou « grâce » à notre compétitivité.

Autant dire que nos déficits (commercial et budgétaire) ne sont pas près de se résorber ! Si la bourse française reste bien orientée grâce aux bons résultats des grandes entreprises, force est de constater que ces entreprises, qui sont par définition mondiales, investissent peu en France…

Chômage

8% de taux de chômage dans les pays développés, plus de 11% en ligne de mire pour la France en 2014  et un chômage record chez les jeunes : 1.9 millions de jeunes français sur le carreau… On se consolera en se disant que ça pourrait être pire, comme en Espagne ou en Grèce : 27 % de taux de chômage, plus de 50% chez les jeunes ! Mais alors, quid de l’Allemagne, en quasi plein emploi avec  5.3% ?

Avec une croissance atone, peu de chance d’amélioration. Tous les contrats palliatifs, soit dit en passant, au coût budgétaire exorbitant, n’y feront rien ! Le remède ? La formation est la porte ouverte la plus communément enfoncée. D’autres portes commencent à s’entrebâiller, comme par exemple la refonte des contrats de travail et plus largement du code du travail lui-même, ou encore la baisse des impôts et des charges des entreprises…

L’Euro

Où en sont les « PIGS » (Portugal, Italy, Greece, Spain) ? La Grèce n’est toujours pas tirée d’affaire même si c’est « moins pire » ; le Portugal n’est pas au mieux, l’Espagne non plus ; l’Italie semble être sur le bon chemin… mais à quel prix économique, social et politique ! Bref, la zone euro est encore, sinon malade, du moins très convalescente.

Un grand merci au docteur FMI pour ses interventions toujours appropriées (l’austérité conduit toujours à l’effondrement de la compétitivité et l’explosion du chômage) et dans le bon timing (à peu près 2 ans de retard !). Mais ceci dit, quelle alternative ?

On doit admettre que l’euro tient encore le coup. Ne perdons pas de vue toutefois que ce sont les banques les principales créancières des pays en difficultés. Au moindre dérapage de l’un d’eux…

Pays émergents

Où en sont les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) ? Quand les principaux clients sont eux-mêmes en récession, pas étonnant que leur croissance ralentisse. Mais les chiffres de croissance restent quand même à des niveaux qui nous font rêver : 7.5% pour la Chine, 5% pour l’Inde mais seulement 0.9% pour le Brésil… Gardons toutefois un œil attentif sur des bulles de la dette privée inquiétantes : 190% du PIB en Chine, 90% au Brésil, 80% en Inde…

L’émergence des classes moyennes « intelligentes » se traduit par une prise de conscience des déséquilibres, des inégalités, de la corruption… Ce qui pourrait conduire à une instabilité politique. Mais parallèlement, ces classes moyennes entretiennent les demandes intérieures et représentent un débouché pour les produits européens, et notamment l’industrie du luxe : LVMH ne le contredira pas !

Transition énergétique

S’il y a un terme politiquement correct, c’est bien celui-là. Augmenter l’indépendance énergétique du pays, c’est en théorie augmenter sa compétitivité, créer des emplois, et rendre du pouvoir d’achat à sa population. Sauf que la France (et une bonne partie de l’Europe) ne rêve que d’éoliennes, biomasse, photovoltaïque, hydroélectricité… Pendant que les Etats-Unis investissent (aussi) dans les hydrocarbures non-conventionnels, autrement dit les gaz de schiste.

Le gouvernement, à l’évidence pour des raisons politiques et électoralistes, impose un non catégorique alors qu’une exploitation maîtrisée des gaz de schiste serait un gage de croissance et de création d’emplois. Il ne serait pas surprenant que les choses évoluent… sous la prochaine mandature ?

Commerce mondial

Le commerce mondial progresse en moyenne de 4% par an depuis 10 ans (à noter la montée des échanges sud/sud de 7.5% par an) dans un contexte devenu plus agressif avec des tentations protectionnistes et des dévaluations compétitives s’effectuant au détriment d’un euro qui, faute d’entente, reste une monnaie forte (voir notre précédent article : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/europe-international/144-un-euro-fort-pour-une-europe-faible). Mettre un terme à ces pratiques, renforcerait non seulement la croissance mondiale mais apporterait également de la croissance à la zone euro. Malheureusement rien n’évolue dans ce sens…

Géopolitiquement, on constate que les accords commerciaux ne sont plus multilatéraux mais de plus en plus bilatéraux et régionaux : partenariat transpacifique, grand marché transatlantique, libre échange Europe-Etats-Unis, Europe/Afrique… Tout cela reste encore dans les clous de l’OMC : on ne peut pas parler de guerre commerciale, tout au plus de chamailleries…

Qu’on se le dise, Europe reste le premier marché mondial : les autres ne peuvent que bien s’entendre avec nous ! Encore faudrait-il que nous ayons une vraie et forte diplomatie commerciale européenne, parlant d’une voix et défendant habilement nos intérêts.

Sur ce dernier point, mention toute scolaire en ces temps de rentrée : « Peut mieux faire » !

Arnaud de Lamberticourt

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