Social et économie

Etes-vous « bull » ou « bear » ?

J’ai beau être d’une nature plutôt optimiste, c’est-à-dire « bullish » (de bull : taureau) comme on dit sur les marchés financiers, il faut bien avouer que ces dernier temps, j’ai un « petit coup de moins bien » et que je me laisse aller à être « bearish » (de bear : ours).

Il faut dire que depuis quelques temps, nos nerfs sont soumis à rudes épreuves. Tentons ici de faire l’inventaire « à charge », en attendant impatiemment la prochaine chronique positive de Monseigneur Charles-Emmanuel pour nous remonter le moral…

Oui, et cela commence à se dire de plus en plus ouvertement, nous sommes en guerre. Certains disent même qu’il s’agit d’une guerre de civilisation…

Mais si nous sommes bel et bien en guerre, où donc se trouve la coalition internationale ? Les experts disent que nos ennemis sont 50.000 : Le reste du monde est-il donc incapable de s’organiser pour éradiquer si peu de tarés ? Les services de renseignements sont-ils coordonnés de façon optimale ? La dure vérité est que nous sommes paralysés par la complexité des enjeux géopolitiques, dans un jeu à trois qui peut potentiellement nous être fatal : Les Etats-Unis, la Russie et au milieu l’Europe :

  • Etats-Unis : Personne pour leur dire qu’ils portent une lourde responsabilité dans le désordre mondial actuel ?
  • Russie : Personne pour admettre que c’est un grand pays que les humiliations de l’OTAN risquent de détourner durablement de l’Europe au profit de la Chine ?
  • Europe : Où est l’homme charismatique capable de l’affranchir enfin et de porter une vraie vision économique, politique et géopolitique ?

Chacun aura facilement répondu à ces questions : personne, rien, le vide…

Je ne peux m’empêcher d’expliciter ici la colère (que j’espère passagère) que je nourri à l’égard de nos « très à l’écoute » amis et néanmoins concurrents américains. Colère, car nous sommes censés être alliés. Colère, car leur volonté de conserver à tout prix leurs leaderships mondiaux ne se fait à l’évidence qu’au détriment des intérêts de l’Europe :

  • Conserver le leadership du Dollar et sa qualité de monnaie de réserve mondiale, donc nuire à la crédibilité de l’Euro et déstabiliser la planète finance[1] ;
  • Conserver le leadership économique et donc bloquer l’Europe en y semant la pagaille notamment avec le projet de  traité transatlantique de libre-échange (TTIP) qu’aucun media ne prend véritablement la peine d’expliquer au vulgum pecus ;
  • Conserver le leadership géopolitique :
    • en divisant l’Europe, par ses entrismes lobbyistes, l’empêchant ainsi de se constituer véritablement ;
    • en laissant l’Europe en première ligne après avoir totalement déstabilisé le Proche et Moyen-Orient et s’être retirés (merci Barak !)
    • en implantant au nom de l’OTAN sur notre propre territoire européen des missiles dirigés vers la Russie[2] ;
    • en empêchant à l’Europe toutes liaisons d’oléoducs et de gazoducs avec la Russie (Géorgie, Ukraine, Turquie, Bulgarie et maintenant la Grèce ?) et nous obliger à commercer avec les pays du golf ;
    • en se rapprochant maintenant de l’Iran : dans quel but et pour quel résultat ?

Et pendant ce temps-là, la Grèce en faillite fait du chantage à l’Europe, mais, nous dit-on, que l’on se rassure, cela n’aura pas d’impact sur notre économie…

…quand sommes nous-même endettés à hauteur de 100% de notre PIB…

…quand nous somme nous-même totalement incapables de nous réformer…

…quand nous mettons nous même en place des dispositifs « à la grec », en limitant de façon drastique les paiements en liquide à 1000€ (rendant notre monnaie de plus en plus virtuelle, traçable et saisissable)…

…quand notre pays semble plus que jamais un des plus fragiles d’Europe en matière de terrorisme…

Alors oui je suis pessimiste. Oui je suis « bear ».

Quelqu’un pour remonter le moral d’un français moyen ?

Arnaud de Lamberticourt 

PS : l’illustration est une sculpture des deux animaux symboliques de la finance, l’ours et le taureau, devant la bourse de Francfort

 

[1] Le rôle de la banque américaine Goldman Sachs est tout particulièrement emblématique :

  • De 2000 à 2002, la banque conseillait la Grèce dans l’utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires ;
  • De 2002 à 2005, Mario Dradhi y travaille puis devient président de la BCE en 2011 !
  • Il est avéré qu’elle fut la banque la plus active et la plus créative sur les techniques financières de titrisation et donc la principale responsable de la crise des subprimes qui a provoqué le plus grande crise financière de tous le temps…

[2] Un Cuba à l’envers !

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