Europe / international

Pierre Hillard, chronique du mondialisme

Après avoir présenté, la semaine dernière, un classique sur le « mondialisme », poursuivons dans la même veine avec une « nouveauté » – dont certains articles datent cependant de 2003 ! – qui figure parmi les meilleures ventes de la Fête de la Courtoisie 2014.

Cette nouveauté[1], c’est un recueil d’articles composés par Pierre Hillard, sous la forme de chroniques développant chacun un thème bien précis. S’il faut avancer de quelques dizaines de pages pour accrocher (l’avant-propos est trop long, même si empreint d’un heureux christianisme[2]), la suite comporte plusieurs mérites.

En matière historique, Pierre Hillard fait partir la réalisation du projet mondialiste de la Révolution de 1789, événement qui n’est ni un début ni une fin, mais une étape décisive. Le « mondialisme » tant dénoncé verrait donc son avènement correspondre… à l’anéantissement (au moins au moral, s’il n’est physique) de nos princes. Nous autres royalistes avons donc là de quoi nous interroger face à ces vastes et mytérieuses problématiques.

Prévenons nos lecteurs, quelles que soient ses appétences, l’auteur de ces Chroniques est rétif face à un certain christianisme révolutionnaire : « Vatican II […] n’est que 1789 dans l’Église ». Il va plus loin en avançant quelques hypothèses iconoclastes à propos de l’abdication de Benoît XVI (il s’insurge contre le fait que cette charge puisse désormais s’apparenter « à un CDD ») dans un chapitre, aussi clair que provocateur, intitulé : « Avons-nous affaire à un simple laïc déguisé en pape ? »[3]. Il écrit par exemple : « Benoît XVI, préférant terminer sa vie en pèlerin, vient de démissionner[4]. Par là même, il désacralise la fonction. Son départ fera désormais jurisprudence. En raison des rivalités profondes entre cardinaux, le nouveau pape pourra être “remercié” aussi vite qu’un président du Conseil de la IIIe République. Les raisons officielles (santé, âge…) et surtout les raisons officieuses seront utilisées pour changer d’employé » (p. 106). Il donne à ladite abdication une possible explication, tristement matérielle : « depuis janvier 2013, tous les paiements bancaires étaient suspendus dans la Cité du Vatican. Benoît XVI a annoncé sa démission le 11 février 2013. Le lendemain, le 12 février, le paiement par carte bancaire était, par un heureux hasard, à nouveau possible » (idem, note 141).

Pierre Hillard fait quelques pronostics quant aux prochaines étapes que le mondialisme devrait franchir : « le projet d’intégration de la Turquie [dans l’UE] est déjà accompli » (p. 38), la « balkanisation de la péninsule ibérique » (p. 55) par l’indépendance de certaines régions, une plus forte « intégration européenne » (p. 57-59)[5], la déliquescence des USA au sein du Nouvel Ordre Mondial (p. 81).

À propos de l’actualité, Pierre Hillard invite son lecteur à se méfier de l’islam : « Les relations entre l’Europe et le monde musulman sont anciennes. Les croisades ou la Reconquista ont marqué les esprits » (p. 85). D’après lui, les « Printemps arabes » seraient tout sauf spontanés, selon la vieille maxime de Talleyrand (expert en la matière ?) : « Agiter le peuple avant de s’en servir » (p. 87). De même, plein de lucidité, l’auteur ne se fait pas d’illusion quant au Front national comme plan de salut face à une république corrompue et anti-française : « les référents idéologiques du Front national sont les principes mondialistes de 1789 (principes républicains). Par conséquent, l’oligarchie n’a pas à craindre un score élevé de cette organisation politique car elle est partie intégrante de la philosophie du système. Le FN peut même rendre service en canalisant les mécontents » (p. 92, note 111).

En bref, un ouvrage qui nous donnera à tous envie de nous informer. Pour cela, rien de mieux que de lire Vexilla Galliae ! 

Jean de Fréville



[1]    HILLARD (Pierre), Chroniques du mondialisme, Le Retour aux Sources, 2014, 212 p., 19 €.

[2]    Si l’Église fut, lors de la chute de l’Empire romain, le seul point de repère valable et visible sur la Terre, elle pourrait l’être aussi aujourd’hui – ou, du moins, bientôt le devenir.

[3]    Il y a également un chapitre « François, pape du nouvel ordre mondial ? »

[4]    Ce terme, différent d’abdiquer, n’est sans doute pas choisi au hasard par M. Hillard.

[5]    Page 64, nous pouvons lire : « La crise qui frappe l’Europe n’est que l’accélérateur d’un long processus de décomposition des États voulue par l’oligarchie. »  

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