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Syrie : le Miniver nous informe

La guerre, c’est la paix “. Que ce soit dans la fiction orwellienne ou dans le monde bien réel dans lequel nous nous débattons, les gouvernements usent des mêmes subterfuges pour tenter de faire avaler la pilule au bas peuple qui se déplace encore aux urnes, croyant naïvement avoir quelque influence sur le cours des choses. Ainsi, pour soi-disant faire triompher le droit international, un quarteron de gouvernants de rencontre se propose de violer cette sacro-sainte icône qui ne sert qu’à masquer la loi du plus fort.

« Le mensonge, c’est la vérité ». Ainsi, avant même que les experts onusiens envoyés à Damas pour débusquer la moindre trace de gaz sarin, ce qui ne permettrait pas pour autant d’imputer son épandage à l’armée régulière, aient rendu le moindre rapport, ces gouvernants ont décidé de se passer du blanc-seing de l’instance internationale pour s’engager dans une guerre. Pourtant, même si de sérieux doutes planent sur l’implication de l’armée syrienne, on sait que les rebelles islamistes disposent également de cette arme, un groupe a même été intercepté en Turquie alors qu’il tentait de faire passer 2 kgs de ce gaz en Syrie.

« L’ignorance, c’est la force ». Ce serait une guerre civile. Enfin c’est ce que l’on tente de nous faire croire. Car comment avaler cette histoire lorsqu’on sait que du côté des rebelles islamistes on dénombre au moins quatorze nationalités différentes ? Comment se ranger du côté des bellicistes quand on sait que ceux que nous nous proposons d’aider en Syrie sont les frères de ceux que nous combattons au Mali ? Ignorance également, de la part du gouvernement français, de la mission séculaire de la France, protectrice des chrétiens d’Orient. En permettant la victoire des islamistes, car ce sont eux qui tiendront les rênes du nouveau pouvoir, nos gouvernants vont livrer 10% de la population syrienne aux mains des salafistes qui ne manqueront pas de lui faire subir le sort des coptes égyptiens.

Dans le fond, que savons-nous réellement ?

Que des armes chimiques auraient été utilisées. On peut en douter au vu des images diffusées où l’on peut voir les sauveteurs intervenir sans la moindre protection NBC, ce qui compte tenu de la nature de ces armes les exposerait à la contamination.

Que le pouvoir en place, laïque, a toujours réussi à faire vivre en paix les différentes confessions, a accordé des nombreux droits aux femmes, qu’il est attaqué par une coalition d’opposants où les modérés sont en infériorité.

Que les salafistes dès les années 90 ont tenté à plusieurs reprises des coups de force pour s’emparer du pouvoir.

Que partout où des fondamentalistes musulmans sont aux commandes, la population vit une sorte de retour au moyen-âge.

Que partout où les rebelles islamistes se sont posés en Syrie, ils se sont livrés à des massacres de chrétiens, à des profanations ou des destructions d’églises.

Que si cette guerre a lieu, elle ne servira pas les intérêts des Syriens mais ceux des gouvernants qui auront décidé de la déclarer. Ne pouvant résoudre les problèmes économiques et sociaux, la posture du chef de guerre leur permettra d’acquérir quelque lustre.

Que les Etats occidentaux serviront les intérêts des monarchies pétrolières et de la Turquie qui chacun de leur côté essaient de détruire les quelques régimes laïques du monde arabe, afin d’éradiquer les sentiments nationaux au profit d’une oumma reconstituée, unifiée contre les hérétiques chiites.

Que les gouvernants européens qui participeront à cette guerre le feront non pas pour défendre les intérêts de leurs pays mais pour complaire aux États-Unis qui cherchent à « pacifier » la région pour sereinement se tourner vers la zone Pacifique, objet de leurs convoitises.

Que les États-Unis depuis Eisenhower ont toujours misé sur les fondamentalistes musulmans, que ce soit pour lutter contre le communisme ou assurer leur accès aux ressources pétrolières.

Que les États-Unis cherchent depuis des lustres à briser un possible renouveau européen. Pour cela, ils soutiennent la candidature turque à l’entrée au sein de l’Union Européenne, ils ont mis sur pied des programmes visant à soutenir les minorités ethniques en France dans leurs revendications multiculturalistes.  

Mon but n’est pas de tresser des couronnes de lauriers à Bachar el-Assad, il est clair que le régime baasiste est un régime autoritaire. Cependant, au vu de ce qu’il est advenu des printemps arabes en Tunisie, en Égypte et en Lybie, il est clair que les dirigeants européens qui ont décidé de suivre les États-Unis dans cette aventure jouent aux apprentis sorciers. Depuis l’antiquité le verrou syrien a toujours été un élément capital pour la stabilité de la région. Qu’en sera-t’il lorsque le pays sera tombé dans les mains des salafistes ? Devrons-nous repartir en guerre lorsqu’ils se seront engagés dans la liquidation des chrétiens ?  

Pascal Cambon


 

 

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