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Mohammed VI, le Roi stabilisateur, par Jean-Claude Martinez

Ce mercredi 24 juin, au 15 de la rue Cortambert, Paris XVI°, dans le cadre des Mercredis de la Légitimité, le Centre d’Etudes Historiques et le site d’information légitimiste Vexilla Galliae, placés sous le Haut Patronage de Sa Majesté Louis XX, recevaient Monsieur Jean-Claude Martinez qui vient de faire éditer « Mohammed VI, le Roi stabilisateur », aux éditions Jean-Cyrille Godefroy.

Cette conférence fut passionnante car, avec cette faconde languedocienne inimitable de l’intervenant, elle abordait un sujet très peu connu des auditeurs : le fonctionnement et les raisons de la stabilité de la dernière vraie monarchie arabe (avec celle de la Jordanie).  Les autres régimes pétroliers du Golfe n’étant pas du tout assimilables à des monarchies.

Professeur agrégé de droit public et ancien Directeur des études de l’ENA au Maroc, Monsieur Martinez fut le professeur de droit comparé de Sa Majesté Mohammed VI, alors étudiant, sous le règne de son père, Sa Majesté Hassan II. C’est à la demande du Roi que cette section de droit comparé avait été spécialement créée pour le prince héritier Mohammed. Ce compromis résolvait un double problème : le niveau des cours universitaires nationaux n’était pas jugé suffisant pour la formation du futur Roi, or il n’était pas séant que ce même futur Roi du Maroc suivît des cours de droit constitutionnel français… Ainsi fut fait.

Monsieur Martinez construisit sa conférence comme suit : il partait d’un exemple factuel, d’une décision ou d’un acte du Roi, et le développait (à l’orientale) en circonvolutions qui se resserraient de plus en plus pour arriver à la démonstration qu’il voulait faire de la supériorité de la monarchie sur les autres régimes. La force du Royaume du Maroc repose sur le fait que le Roi possède intégralement les « deux corps du Roi » : le corps positif et le corps mystique. Le Roi du Maroc est à la fois le Chef de l’Exécutif et le Commandeur des Croyants. Cette double incarnation est indispensable au bon fonctionnement d’une monarchie. Le Roi, disposant de ces deux autorités, peut alors gouverner pour son peuple. Monsieur Martinez donna, entre autres, deux exemples :

D’abord la Marche Verte d’Hassan II, le 6 novembre 1975 : Ayant compris que la Cour Internationale de Justice, qu’il a saisie quelques mois plus tôt pour statuer sur le retour au Maroc des territoires du sud du Sahara occidental que l’Espagne désire quitter, est favorable à l’autodétermination de ce territoire qui est historiquement la terre d’origine des familles régnantes marocaines, Hassan II agit en Roi : il rassemble en vingt-quatre heures près de trois-cent-cinquante mille civils désarmés, portant chacun un coran et le drapeau marocain et marche à leur tête vers le Sahara occidental.  Ils passent la frontière à Tah, avancent de quelques kilomètres dans le territoire revendiqué au milieu des troupes armées et des hélicoptères espagnols qui les survolent. Un coup de feu et le Roi qui marche devant eux est mort, et c’est le bain de sang ! Puis, Hassan II, la démonstration faite, leur demande de rebrousser chemin. Le Roi parle, l’immense foule de trois-cent-cinquante mille personnes partie pour rejoindre la frontière Mauritanienne s’arrête et fait demi-tour !

Quel président de la république pourrait agir sur l’Histoire pour le bien de son peuple comme vient de le faire Hassan II ? Le Roi-Chef de l’Exécutif a reconquis le territoire ancestral, le Roi-Mystique-Commandeur des Croyants a opéré cette reconquête pacifiquement ! Devant le fait accompli, l’Espagne signe les Accords de Madrid qui attribuent les deux-tiers nord du territoire au Maroc et le tiers sud restant à la Mauritanie.

Ensuite, la réforme de la Constitution en 2011 : Dans le maelstrom des mouvements populaires du monde arabe, qui emportera les Présidents Ben Ali et Moubarak, le Roi Mohammed VI n’est pas menacé et le pays reste calme. Pourquoi ? Une nouvelle fois parce que le Roi du Maroc est investi de ses deux autorités qui ne le lient pas à un parti, à un clan, à des groupes de pression ou à une idéologie. A l’inverse des présidents Ben Ali ou Moubarak qui étaient tenus par des clans, des réseaux (qu’ils avaient eux-mêmes mis en place), qui les empêchaient de réagir au pied-levé pour se placer dans le sens du vent des événements historiques, le Roi Mohammed VI était libre ! Libre d’agir dans le sens de l’Histoire.

Le 20 février 2011, des manifestants contestent l’incapacité du gouvernement à répondre à leurs attentes et réclament des réformes. Aucun réseau d’influence, aucun clan attaché à ses privilèges, le Roi annonce, le 9 mars, une réforme de la Constitution visant à renforcer le pluralisme, les droits de l’homme et les libertés individuelles et à réduire ses pouvoirs au profit du Premier Ministre et du Parlement.

Quel président de la république n’en aurait pas profité pour reprendre la main au détriment de son gouvernement ? Car il y trouve un double avantage : il optimise sa réélection en se montrant maître de la situation et il élimine, avec l’assentiment populaire, cerise sur le gâteau, son ennemi naturel à la présidence, le Premier Ministre.

A aucun moment la monarchie ne fut remise en cause, seul le gouvernement était contesté. Le Roi en profite-t-il pour augmenter ses pouvoirs au détriment du gouvernement défaillant ? Non, il fait le contraire ! Les autres « Présidents », prisonniers d’un système dictatorial qui les dépassait, furent emportés ; Sa Majesté Mohammed VI, tête d’une monarchie constitutionnelle mâtinée d’absolutisme et de la survivance d’une certaine féodalité, était libre, j’insiste sur ce terme qui est fondamental pour qui gouverne, libre de réformer et elle règne toujours et pour longtemps !

Très proche du Roi Hassan II au temps où il était Directeur des études de l’ENA Maroc, Monsieur Martinez ne collabore plus aussi étroitement avec Sa Majesté Mohammed VI, mais ce livre fut écrit avec un double objectif : nous faire comprendre la nécessité incontournable pour la France (et même l’Europe) d’intégrer ce Royaume stable d’Afrique du Nord dans l’ensemble circo-méditerranéen auquel ils appartiennent tous les deux, et attirer l’attention de Sa Majesté sur la même nécessité qui s’impose à elle de ne pas délaisser la Méditerranée (faute peut-être d’y avoir reçu l’écoute adéquate à ce qu’elle représente…) au profit de l’Afrique, comme elle a commencé à le faire.

Comme le dit la quatrième de couverture :

« Ce n’est pas un de ces livres de plus « sur le Roi », mais un livre document essentiel sur les défis cruciaux que la France et l’Europe ne peuvent relever qu’ « avec le Roi ».

Pourquoi ?

Tout simplement parce que le Roi du Maroc sera toujours là quand cinq ou six présidents se seront succédés à l’Elysée. Et qu’après lui il y aura toujours un Roi. Comme il a donc la durée pour que les grandes mutations de paix en Méditerranée soient réalisées, l’objet de ce livre est de les lui suggérer ». 

Franz de Burgos   

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