Chretienté/christianophobie

A propos de Pâques et de certaines traditions

La richesse liturgique de la semaine écoulée nous a permis de (re) découvrir combien Jésus nous était proche, combien il nous a aimés et combien nous lui sommes infiniment redevables d’avoir accepté son sacrifice, celui du chemin de croix et celui de la crucifixion pour que nous ayons droit au salut. Nous voici à Pâques, une nouvelle vie commence. Merci ô doux Jésus !

Depuis la Résurrection du Christ, Pâques, c’est la célébration du passage avec lui de la mort à la vie. Son nom hébreu « Pesah » évoque le passage de la mer morte par les Hébreux lors de la libération d’Égypte. Jésus, « nouvel agneau », devient le principe d’une création nouvelle en accomplissant le dessein de Dieu. La pâque de Jésus est le fondement absolu de la foi chrétienne au même titre que l’Exode celui la foi juive.

Que s’est-il donc passé ce jour-là ? Le rocher a été renversé, le tombeau est vide, les gardes postés devant le tombeau diront qu’ils ont été aveuglés par une grande lumière : « une lumière différente, divine, qui a déchiré les ténèbres de la mort et qui a introduit dans le monde la splendeur de Dieu, la splendeur de la Vérité et du Bien ». De mystérieux messagers ont commencé à répandre la nouvelle : Celui que l’on a crucifié est ressuscité. Jésus enfin est apparu à Marie de Magdala, aux deux disciplesd’Emmaüs et aux onze réunis au cénacle (cf. Mac 16, 9-14).

La résurrection reste cet incroyable événement qui marque à tout jamais notre histoire et celle de l’humanité tout entière. Nous la vivons depuis vingt siècles et celle-ci nous bouleverse toujours avec d’autant plus d’intensité que nous avons pris cette année le temps de vivre réellement avec Notre Seigneur. L’annonce de la résurrection victorieuse du Christ doit continuer à donner courage et confiance aux peuples opprimés dans leur cœur, leur foi et leur chair.

La lumière de la paix et de la dignité humaine finira par triompher des ténèbres de la division, de la haine et des violences. Elle apportera liberté, amour et paix. « Le cosmos tout entier se réjouit aujourd’hui, participant au printemps de l’humanité, qui se fait l’interprète de l’hymne de louange muet de la création »Marchons à sa suite, en toute confiance, sans jamais douter de son amour et de la confiance qu’il a mise en chacun de nous, semant chaque année dans notre cœur – à cette période précise – de nouvelles graines appelées à devenir de magnifiques bouquets odoriférants. Au ciel, tout est paix et joie : «Dans ta résurrection, ô Christ, le ciel et la terre se réjouissent». Sur terre, la liberté, la justice et la paix ne sont encore que des mots, mais la terre connaîtra un jour la lumière de la délivrance.

Et cette année, peut-être plus encore que les années précédentes (parce qu’en avançant dans le temps, nous prenons réellement conscience de cette réalité du ciel), nous aurons à cœur d’offrir des œufs décorés, des cloches ou des lapins. O joie, Pâques est célébrée dans le monde entier, autrement dit, où que nous nous trouvions au moment de Pâques, régnera l’allégresse. A nous la joie de fondre de plaisir avec le chocolat, un euphorisant naturel, recommandé aux petits et aux grands.

La tradition veut que l’on offre des œufs en chocolat. Le populaire et très coloré œuf de Pâques vient d’une croyance païenne : il est considéré comme un symbole de fertilité en Ancienne Égypte. L’œuf est le symbole de la vie. La résurrection du Christ se fête au moment où la nature reprend ses droits. La coutume d’offrir des œufs décorés, teintés ou travaillés existait bien avant l’ère chrétienne. Le printemps est la saison de l’éclosion de la nature, l’œuf, représentant la vie et la renaissance, a été probablement le premier symbole utilisé lors de rituels qui datent de la nuit des temps. Puisque Pâques célèbre la résurrection du Christ et se fête au printemps, le symbolisme de l’œuf y a trouvé aussi sa place.

Pâques est l’occasion pour les familles de se réunir pour partager l’agneau pascal et le gâteau de Pâques. Une opportunité aussi pour se réconcilier et oublier quelques éventuelles méchancetés échangées au cours de l’année écoulée. Les fêtes religieuses permettent aussi à tous les membres des familles ces moments uniques de retrouvailles et de pardon. Les malentendus, sources de tant de maux et de distance prise avec les uns et les autres, doivent être oubliés « on repart à zéro ». Que de conflits et de guerres seraient évités si Pâques s’invitait à table toutes les fois où c’est nécessaire.

Quelques rappels de traditions, en espérant que malgré la crise et les difficultés économiques, elles sont encore d’actualité. Il existe toujours – à notre connaissance – une tradition champêtre bien agréable pour qui peut en profiter. Demander aux enfants d’aller chercher les œufs dans le jardin, ou un espace vert ou autre. Ce divertissement, tant pour les enfants que pour les parents, permet aussi de nouer des liens avec l’environnement. Cette pratique a lieu en France bien sûr, mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède, en Suisse, au Canada, aux États-Unis, en Malaisie, en Australie, au Brésil, en Inde et aux Philippines. Si les œufs connaissent un grand succès, ils ont pour concurrent le lapin de Pâques, qui est en réalité un lièvre en Suède, en Allemagne, en Autriche et en Suisse, contrairement au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et à l’Australie. Il est très apprécié cachant dans son ventre des friandises.

Les mets de Pâques sont populaires partout dans le monde. Au Royaume-Uni et en Australie, des petits pains chauds sont fourrés de fruits secs et d’épices, avec une croix par-dessus pour symboliser la résurrection. En Irlande et au Royaume-Uni, le Simnel cake, une pâtisserie traditionnelle de Pâques, existant depuis le Moyen-âge, se présente sous forme d’un « riche gâteau aux fruits avec 11 boules de pâtes d’amande dessus ». Ces boules représentent les 12 apôtres, moins Judas. » Au Brésil, il parait que « battre » Judas, l’apôtre qui a trahi Jésus, est une tradition. « Les gens confectionnent des épouvantails en paille pour représenter Judas, les pendent dans les rues puis les détruisent. De nombreux politiciens impliqués dans des scandales deviennent des Judas ». « Le samedi de Pâques, appelé « Sábado de Aleluia », des carnavals sont organisés dans certaines villes pour célébrer la fin du Carême.

Les Égyptiens et les Perses coloriaient les œufs avant de les offrir pour fêter le renouveau de la vie. Dans l’antiquité gauloise, les druides enluminaient les œufs en rouge, rendant ainsi hommage au soleil. Dans les rituels païens anglo-saxons, les œufs colorés étaient offerts à la déesse Eostre. Si l’on en croit les écrits, il était de bon ton dans certaines cultures païennes de déposer des œufs dans les tombes ou les sépultures pour espérer la renaissance de la personne décédée. Les Ukrainiens, dont on apprécie l’esprit artistique, font de la décoration des œufs (pysanka) un art. Enrichi de symboles cryptés, l’œuf décoré s’est en effet perpétué jusqu’à nos jours pour devenir cette pysanka (du verbe pysaty = écrire). Selon les historiens, la pysanka a conservé au cours des millénaires une fonction de talisman et d’offrande. Il s’agit d’un rituel qui remonte à la préhistoire.

Il parait qu’en Bulgarie, un ou deux jours avant Pâques, les familles chrétiennes offrent des œufs teints en rouge à leurs voisins turcs en signe d’amitié. En Grèce, les familles chrétiennes orthodoxes offriraient des œufs peints ou colorés en rouge à la famille et aux amis. Le Tsoureki est un pain tressé traditionnel de la Pâques grecque, garni de ces œufs supposés apporter le bonheur. En Italie, les œufs de Pâques sont bénis par un prêtre puis ensuite ramenés à la maison où ils sont placés au centre d’une table dressée le dimanche de Pâques. Est-ce toujours le cas ?

La religion a su tirer parti des rites païens plus anciens qui célébraient, le jour de l’équinoxe de printemps, la fin des ténèbres et des disettes hivernales. « Pâques est aussi le signe de la lumière qui prend le pas sur l’obscurité, de l’abondance qui revient après les privations, de la nature qui sort de son sommeil, du désir qui renaît et de la fécondité qui n’est pas loin ».

Ce matin, les cloches des églises, qui étaient parties pour Rome, sont revenues … “Oui, j’en ai l’assurance : rien, pas même la mort, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.” ( aux Romains, 8, 38-39).

Très joyeuses fêtes de Pâques, lectrices et lecteurs de Vexilla-Galliae et merci pour votre fidélité, qui nous fortifie dans notre désir de vous apporter toujours plus.

Solange Strimon

NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée au sujet suivant : « La divine Providence », qui sera envoyée de Rome où notre journaliste sera pour la canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII. Elle vous associe par avance à ces célébrations et à ses prières.

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