Chretienté/christianophobie

L’Annonciation : Marie apprend qu’elle va être mère

Marie, en grec Μαρια, Maria, en araméen Maryam, en hébreu Myriam מרים, en arabe Maryeme مريم, fille juive de Judée, est la mère de Jésus de Nazareth, celle que “toutes les générations diront bienheureuse” (Lc 1, 48)…  L’histoire de l’Annonciation, fêtée ce 25 mars, soit neuf mois, jour pour jour avant Noël (évangile selon Saint Luc, Chapitre 1 Verset 26-38), commence par l’entrée d’un ange qui déclare à Marie : ” Je te salue, comblée de grâce ! Le Seigneur est avec toi. “. Essayons de nous projeter dans cette situation pour comprendre le trouble de la très jeune fille, qui se demande ce qui arrive. Voir apparaitre un ange devait déjà paraître extraordinaire, l’entendre parler pouvait accentuer ce trouble. L’ange Gabriel, qui a dû recevoir pour mission de ne pas effaroucher Marie, la rassure tout de suite : ” Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, et tu enfanteras un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut.” Marie doit recevoir ces paroles avec infiniment de surprise et certainement quelque part d’appréhension.

Pour Benoit XVI, le choc provient de cette rencontre avec Dieu, de cette joie incommensurable, capable d’ébranler les cœurs les plus endurcis. Marie est le véritable Israël en qui ancienne et nouvelle Alliance, Israël et l’Église, sont « un » sans séparation. Elle est “le peuple de Dieu” qui porte du fruit par la puissance gracieuse de Dieu. Comment Marie peut-elle être mère de Dieu, tout en étant et restant vierge ? Nous sommes en droit de nous poser la questionSaint Augustin nous apporte « une » réponse, celle qui nous satisfait le plus : ” Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (…) interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur beauté est une profession. Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites, sinon le Beau, non sujet au changement ? ” (Serm. 241, 2 : PL 38, 1134).

Nous remercions donc ce 25 mars la Vierge Marie d’avoir accepté de donner naissance à un enfant divin, qui deviendra le Sauveur, alors qu’elle est fiancée à Joseph, charpentier de son état, et qu’une telle situation présente bien des dangers. Marie aurait pu refuser. Se trouver enceinte sans être mariée, quel déshonneur ! Mais Dieu n’impose jamais rien. Petite parenthèse : Il nous donne toujours le libre arbitre. C’est pourquoi nul ne peut reprocher à Dieu les guerres, les pollutions en tous genres et autres malheurs : ce n’est pas Dieu qui provoque les désastres, mais les hommes qui le décident par ce libre choix que Dieu leur a donné. Marie n’a pas hésité à répondre à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il advienne pour moi selon ta parole ».

Quel bonheur de vivre en ce temps-là ! Les anges n’hésitaient pas à descendre sur terre pour dialoguer avec les hommes, leur annoncer la bonne parole. Dans l’évangile de saint Matthieu, Joseph ne reçoit pas l’ange en face à face. C’est en songe que l’ange lui dit : « Ne crains pas de prendre Marie ton épouse car Celui qu’elle porte vient de l’Esprit saint ». Faut-il déjà être saint et avoir une confiance absolue en Dieu pour entendre la voix de l’ange et croire en sa parole, autrement dit la conception de Jésus par le Saint Esprit ? Mais Joseph (au même titre que Marie) a certainement été préparé bien avant sa naissance pour vivre un tel évènement, qui va transformer le monde. Quand l’ange apparaît, ils habitent à Nazareth, une bourgade inconnue de l’Ancien Testament, située aux marges de la terre d’Israël dans la « Galilée des nations ».

Si nous savons tout ou presque de l’histoire et de la vie de Jésus, grâce notamment à la rédaction des évangiles,qu’en est-il des origines de Marie ? Selon certains écrits, ses parents (des notables) ne parvenaient pas à avoir un enfant. Pour demander de l’aide à Dieu, Joachim décide un jour d’aller jeûner dans le désert pour l’implorer de leur donner un enfant. Nous retrouvons ici la symbolique du jeûne et du désert. Joachim n’y restera que le temps décidé par Dieu. Et miracle, un ange va trouver Anne pour lui dire qu’elle sera mère. Celle-ci ne doute pas un seul instant de cette parole. Elle va être enceinte et quand Marie arrive au monde, le couple décide de consacrer la petite fille à Dieu pour la préserver du péché et du mal.

Dans l’histoire du christianisme, Marie est Mère de Dieu parce qu’elle est la mère de Jésus et que Jésus est Dieu. Elle est un modèle pour qui fait confiance à la Parole de Dieu. Elle peut intercéder pour nous auprès de Dieu d’autant plus facilement qu’elle est passée par la terre, qu’elle est amour, tendresse et miséricorde, disposée à nous conduire vers son divin Fils.

Tout autant que les écrits, ce sont bien les représentations des peintres qui peuvent nous apporter un éclairage lumineux et spirituel sur cette Annonciation, nous donnant ainsi l’envie de fréquenter certains musées. Nous découvrons les représentations les plus anciennes de l’Annonciation dans les peintures des catacombes de Priscille et de Saint-Pierre-et-Saint-Marcellin à Rome au IVème siècle. Selon l’inspiration de chaque peintre, sa personnalité, son degré de spiritualité, et la commande du marchand ou du mécène, l’ange et la Vierge paraitront différemment dans leur environnement et dans les détails (couleurs, étoffes, éclairages, fleurs de lys, livre ouvert, rayons lumineux, colombe, soleil, etc.). Ces derniers méritent toujours des explications et passionnent les historiens d’art. Les citer tous poserait quelque problème d’espace. N’en citer qu’un le résout et ce seral’Annonciation de Fra Angelico.

L’œuvre qui nous semble donc la plus riche au niveau de la symbolique concerne l’Annonciation de Fra Angelico(frère prêcheur), peintre toscan, proclamé patron des peintres et des artistes, et béatifié par le pape Jean Paul II en 1982. Dès sa mort, il avait été qualifié de bienheureux pour la profondeur religieuse de sa peinture et pour la sainteté de sa vie qu’il avait consacrée à Dieu. Fra Angelico, qui établit des liens entre l’expérience artistique et l’expérience religieuse, aurait affirmé : « Je ne voudrais pas être loué pour avoir été un nouvel Appelle (célèbre peintre de l’Antiquité grecque) mais parce que, à toi, ô Christ, j’ai donné toutes mes richesses » (son épitaphe à Sainte-Marie-de-la-Minerve). L’Annonciation de Fra Angelico est une œuvre maitresse, réalisée en deux versions assez différentes l’une de l’autre (1433 et 1435). Elle se trouve au musée du Prado à Madrid.

Les représentations artistiques nous propulsent dans une dimension spirituelle particulièrement intéressante. Ces artistes n’étaient pas alors perturbés par les agressions d’un monde qui ne dispose plus d’aucune boussole pour savoir où il va, comment, avec quels moyens, pour combien de temps et avec qui. Ce monde du visible ne semble d’ailleurs plus relié à celui de l’invisible, aussi naturellement qu’hier, au temps des prophètes, quand certains hommes se sentaient vraiment unis à Dieu, se laissant inspirés par l’Esprit Saint à qui toute confiance était accordée. Les plus grands peintres ont réalisé des chefs-d’œuvre pour ce moment où l’histoire de l’humanité bascule. Dans la plupart des œuvresAdam et Eve sont toujours chassés du paradis, et l’avènement de la nouvelle Eve s’impose : Marie, autrement dit le passage de l’ancien au nouveau testament.

Nous conclurons (puisqu’il faut bien nous arrêter) par une prière de Saint Cyrille d’Alexandrie, père et Docteur de l’Église (+ 444), qui fut l’âme du concile d’Éphèse en 431 où la bienheureuse Vierge Marie fut proclamée “Mère de Dieu” ou “Theotokos“.  « Nous te saluons, Marie, Mère de Dieu, trésor sacré de tout l’univers, astre sans déclin, couronne de la virginité, sceptre de la foi orthodoxe, temple indestructible, demeure de l’incommensurable, Mère et Vierge, à cause de qui est appelé béni, dans les saints Évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur».

Puissiez-vous lectrices et lecteurs de Vexilla-Galliae trouver auprès de la Vierge Marie tout apaisement, consolation et/ou inspiration pour mener à bien votre vie en ces temps si difficiles.

Solange Strimon

NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée à “Préparons-nous à la canonisation de deux papes Jean Paul II et Jean XXIII »

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