Chretienté/christianophobie

Perspectives

Comme à chaque commencement, il est d’usage, dans la presse de tout poil, de demander à sœur Anne ce qu’elle aperçoit à l’horizon. Sa réponse : « Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie » est désormais bien dépassée. La femme de Barbe bleue est guettée par d’autres dangers en comparaison desquels la monstruosité de son mari passe pour une innocente récréation. S’ouvre devant nous une année qui s’avance sur la pointe des pieds en minaudant, cachant sous une feinte timidité de jeune fille empruntée, une soif de sang sans égal. Laissons de côté les dizaines de millions de morts innocent qui vont être occis dans le ventre de leurs mères avec la bénédiction de tous les potentats de la terre : ils sont maintenant monnaie courante et négligeable et leur sort n’intéresse plus personne, sauf quelques témoins inébranlables qui tiennent bon sous le feu des injures et des persécutions. Laissons de côté aussi les masses de victimes collatérales dues à nos frappes dites chirurgicales dans les pays à feu et à sang : elles ne comptent que pour peu dans les charniers de l’histoire en folie depuis notre Révolution. Ajoutons-y aussi les millions de personnes à travers le monde mourant de faim devant les vitrines de la consommation derrière lesquelles nous nous empiffrons avec bonne conscience : elles sont un spectacle familier qui permet à des milliers d’associations douteuses de vivre en parasites de l’humanitaire. Tous ces dangers sont surannés, habituels et ne nous font pas battre un cil. Ils ont préparé la voie aux hydres qui nous guettent.

                                   La première, aux multiples têtes, est l’islam conquérant et arrogant. Il ne se limite pas à quelques groupes épars en Orient qui recruteraient parfois de nouveaux adeptes en Occident pour des attentats limités. Il est l’islam dans son essence, celui que les politiques et les médias présentent comme la religion de paix, d’amour et de tolérance. Il est l’islam du Coran, celui que la loi républicaine de notre pays interdit de critiquer, d’analyser, de décortiquer. Il est la religion dont le but premier a toujours été d’asservir toute l’humanité car il est le premier programme de nationalisation de Dieu. Il est celui qui, par son gnosticisme bigarré, a inventé la modernité annonçant les plaies du siècle dernier, le communisme et le nazisme. Maurice G.Dantec souligne avec justesse, dans le troisième volume de son Théâtre des Opérations, American Black Box 2002-2006, que « tout illuminisme est un mécanisme accompli ».. Et il ajoute, – et tel est le point où nous en sommes de nos jours qu’ « il n’y a aucun MODERNE (post-quelque chose aujourd’hui) qui ne soit au fond de lui déjà prêt à la conversion plus ou moins forcée, ou dans le meilleur des cas à s’acquitter de la Jyzzia, pour conserver son statut de dhimmi, de protégé ». Nous sommes bien à la conjonction de ces forces telluriques dont le spectacle laisse la plupart des consciences de marbre depuis des décennies. Ainsi notre aveuglement a-t-il déjà signé notre arrêt de mort. Sœur Anne, du haut de sa tour, murmure bien en bégayant qu’elle aperçoit, de plus en plus proche, les murailles de poussière soulevée par l’avancée inexorable de troupes qui échouent sur nos plages, elle se heurte à notre lâcheté et à la canaillerie organisée des responsables politiques et des journaleux. Nous sommes loin du temps où les royaumes européens, -sauf le royaume de France hélas qui avait déjà choisi de se crever les yeux-, mobilisés par le saint pape Pie V, écrasèrent l’ennemi à Lépante. De tels princes chrétiens ont disparu, pour ne pas parler du reste. D’ailleurs, n’est-il pas trop tard pour revenir en arrière, même si soudain, miraculeusement, nous en avions le désir ? La pente est trop glissante, graissée par des années de mensonges d’état. Nos anciennes victoires, héroïques, chrétiennes, annonçaient nos prochaines défaites, lamentables, anti-chrétiennes. L’Europe républicaine (y compris lorsque règnent dans certains pays des monarques démocratisés qui suivent le courant) a décidé de laisser faire, d’encourager et d’utiliser l’islam comme le fer de lance final contre le christianisme qui l’a forgée.

                                   Et là apparaîtra la seconde hydre, plus terrible encore que la première, car disposant de moyens sophistiqués et infinis, pour imposer sa férule sur tout le globe. Elle se cache encore tout en montrant quelque griffe. Elle se nomme transhumanisme. Auprès d’elle, l’islam ne sera qu’un esclave de plus, uniquement chargé des basses besognes et bâillonné si nécessaire. Le transhumanisme a déjà ouvert une nouvelle ère, celle où les avancées biotechnologiques en constante progression réduisent de plus en plus l’homme à un matériau perpétuellement modifiable. Il suffit d’écouter les sorciers politiques de l’époque, comme Attali, pour comprendre que tout est déjà en ordre de bataille, que des hommes d’état sont à la solde de ce programme et qu’aucune parcelle de la planète n’échappera à cette vigilance suicidaire et criminelle. Jean Boboc, dans son admirable ouvrage Le Transhumanisme décrypté, note : « Le sujet devient objet et l’idée qu’il se fait de lui-même est elle aussi modifiée. Pour l’homme contemporain, désorienté au sens étymologique du mot, il est plus simple d’envisager l’immortalité de son corps que sa résurrection et d’accepter l’arrivée de l’homme génétiquement modifié. » Une idéologie létale donc, bien plus dangereuse que l’islam qui ratisse le terrain mais qui sera englouti finalement dans cet abîme menant directement aux enfers.

                                   Sans foi et sans roi, les peuples s’anéantissent. Ils laissent faire en s’étourdissant dans le plaisir, le divertissement, la consommation, la fuite en avant. Ils anesthésient leur âme. Pendant ce temps, les deux cavaliers de la mort, islam et transhumanisme, épuisent leur monture car le temps marche en leur faveur. Nous profiterions à nous armer spirituellement, à ne pas nous laisser berner, à faire ce que les états et les politiques ne font pas pour nous, à nous regrouper pour faire face à ces hordes sournoises et terrifiantes, -admirablement symbolisées dans Le Seigneur des Anneaux de Tolkien.

                                   Depuis plus de deux siècles, notre république jacobine nous a rebattu les oreilles avec ce commandement diabolique, véritable retournement évangélique : guillotinez-vous les uns les autres. Ce n’est point parce que la sinistre machine a été démontée de la Place Royale qu’elle ne poursuit pas son œuvre dans les esprits et les cœurs. Le sang coule encore, sur décision de ceux qui ont le pouvoir ou quelque influence dans l’ombre. Allons-nous décider de continuer à avancer vers l’échafaud, aveugles ou fatalistes, lâches et sans âme ? Ou bien le peuple de France sera-t-il capable, encore une fois, de montrer l’exemple à d’autres nations, de réagir, de lutter, ceci pour reprendre une voie droite ? Pour cela, il faut faire revivre la première civilisation occidentale, celle qui fut tuée en 1789.

                                   Sœur Anne, notre sœur Anne, que voyez-vous venir ? La pauvre fille n’ose plus nous révéler ce qu’elle voit vraiment. A nous de repousser le malheur par notre courage, notre foi, notre rejet de ce qui nous est imposé par une société sans Dieu et sans avenir. L’année 2018 sera exaltante pour ceux qui prendront la peine de retrousser leurs manches, de s’exposer, de s’exprimer et de témoigner que ce qui a fait notre grandeur n’est pas mort.

 

 P.Jean-François Thomas s.j.

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