Chretienté/christianophobie

« Les belles heures de l’Église Saint-Charles »

Des petites histoires d’observation bienveillante

Chapitre 1

La jeune femme à la médaille

Une jeune femme s’approche de moi timidement. Je suis assise en train de lire l’Évangile de Saint-Luc. Plus exactement de faire semblant. En réalité, je prie pour une personne qui m’est plus que chère et que je souhaiterais voir de plus en plus heureuse ou en tout cas libérée de contraintes auxquelles elle est soumise un peu trop fortement.

Voyant son embarras pour s’adresser à moi, je demande à la jeune femme si je peux l’aider. Elle ne me répond pas mais continue à m’observer. Et moi, à faire semblant de lire.

Au bout d’une trentaine de secondes, je réitère ma demande et avec un grand sourire,  je lui propose de venir s’asseoir à côté de moi. Elle n’ose pas. Alors je me lève, vais chercher une chaise, et la prie de s’asseoir.

Elle s’exécute. Apparemment, elle ne sait toujours pas par quel bout commencer son histoire. Pour la mettre à l’aise, je lui demande si cette église est la sienne, si elle vient souvent et si elle veut prendre un rendez-vous avec l’un des prêtres.

Peut-être veut-elle se confesser pour communier ce soir. Ici, on est dans une église traditionnelle avec de jeunes prêtres en soutane et une liturgie en latin. En résumé, c’est une église comme il devrait continuer à y en avoir un peu partout en France s’il n’y avait eu un certain chambardement supposé « convertir » les chrétiens, ce qui évidemment,  non seulement n’a pas été le cas,  mais a au contraire éloigné certains catholiques traditionnels. Ce n’est rien de tout cela.

Ne sachant comment la mettre en confiance, je lui demande si elle viendra demain dans cette église pour la grand’messe du dimanche. J’y serai moi-même. Elle ne me répond toujours pas, mais je sens que la confiance s’installe et qu’il ne s’agit que d’une question de minutes.

Je lui pose alors des questions toutes simples sur ce qu’elle a fait aujourd’hui, si elle en est satisfaite, si la journée de demain s’annonce plus intéressante ou au moins aussi intéressante, quels projets elle a pour l’avenir…

Elle continue de m’observer et finit par avouer qu’elle se demande comment j’ai réussi la couleur de mes cheveux, chez quel coiffeur je vais et s’il n’a pas des tarifs trop élevés pour elle. Sans lui donner l’adresse, je lui parle d’un autre professionnel très doué et ne pratiquant pas des prix exorbitants. Elle sort un bout de feuille de son sac, un crayon et elle commence à noter. Je pense qu’elle a des problèmes de vision, qu’elle ne voit rien, mais il n’est pas utile de le dire. Je lui demande enfin comment l’aider si elle a un problème, dans tous les cas de figure, j’essaierai d’apporter mon soutien. Rien à faire.

Habite-t-elle dans le quartier, est-ce sa paroisse, a-t-elle une famille, des difficultés, du travail ? À toutes mes questions, elle ne répond que par un sourire. Finalement, je l’assure de ma discrétion pour tout problème qu’elle pourrait avoir envie d’exposer.

Nous parlons donc de la pluie et du beau temps. Enfin, elle se décide à me faire part de ce qui la tracasse. Je continue de lui sourire.

Miracle de la communication, elle sort de sa poche une médaille entourée dans une feuille de papier qui a dû être blanche. Elle me la tend. Immédiatement, je la trouve évidemment très belle. Cette médaille a-t-elle contribué à réaliser quelque miracle ? La vérité me laisse (presque) sans voix. Cette petite médaille en métal argenté, qui n’a d’autre valeur que celle qu’on veut lui accorder, doit être bénie par un prêtre.

Mais elle n’ose pas le demander, tout à fait consciente qu’il ne s’agit que d’une petite médaille très simple, très humble, presque insignifiante, mais il s’agit de la Vierge Marie et elle mérite la plus grande attention.

Je lui propose d’aller voir le prêtre pour lui poser la question de la bénédiction, sachant qu’il acceptera bien entendu. Je me dirige vers la sacristie. Le prêtre est très occupé à former un jeune homme pour le service de la messe suivante. J’attends. Naturellement, je résume l’histoire, Monsieur l’Abbé Eloi bénit la médaille et quand je l’apporte à la jeune fille, celle-ci est en larmes. Elle a osé le demander et elle a obtenu cette grâce qu’elle n’osait espérer.

Je dois partir. Je la laisse avec sa médaille bénie et l’assure que je serai là demain pour la grand’messe si jamais elle souhaite me revoir. Je quitte l’église. Sur le seuil de celle-ci, les fidèles de la messe du soir affluent. Je suis heureuse d’avoir contribué à donner un sourire à cette jeune femme, partant du principe qu’une journée sans aucune bonne action ne méritait pas d’être vécue.

 Solange Heisdorf

NB : chères lectrices et chers lecteurs, si ce genre  de petite histoire vous agrée, je serais heureuse de vous en écrire d’autres.* la magnifique Église Saint-Charles se trouve à Marseille dans l’hyper centre

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